Exceptionnellement rare pendule borne double face, avec quantièmes révolutionnaires, date et signes du zodiaque, en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni
« L’Engagement amoureux » ou « Le Sacrifice à l‘amour »
Caisse attribuée au maître ciseleur-doreur François Rémond
Cadrans signés « Dubuisson » par l’émailleur Etienne Gobin, dit Dubuisson
Paris, époque Convention-Directoire, vers 1795
Les cadrans circulaires émaillés blanc à bordure bleu-azur rythmée de tigettes perlées sont signés sur leur partie basse « Dubuisson ». Ils indiquent pour l’un, les heures en chiffres romains, les graduations des minutes, les mois de l’année associés à leurs signes zodiacaux, pour l’autre, l’heure en chiffres romains, les graduations des minutes, les quantièmes révolutionnaires et les jours de la semaine associés à leurs symboles, par sept aiguilles, dont quatre en cuivre repercé, gravé et doré ; le cadran présentant les trous de remontage bat la demi-seconde par une trotteuse centrale. Le mécanisme est renfermé dans une caisse en borne architecturée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Le recouvrement, en pavillon ceinturé de frises tressées ou perlées, repose sur une corniche en saillie soulignée d’une frise d’oves surmontant un bandeau, à motifs en applique à frise de réserves en crosses renfermant des tiges feuillagées, ceinturé de perles et olives alternées. Les angles de la borne sont rythmés de colonnes détachées à asperges, cannelures rudentées et chapiteaux corinthiens ; les faces latérales sont agrémentées de thyrses feuillagés émergeant de lyres ; les façades, à écoinçons supérieurs feuillagés, sont agrémentées de panneaux en bas-relief représentant l’Engagement amoureux sous la forme d’une jeune promise incitée par une vestale à prêter serment sur le feu sacré au pied d’un autel en tronçon de colonne sur lequel se trouve Cupidon. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, entourée d’une doucine à frises d’acanthes et graines, supportée par quatre pieds aplatis à motifs brettés.
La qualité exceptionnelle de la ciselure et de la dorure de la pendule proposée nous permet de l’attribuer à François Rémond, l’un des plus talentueux bronziers parisiens des dernières décennies du XVIIIe siècle. L’originalité de sa composition, particulièrement sa double indication horaire, suggère une commande spéciale passée par un grand amateur destinant l’horloge à être placée probablement sur un meuble, peut-être un bureau, permettant à chacune des personnes assises face à face, de part et d’autre du meuble, de lire l’heure simultanément. Relevons que cette particularité, excessivement rare dans l’horlogerie parisienne de l’époque, se retrouve sur un régulateur de bureau d’Antide Janvier réalisé dans les toutes dernières années du XVIIIe siècle qui est reproduit dans Michel Hayard, Antide Janvier 1751-1835, Horloger des étoiles, Editions L’Image du Temps, Villeneuse-Tolosane, 1995, p.97-98.
François Rémond (vers 1747 - 1812)
À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.
Dubuisson (1731 - après 1820)
Etienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des plus talentueux émailleurs parisiens du règne de Louis XVI et de l’Empire. Né à Luneville en 1731, il débute sa carrière en tant que peintre en porcelaine à Strasbourg et Chantilly. Puis, il vient s’installer à Paris et travaille à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres de 1756 à 1759 en se spécialisant dans le décor des boîtiers de montres et des cadrans de pendules. Dans les années 1790, son atelier est mentionné rue de la Huchette, puis rue de la Calandre vers 1812. Il semble se retirer des affaires au début des années 1820. Il signe généralement ses œuvres « Dubuisson », « Dub » ou parfois « Dubui ». Travaillant avec les meilleurs horlogers de son temps, tels Robert Robin, Kinable et les Lepaute, Dubuisson est le principal confrère et concurrent de Joseph Coteau. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails. Sa production, qui est toujours de très grande qualité, est considérable ; ainsi pour ne citer que quelques rares exemplaires, mentionnons notamment certaines pendules portant sa signature qui sont conservées au Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg, au musée du Louvre à Paris et dans les collections royales anglaises.