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Coteau  -  Rémond  -  Kinable
Joseph Coteau (1740-1801)
François Rémond (vers 1747-1812)
Dieudonné Kinable (actif vers 1790-1810)

Exceptionnelle pendule dite « squelette » en bronze très finement ciselé ou moleté et doré, marbres portor et blanc statuaire dit « de Carrare » et décor émaillé

Pendule_505-07_HD_WEB

Cadran signé « Kinable » pour l’horloger parisien Dieudonné Kinable

Cadran et décor émaillés par Joseph Coteau

Décor de bronze attribué au maître bronzier François Rémond

Paris, époque Directoire, vers 1795

Hauteur67 cm Largeur44,5 cm Profondeur16,5 cm

Signature cachée sur le bas du cadran : « coteau »

 

Provenance :

– Collection Rothschild.

 

Le cadran circulaire émaillé blanc, rehaussé à l’or ou d’émaux translucides bleus, indique les heures en chiffres romains, ainsi que les minutes par tranches de cinq et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé, ciselé et doré. Le cadran porte deux signatures : « Kinable », celle de l’horloger, entre les deux trous de remontage, ainsi que celle de l’émailleur, « coteau », qui est cachée tout en bas du cadran sous la lunette en bronze décorée de perles. Le mouvement supporte son balancier compensé bimétallique et est renfermé dans une superbe caisse en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat à riche décor de tableaux, médaillons ou plaques en émail. L’amortissement est formé de deux enfants ailés reposant sur des nuées et tenant des tiges d’où s’échappent des guirlandes fleuries et feuillagées se rattachant par des rubans à d’autres guirlandes prenant naissance du bec de colombes et retombant sur les côtés de l’horloge. L’armature et le décor de bronze enserrent deux plaques latérales à fond bleu azur agrémentées de perles nacrées translucides et quatre médaillons ou tableaux en émail peint au thème de l’Histoire de l’amour d’Eros et de Psyché. Dans la partie haute, un médaillon ovalisé représente Eros sur le point d’embrasser Psyché endormie sur des nuages, sous le cadran, un médaillon circulaire figure la jeune fille à sa toilette assise devant son miroir dans un intérieur de palais et entourée d’anges, dans la partie basse, formant les pieds de l’arche à bases à frises de feuilles de refend nervurées, sont deux tableaux quadrangulaires dans des cadres perlés représentant Psyché s’endormant aux Enfers et Psyché tenant une lampe à huile pour vérifier la sincérité et la beauté de son amant. L’ensemble est supporté par un entablement rectangulaire en marbre portor ceinturé d’une baguette à feuilles d’eau et agrémenté en façade d’un panneau représentant une frise en bas-relief figurant des enfants jouant dans le goût de Clodion, cet entablement repose sur une base à degrés en marbre blanc de Carrare moulurée en cavet et marbre portor soulignée de baguettes moletée ou feuillagée. Enfin, quatre pieds en boules aplaties supportent l’horloge.

C’est véritablement dans la dernière décennie du XVIIIe siècle qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « squelettes », dont la particularité est de présenter une composition épurée avec un cadran principal annulaire laissant entrevoir aussi bien la beauté des mouvements et des rouages, que la complexité des mécanismes élaborés par les meilleurs horlogers européens, principalement parisiens. Cette nouvelle esthétique découlait d’une part, de l’admiration des amateurs d’horlogerie pour les exceptionnels progrès techniques effectués depuis le milieu du XVIIIe siècle, d’autre part, d’une certaine désaffection des collectionneurs pour les pendules à sujets représentant toute sorte de personnages allégoriques ou inspirés de la mythologie classique grecque et romaine. L’exceptionnelle pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte particulier, sa composition en arche s’inspire directement des modèles dits « squelette » à cadran annulaire et elle est une parfaite représentation de la quintessence de l’horlogerie parisienne de luxe des dernières années du XVIIIe siècle. En effet, aussi bien l’horloger, que l’émailleur et le bronzier, qui participèrent à sa réalisation figurent parmi les artisans parisiens les plus talentueux de leur époque.

A notre connaissance, seules deux autres pendules de modèle identique avec quelques variantes sont répertoriées, elles sont également signées Kinable, qui devait posséder l’exclusivité de la commercialisation du modèle, et attribuées ou signées Coteau qui collaborait régulièrement avec cet horloger. La première, présentant notamment des variantes dans l’iconographie des plaques en émail, fut proposée aux enchères chez Christie’s, à Monaco, le 19 juin 1988 ; la seconde fut vendue à Londres en 1964, puis est apparue récemment sur le marché de l’art parisien lors de la dispersion des collections exceptionnelles de l’Hôtel Lambert, ancienne résidence parisienne de Guy de Rothschild.

Joseph Coteau (1740 - 1801)

Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



François Rémond (vers 1747 - 1812)

À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



Dieudonné Kinable (actif vers 1790 - 1810)

Dieudonné Kinable figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Installé au n°131 du Palais Royal, il fut notamment l’un des plus importants acheteurs de caisses de pendules en porcelaine de type lyre auprès de la manufacture de Sèvres en faisant l’acquisition de vingt-et-un boîtiers de ce modèle dans différentes couleurs. Il sut également s’entourer des meilleurs collaborateurs, en faisant particulièrement travailler pour les cadrans de ses pendules les célèbres émailleurs Joseph Coteau (1740-1801) et Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815). Sous l’Empire, certaines de ses réalisations sont mentionnées chez les plus grands collectionneurs, notamment chez la duchesse de Fitz-James et chez André Masséna prince d’Essling duc de Rivoli, ancien maréchal de Napoléon.