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Le Roy  -  Dagoty et Honoré

Rare pendule en borne « à l’antique » à plaques en porcelaine de Paris et bronze finement ciselé et doré à l’or mat

Pendule_468-05

(Le) Roy & Fils Horlogers du Roi

La caisse en porcelaine attribuée à la Maison Dagoty

Paris, époque Restauration (Charles X), vers 1828

Hauteur54 cm Largeur22,5 cm Profondeur12 cm

Le cadran en cuivre doré et argenté, signé « (Le) Roy & Fils Hers du Roi », indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles œil-de-perdrix en acier poli-bleui dites « Breguet ». Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une caisse sous la forme d’une borne néoclassique à plaques en porcelaine de Paris et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. On peut voir la signature « Leroy & Fils Hers du Roi à Paris » gravée sur le mouvement. La lunette est en couronne fleurie et feuillagée ; l’amortissement est orné d’une une à anses détachées « à la grecque » et couvercle terminé en pomme de pin supporté par un entablement quadrangulaire souligné d’une frise alternée de palmettes et feuilles lancéolées stylisées. La caisse est à encadrements en baguettes feuillagées enserrant les plaques de porcelaine à fond blanc à décor en camaïeu brique de motifs en arabesques agrémentés de palmettes et de personnages représentant, sur les côtés, deux figures masculines, l’une tenant un thyrse, l’autre brandissant un glaive, et en façade de trois femmes, dont l’une est assise sur un klismos et tient une ombrelle. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire ceinturée d’une doucine à frise feuillagée, elle-même posée sur un socle en marbre blanc dit « de Carrare ».

Il existe une paire de vases assortie à cette pendule que vous pouvez voir ici. La pendule et les deux vases faisaient partie d’un ensemble à l’origine, mais peuvent être achetées séparément.

L’intégration de porcelaine dans l’horlogerie parisienne date véritablement de la première moitié du XVIIIe siècle, à cette époque, ce sont essentiellement des figures, statuettes ou fleurettes, qui servent d’ornementation aux pendules. Avec l’avènement de l’Empire et le développement des techniques, nous assistons dans les premières décennies du XIXe siècle à la création de pendules à plaques de porcelaine, le plus souvent se présentant sous la forme d’une borne « à l’antique ». Ainsi, parmi les modèles connus réalisés dans cet esprit, citons notamment : un premier exemplaire, réalisé en 1821 et orné de plaques à fond bleu agate ou pourpre en porcelaine de Sèvres animées d’une scène figurant l’Amour se balançant sur son arc, qui appartient aux collections du Musée du Louvre à Paris (illustré dans L. de Gröer, Les arts décoratifs de 1790 à 1850, Office du Livre, Fribourg, 1985, p.291, fig.557) ; ainsi qu’un deuxième, également en porcelaine de Sèvres, réalisé en 1838 et livré pour le château de Saint-Cloud l’année suivante (voir le catalogue de l’exposition, Un âge d’or des arts décoratifs 1814-1848, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 1991, p.274, catalogue n°143) ; et un troisième, présentant une caisse en bronze doré identique à celle présentée, qui fait partie des collections royales espagnoles (reproduit dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p.402, catalogue n°398). Enfin, relevons particulièrement qu’une pendule identique à celle proposée, le mouvement de « Leroy », mais présentant quelques différences dans le décor et dans la composition est parue dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.371. Cette dernière, tout comme celle que nous proposons, peut-être rattachée à la production de la Maison Dagoty, l’une des manufactures parisiennes de porcelaine les plus célèbres de l’époque, qui avait développé notamment ce décor de personnages à l’antique inspirés des vases attiques grecs ; voir une paire de vases de ce genre illustrés dans R. de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 1995, p.343.

Manufacture Dagoty et Honoré

Fondée en 1798 par deux frères Dagoty, cette manufacture parisienne de porcelaines est considérée comme l’une des plus florissantes des premières décennies du XIXe siècle. Les deux frères, petit-fils du peintre Jacques Dagoty et fils du graveur Jean-Baptiste Gauthier Dagoty, reprennent une manufacture mal en point, celle de Bougon installée rue de Chevreuse. L’un des frères, Etienne meurt dès 1800, c’est alors Pierre-Louis (1771-1840) qui prend seul la tête de l’entreprise en 1804. Rapidement il développe l’activité et la maison compte 100 ouvriers sous l’Empire.

Après la chute de l’Empereur, Dagoty décide de s’associer avec la manufacture Honoré père et fils, également l’une des plus prospères de l’époque, sous la raison sociale « Dagoty et Honoré » jusqu’en 1820. A partir de cette date, c’est véritablement Edouard Honoré qui prend les rênes de l’entreprise à Paris. Tout au long de l’activité de la manufacture, la maison se distingue par la qualité et l’originalité de ses créations, elle reçoit notamment des commandes du Garde-Meuble impérial dès 1804 et participe à l’Exposition des produits de l’Industrie de 1819 recevant une médaille d’argent pour des bas-reliefs « genre Wedgwood », un trépied et un modèle de la fontaine des innocents.



Bazile-Charles Le Roy (1765 - 1839)

La raison sociale « Le Roy & Fils » fut créée en 1828 par Bazile-Charles Le Roy (1765-1839) et son fils, Charles-Louis Le Roy. Ils signèrent probablement « Leroy & Fils Horlogers du Roi » sous la Restauration, étant horlogers pour le Roi Charles X. A la mort de son père, Charles-Louis prend la direction de l’entreprise et rencontre immédiatement un immense succès, devenant le fournisseur du Roi Louis-Philippe et du duc d’Orléans (fils et héritier de Louis-Philippe). En 1845, il cède son fonds de commerce à son collaborateur, Casimir Desfontaines, qui continue l’activité de la maison Le Roy & Fils et lui donne une dimension internationale. En 1856, il ouvre une boutique à Londres au 211-Regent Street et participe à la plupart des grandes expositions en remportant de nombreuses médailles. Nommé Horloger Breveté de la Reine d’Angleterre et de l’Empereur du Brésil, il cumule tous les honneurs et cède l’entreprise Le Roy & Fils à son fils, Georges Desfontaines, en 1883.



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