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Thématiques : Calendrier Annuel

  • Le Roy  -  Cressent
    Julien II Le Roy (1686-1759)
    Charles Cressent (1685-1768)

    Rare et Important Régulateur de Parquet à Équation du temps et Calendrier Annuel

    Photo2

    Cadran signé par l’horloger Julien Le Roy (1686-1759)

    Caisse attribuée à l’ébéniste Charles Cressent (1685-1768)

    Paris, époque Louis XV, vers 1736-40

    Hauteur208,5 cm Largeur57,5 cm Profondeur23 cm

    Provenance :

    –  Baron et Baronne Lopez de Tarragoya, Paris. Vendu au Palais Galliera, Paris, 15 juin 1971, lot 101 ; Didier Aaron, Paris, 1999.

     

    Un rare et important régulateur Louis XV en placage de satiné et de bois de violette, avec montures en bronze ciselé et doré. La caisse est de l’ébéniste Charles Cressent et le cadran signé « Inventé en 1736 par Julien Le Roy de la Société des Arts » ; le mouvement est signé « Julien Le Roy », avec une étiquette au dos numéroté « 5057 987789 ». Le cadran aux chiffres romains et arabes est centré par une réserve finement gravée, avec flèche indiquant l’équation du temps dans une aperture à 6 heures, marqué « équation de l’horloge » ; une aperture marqué « jours des mois » indique les mois et le nombre de jours de chacun ; de belles aiguilles ajourées en laiton doré indiquent les heures et les minutes ; la trotteuse est en acier bleui ; leviers « silence » et « sonne » à gauche du cadran, ainsi qu’un levier pour régler la sonnerie.

    Le mouvement à poids, à grande sonnerie et sonnerie des quarts, a un échappement chevalier de Béthune et un pendule à compensation en laiton.

    La caisse, de forme violonée, est ornée de cartouches de feuillages et de rocailles godronnés ; elle est surmontée par une coquille asymétrique ; la porte du pendule est surmontée par un masque féminin représentant Vénus, entourée de rocailles et de volutes, il comprend deux serpents. La lanterne repose sur un entablement quadrangulaire, décoré aux angles d’écoinçons à réserves amaties, qui surmonte une frise d’oves soulignée en façade d’un large motif d’enroulements et de feuillages reposant sur un superbe masque chinoisant, le visage se détachant d’un motif rocaille agrémenté de rubans dans sa partie basse ; les côtés à motifs de crosses et de rinceaux feuillagés. La partie médiane de la caisse, foncée d’une glace, présente un élément en pelta à encadrements moulurés soulignés de motifs déchiquetés, de rinceaux, de branchages et de pampres de vigne ; la base est ornée d’une rocaille à feuilles.

    Deux régulateurs similaires, surmontés par la figure de Chronos, sont illustrés dans Cedric Jagger, Royal Clocks, 1983, p. 126, pls. 169 et 170. Les caisses de ces deux exemples sont de Charles Cressent ; l’une, comme ici, est à parqueterie de bois de violette et d’acajou, avec un cadran signé « Inventé en 1736 par Julien Le Roy ». Un régulateur similaire avec caisse de Charles Cressent, aujourd’hui dans la collection royale britannique, est illustré dans Alexandre Pradère, French Furniture Makers, 1989, p. 135, pl. 96. Un exemple comparable, au Musée des arts décoratifs de Lyon, est illustré dans Olivier Dacade, Musée des Arts Décoratifs de Lyon: Pendules, 1995, pl. 2. La caisse du régulateur de Nicolas Gourdain dans le Musée d’arts décoratifs de Lyon, de Cressent, est illustrée dans Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, 1996, p. 330, pl. 249. Le régulateur présent est illustré dans Alexandre Pradère, Charles Cressent Sculpteur, Ébéniste du Régent, 2003, p. 304 (cat. 263) ; trois autres, y compris celui du musée de Lyon (cat. 260), l’un vendu par Partridge, Londres, 1991 (cat. 261, avec un mouvement de Julien Le Roy) et un autre, anciennement dans la collection Marcel Bissey (aujourd’hui dans une collection privée, cat. 262), sont illustrés dans le même livre, pp. 194-195 et 304-305.

    La caisse comprend de nombreuses références allégoriques à Vénus. Dans la légende Vénus, née de la mer, est tirée par des dauphins dans un coquillage. Quand elle atteint le rivage, tous les coquillages se transforment en roses. Le régulateur présent est surmonté par un motif de coquillages et de roses. Le masque coiffé d’un coquillage qui surmonte l’aperture du pendule représente Vénus. Ce motif de coquillage, intégré dans la cartouche à volutes en bronze doré, apparaît également au-dessus de l’aperture du pendule, où figurent également des serpents, symboles d’éternité. La base est ornée d’une monture en bronze doré représentant un coquillage.

    Cressent, qui a fait très peu de caisses de régulateur, a organisé deux ventes de son stock et de sa collection, en 1757 et en 1765. Elles comprenaient plusieurs pendules à secondes, sans mouvement (nos 155-156 en 1757 et 97-99 en 1765), avec placage d’amarante. Cependant, l’inventaire fait après le décès de Cressent en 1768 ne comprend aucun régulateur, bien qu’il contienne des pendules de Hervé et de Guiot à marqueterie de coquillages et de métal ou d’ébène. Si la plupart des régulateurs de Cressent sont à placage de bois satiné et d’amarante, on connait au moins un exemple avec placage de palissandre (Pradère, « Charles Cressent », cat. 262), d’ébène (cat. 267) et de bois de violette – le régulateur présent et celui du Musée d’arts décoratifs de Lyon (cat. 260).

    Les modèles connus présentent tous la même forme générale et, autour de l’ouverture du pendule, des montures en bronze avec des cartouches rocaille similaires à celles de Boulle et de Berain. Sous le cadran de certains régulateurs on trouve une monture représentant une allégorie des vents avec deux putti jouant parmi les nuages (allusion au fait que Vénus fut acheminée sur le rivage par les vents), inspiré par une monture créée par Boulle pour le régulateur du comte de Toulouse, actuellement au musée du Louvre (illustré dans Daniel Alcouffe, Anne Dion Tenenbaum, et Amaury Lefebure, Le Mobilier du Musée du Louvre, 1993, vol. I, p. 102-105). Les autres régulateurs de Cressent présentent aussi des variantes, dont des exemples décorés de masques chinoiserie, que Cressent utilise également sur des encoignures (voir Pradère, « Charles Cressent », cat. 188-191). Ici le masque sous le cadran représente une tête féminine, comme c’est le cas pour un autre régulateur de Cressent anciennement dans la collection Wallace, ainsi que pour deux autres avec mouvements signés de Duchesne (cats. 264-266).

    Le régulateur présent a appartenu au baron et à la baronne Lopez de Tarragoya. Leur remarquable collection d’art fut assemblée au début du XXème siècle, par l’intermédiaire des marchands parisiens Bensimon, L. Kraemer et Fils et Jacques Seligman. Seligman avait acheté en 1914 la majorité de la propriété Hertford-Wallace au 2 rue Lafitte et au Château de Bagatelle ; de ce fait on considère que certaines pièces de la collection Lopez de Tarragoya proviennent de celle de Sir Richard Wallace. Wallace possédait un régulateur de parquet de Cressent avec masque féminin, comme le régulateur présent.

    Il est donc possible que notre régulateur ait fait partie de la collection Hertford-Wallace. Le baron Lopez de Tarragoya acheta des pièces de la collection Loewenstein et celle du comte de Montesquieu.

    Julien II Le Roy (1686 - 1759)

    Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

    Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.



    Charles Cressent (1685 - 1768)

    Charles Cressent figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du XVIIIe siècle et est probablement le plus célèbre artisan en meubles de l’esprit Régence qu’il véhicula dans ses réalisations d’ébénisterie et de sculpture tout au long de sa carrière. Fils d’un sculpteur du Roi, il s’exerce à la sculpture à Amiens où réside son grand-père, lui-même sculpteur et fabricant de meubles. Ses débuts sont donc dominés par l’apprentissage des techniques de la sculpture, si bien qu’en 1714, c’est en présentant une œuvre dans cette spécialité qu’il est reçu à l’Académie de Saint Luc. Il s’établit alors à Paris et commence à travailler pour certains confrères, puis épouse la veuve de l’ébéniste Joseph Poitou, ancien ébéniste du duc Philippe d’Orléans, alors Régent du royaume. Par ce mariage, il prend en charge la direction de l’atelier et continue l’activité si brillamment qu’il devient à son tour le fournisseur privilégié du Régent, puis à la mort de ce dernier, en 1723, de son fils Louis d’Orléans qui lui passe de nombreuses commandes et lui assure une grande prospérité au cours de ces années-là. Rapidement sa notoriété dépasse les frontières du royaume et certains princes et rois européens commandent des œuvres à l’ébéniste, particulièrement le roi Jean V du Portugal et l’Electeur Charles Albert de Bavière. En France, il s’était composé une riche clientèle privée comprenant des membres de la haute aristocratie, tel le duc de Richelieu, et des grands collectionneurs, notamment le puissant trésorier général de la marine Marcellin de Selle. Cressent n’aura de cesse tout au long de sa carrière de créer, à l’encontre des lois de la corporation des bronziers, ses propres modèles de bronzes fondus dans son atelier ; cette particularité, que l’on retrouve également chez André-Charles Boulle, apporte à son œuvre une grande homogénéité et démontre surtout ses talents exceptionnels de sculpteur.



    Raingo

    Exceptionnelle pendule-planétaire à musique à quatre colonnes « en rotonde » en placage de loupe d’amboine ou ronce d’acajou et bronze très finement ciselé, moleté et doré

    Pendule415-06_HD_WEB

    Paris, époque Restauration, vers 1820

    Hauteur74 cm Diamètre27 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, ainsi que les secondes, par trois aiguilles. Il dissimule le mouvement, auquel est fixé un balancier bimétallique à lentille centrée d’un mascaron masculin, qui s’inscrit dans une caisse néoclassique en forme de temple en rotonde « à l’antique » en placage de loupe d’amboine ou de ronce d’acajou et bronze très finement ciselé, moleté et doré. Quatre colonnes, supportées par des bases carrées à entablements à frises fleurdelisées et sommées de chapiteaux à fines cannelures torses foncées de perles, reposent sur une base circulaire posée sur un contre-socle agrémenté d’une frise de palmettes stylisées et reposant sur une plinthe quadrangulaire, renfermant une boîte à musique à cylindre à vingt-cinq peignes, qui porte une plaque en métal doré, signée « Raingo à Paris », proposant les réglages et le remontage de ladite boîte à musique ; ces colonnes supportent une plate-forme annulaire, dont l’entablement est ceinturé de frises de canaux ou de fleurettes, surmontée du planétaire dit « tellurium ». Ce dernier tourne autour du soleil en 365 jours et peut être désengrené manuellement pour les démonstrations didactiques ou pour le réglage de la date grâce à une manivelle latérale avec pommeau en ivoire tournée ; il indique sur un grand anneau en métal argenté, disposé à l’intérieur de la platine annulaire, un calendrier zodiacal avec les quantièmes annuels et les douze mois de l’année avec leurs signes du zodiaque traités en bas-relief en applique ; au centre de l’axe du planétaire est placé le soleil en bronze doré flanqué d’un cadran en métal argenté qui indique l’âge de la lune de 1 à 29 ½ et ses différentes phases, et supporte la Lune en ivoire, partiellement laquée noir, placée en satellite de la Terre traitée en mappemonde inclinée surmontée d’un cadran en métal à double numérotation en chiffres romains de I à XII permettant de connaître l’heure qu’il est dans les différentes parties du Monde. L’horloge est présentée sous un globe de verre.

    Cette exceptionnelle pendule à planétaire peut être considérée comme le parfait aboutissement technique et esthétique de ce type d’horloges à complications, dont l’un des premiers modèles fut créé dans les toutes premières années du XVIIIe siècle par l’Anglais John Rowley pour le comte d’Orrery (voir le catalogue de l’exposition Sphères, L’art des mécaniques célestes, Paris, 2002, p.238-239). Au début du XIXe siècle, certains horlogers français célèbres s’essayèrent à la création de ce type de pièces exceptionnelles, citons Antide Janvier qui réalisa notamment un premier exemplaire qui appartient de nos jours au Musée du Temps de Besançon (illustré dans M. Hayard, Antide Janvier 1751-1835, Horloger des étoiles, 1995, p.209) et un deuxième qui est reproduit dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, De Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.378-379, et mentionnons également la Maison « Leroy et Fils » qui collabora sur une horloge parue dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.70, fig.122.

    Toutefois, relevons que les modèles les plus élaborés et les plus recherchés par les amateurs européens, pour l’élégance des caisses et pour la perfection des mouvements et des mécanismes, étaient ceux créés par l’horloger-mécanicien Zacharie-Joseph Raingo dans les premières décennies du XIXe siècle. Dès 1810, Raingo avait déposé un brevet, annexé d’un dessin, pour un modèle en bronze doré qui semble correspondre à celui commandé par Paul Arconati, baron de Gaesbeek, pour être offert au sultan de Turquie ; pendule jamais livrée qui demeura dans la famille Gaesbeek jusqu’à son acquisition par le Musée du Cinquantenaire de Bruxelles (illustrée dans A-M. Berryer et L. Dresse de Lébioles, La mesure du temps à travers les âges aux Musées royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1974, p.92). Enfin, citons quelques rares autres modèles de Raingo de composition similaire à celui que nous proposons, la plupart inscrits dans des rotondes à colonnes en placage d’acajou ou de loupe : un premier est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.376 ; un deuxième, entièrement en bronze ciselé et doré, appartient aux collections royales espagnoles (reproduit dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de Relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p.144, catalogue n°122) ; trois modèles sont parus dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.418 ; enfin, mentionnons qu’une dernière pendule de ce type, quasiment identique à celle que nous proposons, fait partie des collections royales anglaises (voir C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy & its Timekeepers 1300-1900, Londres, 1983, p.168, fig.229).

    Pour terminer, relevons particulièrement qu’une pendule de ce type fut longuement décrite au moment de son passage aux enchères en mai 1830 lors de la dispersion de la collection de Monsieur Maneffe de Bruxelles : « Pendule scientifique. De l’invention et exécution de M. Raingo, horloger, natif de Mons. Approuvée par les membres de l’Institut et du Conservatoire, ainsi que par les rapports honorables du ministre de l’intérieur de France. A cette pendule est annexée une sphère propre par sa rotation à démontrer les éléments de la cosmographie et géographie. Elle est d’une forme nouvelle et agréable, sur 13 pouces de diamètre et 25 de hauteur. Les effets sont obtenus par des moyens simples et d’une invention à ne pouvoir désirer rien de plus parfait en ce genre. Son utilité est indispensable pour la démonstration de la vérité du système de Copernic, et des révolutions qui ne laissent aucun doute sur les phénomènes de la nature, représentés avec la plus grande précision. 1e elle rend le mouvement annuel et journalier de la terre autour du soleil dans son inclinaison parfaite de l’écliptique. 2e La terre en parcourant l’écliptique forme son mouvement elliptique, en se rapprochant et s’éloignant du soleil, selon les saisons, et indique, dans la proportion la plus exacte, la marche constante de la nature. 3e La terre, par son mouvement varié, trace la marche du temps, occasionnée par les mêmes causes que nous offre la nature, et sert à différentes observations sur le globe. 4e Les cercles se meuvent autour du globe sur tous les sens, et nous donnent la croissance et décroissance des jours, selon les saisons, pour tous les pays du monde. 5e Des indicateurs mobiles désignent l’heure du lever et coucher du soleil de chaque jour, et pour tous les pays ; son élévation, sa déclinaison, quels cercles il décrit. Ces indicateurs offrent encore les quatre saisons au moment des équinoxes des solstices. 6e Un cadran mobile qui se trouve au-dessus de la terre, nous fait connaître à volonté l’heure de tel ou tel pays, ainsi que les heures des jours et des nuits. 7e Le mouvement journalier et annuel de la lune autour de la terre, avec ses phases. 8e La lune forme son mouvement écliptique qui donne son apogée, son périgée et la variété des jours lunaires d’après ses effets progressifs. 9e Un indicateur montre l’heure du lever et coucher de cette planète dans tous les pays du monde. 10e La marche des jours lunaires est indiquée par la rotation même de la lune. 11e La sphère, en parcourant l’écliptique, marque les jours des mois, leur nom, les degrés et signes du zodiaque. 12e La marche des années communes et bisextiles, indique, par son propre mouvement, l’époque à laquelle il faut remonter le rouage de la sphère, ce qui n’arrive que tous les quatre ans. La sphère se sépare de la pendule pour en démontrer les effets, par le moyen de la manivelle d’un rouage particulier que l’on accélère à volonté. A cette pendule est adapté un concert mécanique de flûte, jouant à toutes les heures à volonté. Cette découverte a coûté à l’inventeur sept années de travail pour parvenir à son entière perfection ».

    Zacharie-Joseph Raingo

    La vie de Zacharie Raingo est relativement peu connue ; son activité s’étend de 1795 à 1830 environ. Né à Mons en Belgique le 2 juillet 1775, Zacharie-Joseph Raingo est le fils de l’horloger Nicolas-Joseph Raingo. Formé dans l’atelier paternel, il travaille à Tournai de 1795 à 1807, puis développe son activité à Gand à partir de 1810, enfin, il décide de venir s’installer à Paris rue de Cléry en 1813. C’est au moment de son installation dans la capitale que Raingo se spécialise dans la réalisation de pendules-planétaires particulièrement perfectionnées munies de mécanismes de rotation des sphères destinés à démontrer les positions et les trajectoires des corps célestes du système solaire connu alors à l’époque ; il dépose alors un brevet afin de protéger ses recherches. Il rencontre rapidement une grande notoriété auprès des grands amateurs d’horlogerie et reçoit, dès 1823, le titre d’Horloger-Mécanicien de S.A.S Monseigneur le duc de Chartres (futur roi Louis-Philippe), puis, l’année suivante, celui d’Horloger-Mécanicien du Garde-Meuble de la Couronne.

    Raingo devint en l’espace de quelques années l’horloger de précision le plus célèbre des époques Empire et Restauration. Ainsi, relevons qu’une pendule de l’horloger était brièvement décrite en 1834 lors de la dispersion aux enchères de la collection de Jacques Laffitte (l’un des conseillers financiers de Napoléon et surnommé le Roi des Banquiers) : « Une pendule sur colonnes en acajou, ornée de cuivres dorés, mouvement mécanique de M. Raingo. »

    Quatre de ses fils, Adolphe-Hubert-Joseph, Charles-François-Victor, Denis-Lucien-Alphonse et Dorsant-Emile-Joseph, suivent la carrière de leur père et la Maison « Raingo Frères » est fondée en 1823, l’atelier est transféré quelques années plus tard au 8 de la rue de Touraine. Lors de l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1844, le jury récompense la Société en la citant avec éloge :

    « MM. Raingo frères, à Paris, rue Saintonge, 11. Avant de parler de leurs produits, disons un mot de ces fabricants : c’est une famille d’industriels composée de quatre frères dont l’intelligence est constamment acquise à la prospérité de leur établissement, à Paris et à l’étranger. La partie commerciale domine, et le chiffre de leur exportation est considérable. Dans la grande quantité d’objets exposés, nous avons remarqué une pendule Louis XIV, le char de Neptune, accompagnée de deux candélabres et de deux vases très riches ; une pendule, forme Renaissance, ornée de porcelaines peintes, et des potiches garnies de bronzes ; deux groupes, sujets de chasse ; une pendule, la Poésie et l’Eloquence, avec candélabres à enfants, sont des témoignages du zèle et de l’activité qui règnent dans cette fabrique. En considération de l’importance de cette maison et des services rendus au commerce, le jury décerne à MM Raingo frères la médaille de bronze » (Rapport du jury central, Exposition des produits de l’industrie française en 1844).

    De nos jours, certaines réalisations de la Maison Raingo appartiennent aux plus importantes collections privées et publiques internationales, citons notamment les pendules conservées dans les collections royales anglaises au château de Windsor, au Kelvin Grove Museum de Glasgow, au Science Museum de Londres, au Musée Poldi Pezzoli de Milan, au Musée d’Art et d’Histoire à Bruxelles et au Musée des Arts et Métiers à Paris.



    Lepaute  -  Dubuisson
    Pierre-Basile Lepaute (1750-1843)
    Dubuisson (1731-1815)

    Rare régulateur de parquet à équation du temps et calendriers grégorien ou républicain

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    « Lepaute à Paris »

    Le cadran émaillé par Etienne Gobin, dit Dubuisson

    Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

    Hauteur198 Largeur60 Profondeur31

    Le cadran circulaire émaillé blanc est signé « Lepaute à Paris » et « Dubuisson » pour Etienne Gobin, l’un des plus célèbres émailleurs parisiens de l’époque, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Il indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, les secondes, l’équation du temps, marquant la différence entre le temps moyen, terrestre, et le temps vrai, céleste, enfin, un guichet inférieur à index en acier comporte un double calendrier annuel de types républicain et grégorien. Le mouvement, signé « Lepaute Horloger de l’Empereur à Paris », sonne les heures et les demies-heures ; il est à trois semaines de marche et supporte son lourd balancier à gril bimétallique dont le dard de la lentille désigne un bandeau indiquant « les degrés du cercle » par une double graduation de 0 à 2. L’ensemble est renfermé dans une caisse architecturée en acajou et placage d’acajou en forme d’obélisque partiellement vitré à corniche débordante moulurée et base pleine à panneaux en réserve sur une plinthe quadrangulaire à léger décrochement. Belle ornementation de bronze finement ciselé et doré à frises de feuillages, oves et raies de cœur ou branchages de chêne croisés et rubanés.

    Après les troubles révolutionnaires, de nouvelles données sont instaurées pour le décompte et la mesure du temps ; ainsi apparaissent le calendrier révolutionnaire et le temps décimal. Le premier durera plusieurs années, précisément jusqu’à l’an XIV (1806), le second sera nettement plus bref. Adopté par décret le 24 novembre 1793, ce nouveau système de mesure préconisait l’abandon pur et simple de l’ancien calendrier grégorien remplacé par le nouveau calendrier dit « républicain ». Ce dernier divisait la journée en dix heures, elles-mêmes divisaient en cent minutes comportant chacune cent secondes ; ce système se confronta rapidement à la difficulté des amateurs d’horlogerie à s’habituer à cette nouvelle division du temps ; certains horlogers se lancèrent alors dans d’ingénieuses recherches en concevant des systèmes particulièrement élaborés offrant une double lecture calendaire.

    Compte tenu de la date de réalisation de la pendule que nous présentons, il s’agit très probablement de la signature de Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute (1750-1843).

    Pierre-Basile Lepaute (1750 - 1843)

    Pierre-Basile Lepaute, dit Sully-Lepaute, est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Il rejoint ses oncles, également horlogers, dans la capitale vers le milieu des années 1760 et débute sa formation dans l’atelier familial. Dans un premier temps, il s’associe avec son oncle et son cousin, avant de racheter la société familiale en 1789. Vers la fin du XVIIIe siècle, il fonde avec son neveu, Jean-Joseph Lepaute, un nouvelle société qui dure jusqu’en 1811 et qui reçoit notamment une médaille d’argent à l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1806. En 1811, son neveu installe son propre atelier, tandis que Pierre-Basile forme avec son fils, Pierre-Michel (1785-1849), une nouvelle société sous la raison sociale « Lepaute et fils ». Pendant plusieurs décennies, ils seront les principaux fournisseurs de pendules pour le Garde-Meuble impérial, puis royal ; recevant successivement les titres d’Horloger de l’Empereur sous Napoléon et d’Horloger du Roi à la Restauration.



    Dubuisson (1731 - 1815)

    Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



    Le Roy  -  Cressent
    Julien II Le Roy (1686-1759)
    Charles Cressent (1685-1768)

    Exceptionnel régulateur dit « de parquet » en placage d’amarante et bronze très finement ciselé, mouluré et doré à indication manuelle de l’équation du temps et calendrier annuel

    Signature

    Cadran et mouvement signés par l’horloger Julien II Le Roy

    Dans une caisse attribuée sans équivoque à Charles Cressent

    Paris, époque Louis XV, vers 1750

    Hauteur221,5 cm Largeur57,5 cm Profondeur24 cm

    Le cadran circulaire en cuivre ou laiton doré est signé dans un cartouche, gravé « Julien Le Roy A.D (comprenez Ancien Directeur) de la Société des Arts », qui se détache sur un fond de croisillons centrés de fleurettes ou de quartefeuilles. Il indique les heures en chiffres romains, les minutes et les secondes en chiffres arabes par trois aiguilles en acier poli et marque manuellement sur sa bordure extérieure l’équation du temps sur un cercle réglable selon la date par l’intermédiaire d’un pignon placé à la périphérie. Le mouvement, également signé « Julien Le Roy à Paris », est à poids sur corde sans fin et à sonnerie des heures et des demies heures activée par un ressort sur roue de compte et déclenchée par un petit pignon accessoire lié à la couronne d’équation. L’ensemble est renfermé dans une caisse violonée entièrement réalisée en placage de feuilles de bois d’amarante disposées en frisage dans des encadrements de filets de laiton qui soulignent les courbes de l’horloge ; cette dernière ouvre par deux vantaux permettant d’accéder à l’intérieur de la caisse et repose sur une plinthe quadrangulaire supportée par quatre pieds raves en bois noirci ou ébène.

    L’horloge est très richement décorée d’une ornementation de bronze très finement ciselé, mouluré et doré à motifs rocailles et allégoriques. L’amortissement est agrémenté d’une figure en ronde-bosse aux ailes déployées représentant le Temps menaçant, allongé et légèrement enveloppé dans une draperie, qui tient une faulx levée dans sa main droite ; il surmonte un chapiteau curviligne souligné d’un cartouche, centré d’un mascaron s’épanouissant d’une coquille stylisée, dont les côtés se terminent en enroulements de rinceaux ; la lunette, ciselée d’une frise d’entrelacs centrés de fleurettes et bordée d’un anneau à crosses et cabochons alternés, est flanquée de deux motifs rocailles à feuilles d’acanthe, graines et enroulements. La lanterne repose sur un entablement quadrangulaire, décoré aux angles d’écoinçons à réserves amaties, qui surmonte une frise d’oves soulignée en façade d’un large motif d’enroulements et de feuillages reposant sur un superbe masque chinoisant, le visage se détachant d’un motif rocaille agrémenté de rubans dans sa partie basse ; les côtés à motifs de crosses et de rinceaux feuillagés. La partie médiane de la caisse, foncée d’une glace, présente un élément en pelta à encadrements moulurés soulignés de motifs déchiquetés, de rinceaux, de branchages et de pampres de vigne ; la base est agrémentée de deux petits motifs feuillagés.

    Bien qu’il ne porte ni signature, ni estampille, cet important régulateur peut être rattaché sans équivoque à l’œuvre de Charles Cressent. En effet, sa composition générale, les essences de bois de placage employées, son décor original de bronze ciselé et doré, ainsi que la signature de l’horloger Julien II Le Roy, dont la signature apparaît sur pas moins de six régulateurs de l’ébéniste sur la quinzaine à ce jour répertoriée, sont autant d’éléments déterminants permettant une telle attribution. L’œuvre biographique consacré à cet artisan par Alexandre Pradère étudie méthodiquement la carrière de Cressent qui, parallèlement à la réalisation « classique » de meubles tels que des commodes, bureaux plats, bibliothèques, encoignures, armoires, médailliers…se spécialisa également, à l’instar de son célèbre confrère André-Charles Boulle (1642-1732), dans la confection de bronzes d’ameublement et de sculptures essentiellement commandés par les grands collectionneurs pour lesquels Cressent travaillait et qui démontrent son exceptionnelle créativité et la qualité toujours irréprochable de ses fontes. Cela lui valut de nombreux conflits avec la corporation des maîtres bronziers régie par les lois strictes des anciennes corporations parisiennes et dont les membres détenaient l’exclusivité du travail du bronze. Toutefois, Cressent continua à fondre ses propres modèles de bronzes dans son atelier, ce qui lui permit notamment d’en protéger la propriété. Cette particularité, certainement obtenue et conservée grâce à l’appui des puissants commanditaires de Cressent tel que le Régent, confère aux réalisations de l’ébéniste-sculpteur une esthétique ornementale ou sculpturale si particulière qu’elle en est également sa véritable signature.

    Dans le domaine de l’horlogerie, Cressent appliqua ces mêmes principes décoratifs en privilégiant les jeux des placages ou de marqueterie agrémentés de bronzes dorés ou vernis superbement ciselés. Il sut également parfaitement s’adapter au renouveau des arts décoratifs de la fin du règne de Louis XIV en concevant des caisses de pendules, de cartels et de régulateurs, qui participèrent à la renommée exceptionnelle qu’il connut sous la Régence et dans les premières décennies du règne de Louis XV. Concernant plus précisément les régulateurs, l’ébéniste confectionna un type de caisses violoné qu’il déclina principalement en trois différents types en variant les bois de placage, essentiellement amarante et satiné, et en jouant habillement sur l’ornementation de bronze. De nos jours, une quinzaine d’exemplaires est répertoriée et appartient aux plus importantes collections privées et publiques internationales. Le premier type est agrémenté de deux têtes de Borée sous le cadran et d’une figure sculpturale du Temps à l’amortissement ; de ce modèle citons notamment les deux exemplaires qui appartiennent aux collections de la reine d’Angleterre (illustrés dans C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy & its Timekeepers 1300-1900, Londres, 1983, p.126, figs.169-170) ; ainsi qu’un troisième qui est exposé au Musée du Louvre à Paris (reproduit dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum et A. Lefébure, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 1, Editions Faton, Dijon, 1993, p.124, catalogue n°38). Soulignons également qu’une horloge de ce modèle fut proposée aux enchères à Paris en février 1761, lors de la dispersion de la collection du puissant trésorier de la Marine Marcellin-François de Selle, grand amateur des œuvres de Cressent : « Une pendule à secondes, très estimée des connaisseurs, faite par Ferdinand Berthoud ; elle marque les équations par elle-même, seconde minute d’équation, le tout concentré ; sa boite qui a 6 pieds et demi de haut, est garnie de bronzes dorés d’or moulu, de la composition du sieur Cressent ; au-dessus de la boite qui renferme le mouvement, est représenté une figure ailée représentant le temps, tenant sa faulx ; cette figure est de ronde bosse, d’un beau modèle et parfaitement bien réparée ; deux têtes en relief qui représentent des vents, sont au-dessous du cadran : cette pendule peut être placée dans les plus beaux cabinets ».

    Le deuxième type est également décoré de deux masques de Borée, mais le sommet est orné d’un motif rayonnant semblant émerger d’un chaos ; de ce modèle mentionnons particulièrement un premier régulateur, le cadran signé « Jean-Baptiste Baillon », qui se trouvait anciennement dans la collection de Marcel Bissey (Vente à Paris, Hôtel Drouot, Me Binoche, le 6 novembre 1991, lot 14) ; ainsi qu’un second, le cadran signé « Julien Le Roy de la Société des Arts » qui a fait partie de la collection Lopez-Terragoya (paru dans A. Pradère, op.cit., p.304, catalogue n°263). Notons qu’une variante de ce deuxième type présente une caisse de moindre hauteur soulignée de motifs de palmes chers à Cressent et que l’on retrouve notamment sur certains cartels de l’ébéniste ; un exemplaire de ce modèle, provenant des collections du château d’Ermenonville, appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs de Lyon (voir le catalogue de l’exposition Ô Temps ! Suspends ton vol, Lyon, 2008, p.55-56, catalogue n°13).

    Enfin, un troisième type de régulateurs, auquel appartient l’exemplaire que nous proposons, peut être considéré comme le modèle à la composition la plus aboutie et la plus équilibrée. De ce dernier type, sont connues : une première horloge, anciennement dans la collection de Richard Wallace, qui est photographiée dans la Grande Galerie de l’hôtel de la rue Laffitte en 1912 (voir P. Hugues, The Wallace Collection, Catalogue of Furniture, III, Londres, 1996, p.1555) ; ainsi qu’une seconde, portant l’estampille de Pierre Migeon (qui dut agir en tant que restaurateur), conservée dans une collection privée (reproduite dans Sophie Mouquin, Pierre IV Migeon 1696-1758, Au cœur d’une dynastie d’ébénistes parisiens, Les éditions de l’amateur, Paris, 2001, p.118). Enfin, relevons particulièrement que le régulateur présenté semble être le seul muni de cet ingénieux système manuel d’indication du temps qui pourrait correspondre à la mise en pratique d’une invention présentée par Pierre II Le Roy, frère de Julien II Le Roy, à l’Académie des Sciences en 1728.

    Julien II Le Roy (1686 - 1759)

    Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

    Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.



    Charles Cressent (1685 - 1768)

    Charles Cressent figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du XVIIIe siècle et est probablement le plus célèbre artisan en meubles de l’esprit Régence qu’il véhicula dans ses réalisations d’ébénisterie et de sculpture tout au long de sa carrière. Fils d’un sculpteur du Roi, il s’exerce à la sculpture à Amiens où réside son grand-père, lui-même sculpteur et fabricant de meubles. Ses débuts sont donc dominés par l’apprentissage des techniques de la sculpture, si bien qu’en 1714, c’est en présentant une œuvre dans cette spécialité qu’il est reçu à l’Académie de Saint Luc. Il s’établit alors à Paris et commence à travailler pour certains confrères, puis épouse la veuve de l’ébéniste Joseph Poitou, ancien ébéniste du duc Philippe d’Orléans, alors Régent du royaume. Par ce mariage, il prend en charge la direction de l’atelier et continue l’activité si brillamment qu’il devient à son tour le fournisseur privilégié du Régent, puis à la mort de ce dernier, en 1723, de son fils Louis d’Orléans qui lui passe de nombreuses commandes et lui assure une grande prospérité au cours de ces années-là. Rapidement sa notoriété dépasse les frontières du royaume et certains princes et rois européens commandent des œuvres à l’ébéniste, particulièrement le roi Jean V du Portugal et l’Electeur Charles Albert de Bavière. En France, il s’était composé une riche clientèle privée comprenant des membres de la haute aristocratie, tel le duc de Richelieu, et des grands collectionneurs, notamment le puissant trésorier général de la marine Marcellin de Selle. Cressent n’aura de cesse tout au long de sa carrière de créer, à l’encontre des lois de la corporation des bronziers, ses propres modèles de bronzes fondus dans son atelier ; cette particularité, que l’on retrouve également chez André-Charles Boulle, apporte à son œuvre une grande homogénéité et démontre surtout ses talents exceptionnels de sculpteur.



    Detouche  -  Houdin

    Important régulateur mural en bronze doré à équation du temps et remontoir d’égalité, avec calendrier annuel et thermomètre

    APF14_Pendulerie_0114

    Signé par les horlogers Louis-Constantin Detouche et Jacques-Francois Houdin

    Paris, époque Second Empire, daté 1851

    Hauteur185 cm Largeur47 cm Profondeur29,5 cm

    Provenance :

    – Une collection privée française

     

    Un rare et important régulateur mural en bronze doré de Louis-Constantin Detouche et Jacques-Francois Houdin, portant l’inscription « J F Houdin 1851 Exposition de Londres Jacques-Francois Houdin » sous le cadran, également signé « C Detouche Paris » dans une cartouche sur le cadran et numéroté « 9730 ». Il possède les complications horlogères suivantes : réserve de marche, date, jour de la semaine, mois et équation du temps sectoriel. Le cadran principal, en bronze doré, avec lunette ciselée de raies de cœur, douze grandes cartouches en émail blanc comportant des chiffres romains pour les heures, l’indication extérieure des minutes avec douze petites cartouches comportant des chiffres arabes alternant avec des segments en émail blanc, et un anneau des secondes intérieur (plus tardif, probablement bakélite), avec un secteur gradué pour la réserve de marche à 6 heures, marqué HAUT/BAS, avec trou de remontage au centre, avec aiguilles Breguet en acier bleui pour les heures et les minutes et des aiguilles en acier bleui pour les secondes et réserve de marche.

    Sous le cadran principal un cadran auxiliaire avec lunette ciselée de raies de cœur et un cadran annulaire en émail blanc indiquant la date, le jour de la semaine et le mois avec sa durée (28, 30 ou 31 jours), centré par un marqueur indiquant la date annuelle qui comporte également l’équation du temps, sur un secteur en émail blanc avec indications peintes en noir et graduées de +15mn à -15mn et « AVANCE/RETARD », avec calendrier annuel et came en forme de haricot visible à travers les roues percés, sur un fond en émail bleu avec étoiles d’or, avec aiguilles Breguet et une aiguille équilibrée en acier bleui pour le temps moyen et une aiguille « soleil » en bronze doré pour le temps vrai. Le mouvement à 15 jours de réserve de marche, avec un poids en acier et laiton, échappement à ancre à recul, régulateur micrométrique et remontoir d’égalité et un pendule à compensation à gril en acier et laiton, placé devant une fausse plaque finement gravée pour le protéger des interférences dues à la descente du poids, la grande lentille centrée par un thermomètre avec cadran sectoriel en émail blanc, avec une aiguille en acier bleui, indiquant la condensation et dilatation des tiges en métal ; le pendule est suspendu par un câble d’acier. La boîte rectangulaire en bronze doré avec corniche en escalier, se terminant par des volutes en bronze doré.

    Ce régulateur comprend plusieurs mécanismes spécialisés, dont le remontoir d’égalité qui transmet une force constante au pendule ou balancier, pour éviter les inégalités causées par des variations de la force motrice : à intervalles réguliers le remontoir met sous tension  un ressort ou petit poids qui transmet une force constante à l’échappement. Le régulateur indique également l’équation du temps, c’est-à-dire la différence entre le temps solaire et le temps moyen.

    Exposé à l’Exposition de Londres en 1851, où il reçut une médaille, ce régulateur est décrit dans le catalogue officiel de l’exposition comme suit :

    « Un grand régulateur dans une boîte en bronze doré, le devant et les côtés en verre. Il indique les secondes et l’équation du temps, avec un index pour le mois et le jour. Son pendule, en même temps compensateur au moyen de leviers, est l’invention de l’un des exposants. Ce régulateur est exposé pour sa précision et ses finitions. » (The Great Exhibition 1851, Report on Horological Instruments, 1851, p. 339).

    Constantin-Louis Detouche (1810 - 1889)

    Ayant reçu la Légion d’Honneur en France en 1853 et la Croix de l’ordre du Dannebrog au Danemark, était nommé horloger de la ville de Paris et de l’Empereur Napoléon III. Sa firme, probablement la plus importante en France à l’époque, rencontra énormément de succès.

    A l’exposition de Nîmes en 1862, la compagnie fut décrite comme suit : « la maison Detouche de Paris, fondée en 1803 ; son volume d’affaires grandit chaque année et aujourd’hui elle fait un chiffre, en France et à l’étranger, de plus de 3 millions de francs. Les objets horlogers, des pièces de précision aux articles ordinaires, représentent plus de 1,200,000 francs. M. Detouche a reçu les récompenses les  plus prestigieuses ; je ne mentionnerai ici que : la médaille d’or à l’exposition universelle d’horlogerie de Besançon en 1860, et la médaille d’or à Londres en 1862. On lui a décerné la Croix de la Légion d’Honneur pour sa contribution aux progrès de l’horlogerie et le roi du Danemark l’a gratifié de la Croix de Dannebrog pour son horloge électrique. De tels objets, qui mériteraient qu’on les décrive en détail, présentent des améliorations qui devraient être connues et appréciées par chaque horloger qui a bénéficié du travail et des services de M. Detouche… Le jury a noté tout particulièrement un régulateur de style rocaille en bronze doré, d’un goût remarquable, qui mesure 1m 90 ; … Les tourniquets vus à l’exposition et considérés comme indispensables en France et à l’étranger sont également l’invention de M. Detouche. Tous les articles produits par cette maison méritent d’attirer l’attention de par leurs prix modérés, leur élégance, leur riche ornementation, leur précision, et leur excellente facture. Le jury décerne à M. Detouche un diplôme d’honneur. » (« Revue Chronométrique », 8ème année, vol. IV, juin 1862 – juin 1863, « Exposition de Nîmes », Paris, 1862, pp. 605-609).

    En 1851, six ans après l’arrivée de Houdin, la maison Detouche prit part à la Great Exhibition de Londres (la première exposition universelle) sous la dénomination « Chronometer makers, 158 and 160 rue St Martin, Paris ».

    En 1887, vers la fin de sa vie, Detouche subventionne la publication delà troisième édition du Traité d’Horlogerie Modern Théorique et Pratique de Claude Saunier (1816-1896), également appelée l’édition C. Detouche (944 pages, publié à Paris) et l’addendum (112 pages, également publié à Paris).

    Parmi les autres prestigieuses créations de Detouche et Houdin, on pourrait citer deux grands régulateurs astronomiques,  avec indication des heures, minutes, secondes, jours, mois et la date, heure du lever et du coucher du soleil, l’équation du temps, lever et coucher de la lune, ainsi que ses phases et âge, et les variations barometriques et thermometriques. Sur ces deux régulateurs, le cadran principal est entouré de quatorze cadrans subsidiaires indiquant le temps dans quatorze villes dans le monde. Pendant longtemps, l’un de ces régulateurs s’est trouvé à l’angle de la rue Saint-Martin et la rue de Rivoli ; aujourd’hui il se trouve dans la Manufacture François-Paul Journe SA, à Genève.



    Jacques-François Houdin (1783 - 1860)

    Membre de plusieurs associations scientifiques et le beau-père de l’inventeur, magicien et horloger Jean-Eugène Robert-Houdin (1805-1871), Houdin, originaire de Blois, vint à Paris à la demande d’Abraham-Louis Breguet. Houdin avait créé ou apporté des améliorations à certains échappements et aux pendules compensateurs pour régulateurs et horloges astronomiques. Il avait également amélioré les machines utilisées pour faire les roues et pinions.

    Jacques-François Houdin fut le chef d’atelier de Detouche de 1845 à 1859.



    Bertrand  -  Rémond  -  Coteau  -  Barbichon

    Exceptionnelle pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

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    Le mouvement par l’horloger Joseph-Charles-Paul Bertrand

    Les bronzes attribués à François Rémond

    Les cadrans par Joseph Coteau et Edmé-Protais Barbichon

    L’ensemble certainement réalisé sous la direction de Dominique Daguerre

    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur54,5 cm Largeur40,2 cm Profondeur12,5 cm

    Provenance :

    Paris, collection privée.

     

    Le cadran principal annulaire émaillé blanc, signé « Cles Bertrand Her de L’académie des Sciences », indique les heures, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré, et bat les secondes par une trotteuse centrale. Il est flanqué de deux cadrans auxiliaires également de forme annulaire à riche décor émaillé, l’un par Barbichon marquant les jours de la semaine associés à des cartouches renfermant des figures mythologiques ou allégoriques relatives aux planètes, l’autre par Coteau indiquant le calendrier annuel avec les mois et les jours de l’année associés à des cartouches ovalisés à décor de leurs signes zodiacaux respectifs. L’ensemble s’inscrit dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare ». La boite circulaire, renfermant le mouvement à sonnerie des heures et demi-heures, est surmontée d’une urne chargée d’un bouquet fleuri et feuillagé et supportée par deux aigles à corps à larges feuilles d’acanthe reposant sur des doubles pattes ; ils tiennent dans leurs becs des guirlandes soulignant les deux cadrans auxiliaires et sont coiffés d’un plumet émergeant d’un panache de feuilles nervurées. Le tout repose sur une base quadrangulaire à moulure en cavet foncée d’un enfilage de perles et agrémentée de réserves à panneaux en léger relief représentant des putti musiciens ou allégoriques dans des nuées traités dans le goût du sculpteur Clodion. Enfin, quatre pieds à bagues moulurées, cannelures et feuillages, supportent l’horloge.

    D’une qualité exceptionnelle de ciselure et de dorure, la pendule que nous proposons se distingue également par sa composition particulièrement originale qui s’inspire plus ou moins directement de certains projets d’ornemanistes parisiens du temps, notamment de ceux de Jean-Démosthène Dugourc (1749-1825), l’un des plus talentueux et surtout l’un des principaux initiateurs des nouvelles tendances décoratives avant-gardistes du dernier tiers du XVIIIe siècle. Elle peut être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’horlogerie parisienne de luxe du dernier quart du XVIIIe siècle. En effet, à ce jour, aucune autre horloge identique n’est connue, ce qui en fait un modèle unique, de toute évidence commandé tout spécialement à la demande de l’un des principaux amateurs parisiens de l’époque. Cette hypothèque semble confirmer par l’association de deux des meilleurs émailleurs de l’époque : Joseph Coteau et Edmé-Protais Barbichon, qui durent collaborer sur une même pièce, chose rarissime pour des émailleurs ; cette particularité peut s’expliquer par la personnalité très probable du destinataire, un donneur d’ordre puissant impatient de voir l’aboutissement de l’ameublement et de la décoration de sa luxueuse demeure parisienne.

    Joseph-Charles-Paul Bertrand (1746 - 1789)

    Joseph-Charles-Paul Bertrand, dit Charles Bertrand (Nettancourt 1746-Paris 1789) figure parmi les plus importants horlogers parisiens du règne de Louis XVI. Après avoir effectué son apprentissage chez Eustache-François Houblin, il reçoit ses lettres de maîtrise le 20 février 1772 et installe son atelier rue Montmartre. En l’espace de quelques années, il acquiert un grande notoriété pour la perfection de ses mouvements et est nommé « Horloger de l’Académie Royale des Sciences ». Spécialisé dans la réalisation de pendules squelettes ou à complication, il collabore avec les meilleurs artisans du temps pour la création des caisses de ses horloges, notamment avec Knab pour les boîtiers, Barbichon, Coteau et Borel pour les cadrans, et Jean-Joseph de Saint-Germain et François Vion pour les bronzes. Il se compose une riche clientèle issue du monde de la finance et de la haute aristocratie, parmi laquelle figuraient la marquise de Lambertye et Harenc de Presle ; pour ce dernier il réalisa une belle pendule vase décrite en avril 1795 lors de la vente de la collection de cet amateur : « Un riche vase, de belle forme, enrichi d’anses à double rinceau, avec couvercle, à guirlandes de roses, surmonté d’une pomme de pin, dans le milieu du vase et sur le bandeau on a placé un rond entouré de pierres fausses, avec cadran de montre émaillé de Charles Bertrand, le culot du vase est à côtés saillants de piédouche, élevé sur fût de colonne cannelée, dont la base à tores de laurier. Hauteur 14 pouces, diamètre 8 ».

    Enfin, signalons que de nos jours certaines pendules de cet horloger sont conservées dans les plus grandes collections publiques internationales, citons particulièrement celles qui sont exposées au Metropolitan Museum of Art de New York, au Musée national des Techniques à Paris et à la Walters Art Gallery de Baltimore.



    François Rémond (vers 1747 - 1812)

    À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Edmé-Protais Barbichon

    Edmé-Protais Barbichon était l’un des meilleurs émailleurs de la deuxième partie du XVIIIème siècle. C’est un concurrent des grands émailleurs Joseph Coteau et Dubuisson. Son nom est associé à ceux des meilleurs horlogers, y compris Ferdinand Berthoud et Charles Bertrand.



    Dominique Daguerre

    Dominique Daguerre est le plus important marchand-mercier, comprenez marchand d’objets de luxe, du dernier quart du XVIIIe siècle. Ses débuts de carrière restent relativement méconnus et l’on peut considérer qu’il démarre véritablement son activité à partir de 1772, année de son association avec Philippe-Simon Poirier (1720-1785), autre marchand-mercier célèbre et inventeur des pièces d’ébénisterie agrémentées de plaques de porcelaine de la Manufacture royale de Sèvres. Lorsque Poirier se retire des affaires, vers 1777-1778, Daguerre prend la direction du magasin rue du Faubourg Saint-Honoré et garde la raison sociale « La Couronne d’Or ». Conservant la clientèle de son prédécesseur, il développe considérablement l’activité en quelques années et joue un rôle de premier plan dans le renouveau des arts décoratifs parisiens de l’époque en faisant travailler les meilleurs ébénistes du temps, particulièrement Adam Weisweiler, Martin Carlin et Claude-Charles Saunier, le menuisier du Garde-Meuble de la Couronne, Georges Jacob, les bronziers ou ciseleurs-doreurs Pierre-Philippe Thomire et François Rémond et les horlogers Renacle-Nicolas Sotiau et Robert Robin. Ayant porté le luxe « à la française » à son summum, Daguerre, visionnaire et homme d’affaires hors du commun, s’installe en Angleterre vers le début des années 1780 et s’associe avec Martin-Eloi Lignereux, qui reste en charge du magasin parisien. A Londres, patronné par le prince Régent, futur roi George IV, Daguerre participe activement à l’aménagement et à la décoration de Carlton House et du Pavillon de Brighton, en faisant fonctionner à merveille son réseau d’artisans parisiens important de Paris la plupart des meubles, sièges, cheminées, bronzes d’ameublement et objets d’art et facturant, uniquement pour l’année 1787, plus de 14500£ de fournitures. Impressionnés par le talent du marchand, quelques grands aristocrates anglais font également appel à ses services, particulièrement le Comte Spencer pour Althorp où Daguerre collabore avec l’architecte Henry Holland (1745-1806). A Paris, il continue, par l’intermédiaire de son associé Lignereux, à travailler pour les grands amateurs et livre de superbes pièces d’ébénisterie au Garde-Meuble de la Couronne. Probablement très affecté par les troubles révolutionnaires et la disparition de nombreux de ses clients les plus importants, il se retire définitivement des affaires en 1793.