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Osmond
Robert Osmond (1711-1789)

Rare cartel d’applique dit « d’alcôve » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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La caisse réalisée par Robert et/ou Jean-Baptiste Osmond

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1775

Hauteur40 Largeur23

Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains, ainsi que les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé, gravé, amati et doré. Le mouvement, à sonnerie « à la demande », est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Le recouvrement se présente sous la forme d’une urne « à l’antique » simulée, à culot à feuilles d’eau et couvercle terminé en graines, sur laquelle se rattachent, par des rubans ou pastilles, deux guirlandes de laurier retombant sur les côtés de la caisse. Cette dernière offre un dessin néoclassique à fronton cintré à joncs enrubannés, côtés et façade animés de crosses terminées en volutes et palmette stylisée ou larges feuilles d’acanthe ; l’ouverture, destinée à regarder le mouvement du balancier, est flanquée de montants à réserves à frises de piastres ; enfin, l’ensemble de la composition se termine par un culot à larges feuilles enserrant des graines.

C’est véritablement dans la première moitié du XVIIIe siècle qu’apparaissent des pendules en bronze d’un modèle particulier qui se distinguent par leurs dimensions réduites : les cartels dits « d’alcôve ». Comme souvent, leur création répondait à la demande des amateurs de l’époque désireux de pouvoir lire le décompte du temps sur des pendules élégantes placées dans des pièces étroitement liées à l’intimité de leurs propriétaires. C’était particulièrement le cas pour les chambres à coucher, dont les lits étaient souvent disposés dans des alcôves, sorte de renfoncement aménagé dans un mur pour recevoir le couchage ; les cartels étaient alors disposés au-dessus du lit. Bien évidemment, au fil des décennies, cet emplacement connut certaines modifications et les cartels d’alcôve furent aussi bien accrochés dans les chambres à coucher, que dans des pièces tels que les salons de compagnie et les antichambres, lieux toujours liés à la vie privée de leurs propriétaires. Le cartel que nous proposons se distingue par sa composition architecturée, directement inspirée du Néoclassicisme de la fin du règne de Louis XV, ainsi que par la qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure témoignant de l’excellence de l’atelier parisien qui créa le modèle dans le dernier tiers du XVIIIe siècle, en l’occurrence celui des Osmond, oncle et neveu. De nos jours, parmi les rares cartels identiques connus, citons particulièrement un exemplaire, le cadran signé de l’horloger Robin et de l’émailleur Merlet, qui est paru dans J-D. Augarde, Les ouvriers du Temps, La pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Antiquorum Editions, Genève, 1996, p.16, fig.4.

Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.