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Le Roy  -  Meissonnier
Julien II Le Roy (1686-1759)

Exceptionnel régulateur de cabinet en placage de bois d’amarante et bronze finement ciselé ou doré

Régulateur024-03_BD_MAIL

Cadran signé par l’horloger Julien Le Roy

La caisse d’après un modèle de Juste-Aurèle Meissonnier (Turin 1695-Paris 1750)

Paris, début de l’époque Louis XV, vers 1730

Hauteur214 cm Largeur73 cm Profondeur41 cm

Le cadran annulaire en métal argenté, signé « Inventé en 1730 par Julien Le Roy de la Société des Arts », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, ainsi que le calendrier annuel dans un guichet inférieur ; ce premier cadran principal renferme un second cadran auxiliaire marqué « Cadran du Temps moyen » et portant l’indication « Les aiguilles dorées marquant le Temps vray et les Blueues le tems moyen » démontrant ainsi l’équation du temps qui marque la différence entre le Soleil moyen ou Temps moyen et le Soleil vrai ou Temps vrai qui atteint son maximum de seize minutes au mois d’octobre ; le mouvement est renfermé dans une superbe caisse violonée en placage de bois d’amarante de fil ou de travers décorée de moulures ou de cannelures foncées de laiton et richement agrémentée de bronze finement ciselé et doré. La lunette est ceinturée d’une frise de rubans entrelacés rythmés de graines ; l’amortissement curviligne est formé d’un couple d’enfants reposant sur un tertre « au naturel » animé de fleurettes duquel s’épanouissent des guirlandes fleuries et feuillagées retombant sur les côtés ; la gaine « en S », dont la partie centrale laisse voir le mouvement du balancier, est soulignée de larges feuilles de refend à acanthes qui se rattachent à une coquille stylisée reposant sur un entablement en demi-cercle surmontant une frise de godrons posé sur un socle sinueux. L’ensemble repose sur une haute base, à quatre pieds cambrés soulignés de guirlandes, décorée en façade d’un large motif rocaille en coquille repercée se terminant en volutes centrée d’un masque fantastique dont la gueule largement ouverte déverse des flots ; enfin, un contre-socle mouvementé supporte l’ensemble de la composition.

La composition particulièrement spectaculaire et aboutie de cet exceptionnel régulateur, dit « pendule à secondes », puise directement son inspiration dans certains projets d’ornemanistes des premières décennies du XVIIIe siècle, particulièrement dans ceux du célèbre dessinateur, sculpteur et orfèvre Juste-Aurèle Meissonnier (1695-1750) considéré par ses contemporains comme le chef de file du mouvement Rococo (voir P. Fuhring, Juste-Aurèle Meissonnier : Un génie du rococo 1695-1750, Turin, 1999). Artiste génial et fécond, Meissonnier composa une œuvre qui aura une influence majeure sur les arts décoratifs français et plus largement européen pendant plusieurs décennies et qui contribuera à la diffusion du style rocaille jusqu’à l’avènement du néoclassicisme. L’exemplaire que nous proposons présente, de plus, la rare particularité de renfermer un mouvement à complications avec l’une des toutes premières indications horlogères de l’équation du temps, marquant la différence entre le Temps vrai et le Temps moyen. Nous retrouvons ce même principe sur un régulateur similaire à celui que nous proposons qui se trouvait au XVIIIe siècle dans la collection de l’artiste Charles-Antoine Coypel ; ainsi lors de la vente après décès du peintre en 1753 était décrite : « 579. Une pendule à secondes, qui outre les heures, marque le temps vrai et le temps moyen, le cours du soleil, le quantième du mois et le jour de la semaine ; les mouvements sont de M. Claude Martinot, et la boite est de M. Meissonnier ». De nos jours conservé dans une collection privée, le « régulateur Coypel » est illustré dans Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, ainsi que dans Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, Le pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Genève, 1996.

Julien II Le Roy (1686 - 1759)

Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.