Rare cartel d’alcôve dit « œil de bœuf » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat
Le cadran signé « Meyer à Paris » pour l’horloger François Meyer
Dans une caisse attribuée à François Rémond
Paris, époque Louis XVI, vers 1785
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Meyer à paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre ciselé, repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie à tirage dite « à répétition », est renfermé dans une superbe caisse circulaire en « œil-de-bœuf » entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. La lunette est formée d’une frise de raies de cœur nervurées à bordure amatie ; le pourtour du cartel est ceinturé d’une cordelette ; l’amortissement est agrémenté de deux colombes se becquetant et reposant sur des nuées, groupe allégorique à l’Amour ; enfin, des rubans noués par une pastille permettent son accrochage.
La composition néoclassique particulièrement épurée de ce superbe cartel, ainsi que l’exceptionnelle qualité de sa dorure et de sa ciselure, nous permettent de l’attribuer à l’un des plus talentueux bronziers parisiens de son époque : François Rémond. De nos jours, parmi les rares cartels « œil-de-bœuf » connus réalisés dans le même esprit, citons notamment un premier exemplaire, le cadran signé « Charles Leroy », retenu par des rubans et présentant un culot à acanthes et graines qui est reproduit dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, de Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.229 ; ainsi qu’un second à attributs martiaux et couple de colombes qui est illustré dans Tardy, La pendule française des origines à nos jours, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.313.
François Rémond (vers 1747 - 1812)
À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.
François Meyer est l’un des plus talentueux horlogers parisiens de son temps. En 1776, après son accession à la maîtrise, il installe son atelier place du Palais Royal de 1778 à 1783, puis Quai de Conti en 1789, et connaît une grande notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie de luxe. Dans les dernières décennies du XVIIIe siècle et les premières du siècle suivant, certaines de ses horloges ou de ses montres sont mentionnées chez certains grands collectionneurs parisiens, citons notamment celles prisées dans les inventaires après décès de Philippe-Laurent Joubert, trésorier des états du Languedoc, de la veuve de Joseph-Edouard vicomte Walsh, de Charles-Reynard-Laure-Félix de Choiseul-Praslin duc de Praslin, de Jean-Jacques Poupart, confesseur de Louis XVI, du général Gabriel-Emmanuel de Maulde et de la veuve du fermier-général Denis-Joseph Lalive d’Epinay.