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Deverberie
Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

Rare pendule de cheminée en bronze ciselé, patiné et doré

« La promenade en boguet » ou « Le retour de la plantation »

Pendule318-03_HD_WEB

Attribuée à Jean-Simon Deverberie

Paris, époque Directoire, vers 1795-1800

Hauteur34 Largeur45 Profondeur12

Le cadran annulaire émaillé indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes par deux aiguilles en acier bleui ; il est inscrit dans la roue d’une voiture légère du type boguet qui dévoile le mouvement de type squelette et dans laquelle est assise une jeune femme en bronze finement ciselé et doré, habillée à la mode de l’époque et les cheveux relevés en chignon, qui tient une cravache d’une main et les rênes de l’autre main attachés au mord d’un cheval fougueux, solidement harnaché, en bronze patiné « à l’antique ». A l’arrière de la figure féminine, juché sur le marchepied arrière, se tient un jeune négrillon, coiffé d’un panache de plumes, les yeux émaillés et vêtu d’un pagne, qui apporte une touche exotique, voire tropicale, à la composition. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à légère doucine en bronze doré ornée de motifs stylisés en bas-reliefs à décor de feuillages, rinceaux et palmettes, et sur quatre pieds soulignés de frises feuillagées.

A la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous présentons dont le modèle fut développé par le bronzier Jean-Simon Deverberie dans les toutes dernières années du XVIIIe siècle et présente la particularité de faire le lien entre deux types de pendules particulièrement prisés par les grands amateurs d’horlogerie de l’époque : les pendules dites « au nègre » et les pendules dites « au char ».

Parmi les rares modèles similaires répertoriés, la plupart plus tardifs, mentionnons notamment : un premier exemplaire qui est reproduit dans Tardy, La pendule française, Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.377 ; un deuxième est exposé au musée François Duesberg à Mons (voir Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.54) ; enfin, citons particulièrement une troisième pendule de ce type qui fait partie de la célèbre collection des princes de Hesse au château de Fasanerie à Fulda (illustrée dans le catalogue de l’exposition Gehäuse der Zeit, 2002, p.93).

Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.