Importante pendule de cheminée en bronze finement ciselé ou doré et marbre vert de mer
« Le Char d’Apollon »
Cadran signé par Jean-Simon Deverberie (1764-1824)
Paris, époque Consulat – Empire, vers 1800-1804
Bibliographie :
– Yves Gay et André Lemaire, « Les pendules au char », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1993, n°66.
– J-D. Augarde, Une Odyssée en Pendules, Chefs-d’œuvre de la Collection Parnassia, Volume I Les Pendules Classiques,Éditions Faton, Dijon, 2022, p114-117, référence n°21.
Le cadran annulaire émaillé blanc, souligné de bandeau moulurés, indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles repercées en acier bleui. Le cadran est signé « Int Ft Deverberie Rüe Barbette Paris », ce qui signifie que ce modèle a été inventé et réalisé par le bronzier Jean-Simon Deverberie dans son atelier situé rue Barbette à Paris. Il s’inscrit dans la roue d’un char, à rayons en carquois à empennages de flèches, richement décoré de rinceaux, guirlandes, frises feuillagées, têtes d’aigle, termes d’Egyptiennes coiffées du némès, mascaron, mufles de lion, draperie à franges et rosaces, sur lequel est assise une superbe figure d’Apollon, dieu de la musique, vêtu d’une draperie voletant ; le dieu est couronné de laurier et tient d’une main une lyre à sept cordes et de l’autre les rênes. Hermès (ou Mercure), le messager des dieux aux talons ailés, se tient debout à l’avant du bige (char antique à deux roues) ; il porte son casque traditionnel, un chapeau à larges bords (un pétase) avec des ailes et tient un caducée, ainsi que les rênes de deux chevaux cabrés richement harnachés. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire en marbre vert de mer ceinturée d’enfilage de perles et agrémentée de réserves à frises repercées alternées de fleurons, rinceaux, corbeilles et torches enflammées ; enfin, l’ensemble repose sur huit pieds finement ciselés de feuilles stylisées.
Avant le début du XIXe siècle, le char constitue rarement un motif décoratif ou ornemental privilégié par les horlogers et les bronziers parisiens. En fait, il faudra véritablement attendre l’avènement de Napoléon et de l’Empire pour voir apparaître les premiers modèles de pendules au char mettant en scène dieux, déesses ou héros, campés dans de majestueux biges ou quadriges faisant écho aux valeurs militaires exaltés par les grands maréchaux de l’Empereur. La pendule proposée fut réalisée dans ce contexte particulier ; elle propose une composition originale rattachée à l’œuvre de Jean-Simon Deverberie, l’un des meilleurs bronziers parisiens de l’époque Empire. Cet impressionnant modèle n’a été décliné qu’en de très rares exemplaires, et à notre connaissance, celui-ci est le seul ayant une base en marbre vert-de-mer. L’un des modèles similaires est en bronze doré et patiné et appartient à la collection Parnassia. Un autre entièrement en bronze doré se trouvait anciennement à la galerie Gismondi à Paris (illustrée dans J-D. Augarde, Les ouvriers du Temps, La pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Genève, 1996, p.143, fig.106).
Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)
Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.