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Deverberie  -  Isabel

Rare pendule de cheminée dite « à l’Indienne d’Amérique » avec un mouvement squelette, en bronze finement ciselé, patiné et doré

Pendule372-04_HD_WEB

Cadran signé “Isabel à Rouen” par l’horloger Monsieur Isabel

Caisse attribuée au bronzier Jean-Simon Deverberie

Paris, Époque Directoire – Consulat, vers 1800

Hauteur47,5 cm Largeur36,5 cm Profondeur15 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Isabel à Rouen », révèle une partie des rouages du mécanisme et indique les heures en chiffres romains, les graduations des minutes et le quantième du mois républicain (ou révolutionnaire) gradué de 1 à 30 en chiffres arabes, par trois aiguilles, dont deux repercées en bronze doré et une en acier bleui. Le cadran s’inscrit dans une caisse attribuée au bronzier Jean-Simon Deverberie, entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, doré ou patiné. La lunette est soulignée de frises stylisées ou perlées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure féminine représentant une chasseresse noire assise, vêtue d’un pagne de plumes, portant un carquois à empennages de flèches en bandoulière, les cheveux retenus par une coiffe à panache de plumes et les yeux en émail traités « au naturel » ; elle porte des bijoux tels que colliers, bracelets de chevilles ou de biceps et pendentifs d’oreilles en corail ; elle tient un arc dans sa main droite, une lance dans l’autre main et pose son pied gauche sur la tête d’un Caïman, une sorte de crocodile, dont la queue vient s’entortiller autour d’un bananier disposé de l’autre côté de la composition. L’ensemble repose sur une plinthe, aux côtés concaves, qui est ornée de guirlandes et de serpents, ainsi que d’une bordure en perles dorées. Le tout repose sur des pieds toupie en bronze doré.

Le sujet témoigne de l’engouement pour l’exotisme de la fin du XVIIème et le début du XIXème siècle. Inspiré par l’idée du « bon sauvage » exprimée par Rousseau et d’autres écrivains, il est également nourri par des événements contemporains, comme l’arrivée à Tahiti de l’explorateur français Bougainville en 1767, suivi du capitaine Cook en 1769. La vie apparemment paisible et harmonieuse des îles du Pacifique contraste avec les injustices de la société européenne, telles qu’on les perçoit. Le thème du bon sauvage inspire plusieurs grandes œuvres littéraires de l’époque, y compris Robinson Crusoe de Daniel Defoe (1719), Gulliver’s Travels de Jonathan Swift (1724), Paul et Virginie (1787) de Bernardin de Saint-Pierre et Atala (1801) de Chateaubriand.

Le dessin original de la pendule proposée, titré « l’Amérique », fut déposé en l’An VII par le fondeur-ciseleur parisien Jean-Simon Deverberie (1764-1824), l’un des plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant dont l’atelier était installé successivement rue Barbette en 1800, rue du Temple en 1804, enfin rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820. L’esquisse originale de ce modèle par Jean-Simon Deverberie fait partie d’un album de dessins de pendules aujourd’hui dans le cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale à Paris ; elle est illustrée dans Tardy, Les Plus Belles Pendules Françaises, 1994, pp. 246-7, ainsi que dans D. et P. Fléchon, « La pendule au nègre », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.32, photo n°3.

 

Une pendule de Deverberie, dont la boîte est identique et le cadran est signée Gaulin à Paris, est illustrée dans Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, Vergoldete Bronzen, 1986, p. 381, pl. 5.15.25. Une pendule avec boîte identique et un cadran signé Ridel à Paris est illustrée dans Elke Niehüser, Die Französische Bronzeuhr, 1997, p. 148, pl. 239. Une pendule identique, dont le cadran est signé Thiéry à Paris, est illustrée dans Pierre Kjellberg, Encyclopédie de la Pendule Française du Moyen Age au XXe Siècle, 1997, p. 351.

Le thème du « bon sauvage » inspire plusieurs autres pendules. « La Négresse », la première pendule créée par Deverberie sur ce thème, avec un mouvement de Furet et Godon, est présentée à Marie-Antoinette en 1784. La pendule présente, qui date de 1800 environ, fait pendant à celle dite « à l’Afrique » ; le modèle reste très à la mode jusqu’en 1815 environ.

Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.



Monsieur Isabel

La signature « Isabel à Rouen » est celle de Monsieur Isabel, horloger actif à Rouen à la fin du XVIIIe siècle. Il pourrait être également le nommé Isabelle qui exposa en 1802 un système de compensation des effets de température sur la marche des horloges et des pendules (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.170).



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