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Osmond  -  Le Roy
Robert Osmond (1711-1789)
Charles Le Roy (1709-1771)

Importante pendule de cartonnier en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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Le cadran signé « Charles Leroy à Paris » pour l’horloger parisien Charles Leroy

La caisse signée « Osmond » pour le bronzier-fondeur parisien Robert Osmond

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1775, et vers 1800.

La platine signée « Ch. Leroy à Paris »

Le bronze insculpé : « Osmond »

Hauteur69,5 cm Largeur71 cm Profondeur25 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Charles Leroy à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est également signé « Ch. Leroy à Paris » et est renfermé dans une caisse néoclassique entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et à l’or bruni, l’arrière gauche de la terrasse signé « Osmond ». L’amortissement, à corniche cintrée soulignée de frises d’oves et d’enfilage de perles et olives, est formé d’un groupe mythologique représentant Bacchus et Ariane coiffés de pampres, la jeune femme lève une aiguière de laquelle elle s’apprête à verser du vin dans une coupe qu’elle tient dans sa main gauche. L’ensemble repose sur une boîte architecturée à côtés en volutes soulignées d’acanthes ; la façade, à guirlande fleurie et feuillagée retenue par des pastilles à rosaces, est centrée dans sa partie basse d’un drapé à franges noué de cordelettes ; les panneaux rectangulaires en réserves à fond amati. Le tout est supporté par quatre sphinges allongées coiffées du némès posées sur des terrasses à enroulements et sur une base rectangulaire à côtés à ressaut ceinturée d’une frise stylisée ; enfin, des pieds à feuilles stylisées supportent l’horloge.

La pendule que nous proposons se distingue par ses proportions exceptionnelles, elle fut composé à la fin du XVIIIe siècle par un bronzier parisien, tel un Denière ou un Feuchère, qui dut, de toute évidence, profiter des ventes révolutionnaires pour faire l’acquisition d’un modèle à succès qu’Osmond commercialisait au milieu des années 1770 et le mit au goût du jour en l’enrichissant du groupe sommital et de la base à sphinges, créant ainsi une pendule spectaculaire dont le style convenait parfaitement aux grands amateurs parisiens des dernières années du XVIIIe siècle et des toutes premières années du siècle suivant. La composition particulièrement architecturée de la caisse principale s’inscrit parfaitement dans le mouvement du renouveau néoclassique parisien de la fin des années 1760 qui découlait directement de la remise en question des schémas décoratifs rocailles des toutes premières années du règne de Louis XVI. Le dessin s’inspire directement d’un projet de l’atelier de Robert Osmond qui figure dans un album de pendules conservé à l’Institut d’Histoire de l’Art à Paris et qui est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Munich, 1986, p.228, fig.4.1.7. Osmond déclina le modèle avec de nombreuses variantes, citons notamment un premier exemplaire, sans groupe sommital et sans guirlande, qui est reproduit dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.301 ; ainsi qu’un second conservé au Mobilier national à Paris qui correspond au modèle livré par Poirier au comte d’Artois en 1777 et sur lequel le recouvrement est orné de deux enfants (voir le catalogue de l’exposition La folie d’Artois à Bagatelle, 1988, p.108, fig.18).

 

Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.



Charles Le Roy (1709 - 1771)

« Charles Le Roy à Paris » fut la signature d’un des plus importants horlogers parisiens du règne de Louis XV. Après son accession à la maîtrise, le 16 août 1733, il installe son atelier rue des Prêcheurs, puis vers 1745 rue Saint-Denis, face à l’église Saint-Leu. En l’espace de quelques années, il acquiert rapidement une grande notoriété auprès des grands amateurs parisiens de l’époque pour la perfection des mouvements de ses pendules et de ses montres. Dès le XVIIIe siècle, certaines pendules de l’horloger sont inventoriées dans les documents anciens ; citons notamment un premier exemplaire mentionné en 1771 dans la collection de François de Pérusse vicomte des Cars ; puis un second, décoré en vernis Martin, était décrit en 1773 au moment de l’inventaire après décès de l’épouse de Jean-Baptiste Halma de Belmont, Conseiller du Roi et Grand audiencier de France : « Une pendule sur sa console à ornements, pagode et dragon, la boite en bronze doré d’or moulu, les ornements peints par Martin, le mouvement à sonnerie fait par Charles Leroy 400 livres ». Après son décès à Nanterre en 1771, son fils, Etienne-Augustin, continuera l’activité de l’atelier paternel et recevra le titre d’Horloger du Roi.



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