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Godon  -  Rémond  -  Dubuisson
François-Louis Godon (vers 1740-1800)
François Rémond (vers 1747-1812)
Dubuisson (1731-1815)

Importante pendule de cheminée dite « au char de Vénus » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

Pendule_480-05

Cadran signé « L.F. Godon/Relox de Camara de S.M.C  »

Cadran émaillé par Etienne Gobin, dit Dubuisson

Caisse attribuée à François Rémond

Paris, époque Louis XVI, vers 1785

Hauteur60 cm Largeur54 cm Profondeur20 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc est signé « L.F. Godon/Relox de Camara de S.M.C » et rehaussé de zig zag à cabochons verts translucides et légers branchages fleuris et feuillagés. Le cadran porte également sous la 6ème heure la signature « Dubuisson » de l’émailleur Etienne Gobin, dit Dubuisson, l’un des plus célèbres émailleurs parisiens de l’époque, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Il indique les heures en chiffres romains, ainsi que les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles en acier poli-bleui ; il bat les secondes par une trotteuse centrale. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une superbe caisse à figures mythologiques entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré ou à l’or bruni. L’amortissement est orné de la déesse Vénus, drapée et partiellement dévêtue, représentée dans un char tiré par deux colombes reposant sur de larges nuées agrémentées de quelques branchages de roses sur lesquelles est figuré Cupidon, portant son carquois en bandoulière, qui tend de sa main droite une flèche à la déesse. L’ensemble repose sur une base en marbre blanc statuaire dit « de Carrare » de forme rectangulaire à côtés arrondis rythmée de cannelures à asperges et ceinturée d’une frise de feuilles d’eau, tore de lauriers enrubannés et enfilage de perles ; le panneau de façade, traité en réserve à course de rinceaux, feuillages et fleurettes, est centré d’une athénienne néoclassique, à quille torsadée et montants terminés en pattes léonines, flanquée de feuilles de chêne ; enfin, six pieds à bandeau moleté supportent l’ensemble de l’horloge.

Dans le domaine de la grande horlogerie de luxe parisienne de la seconde moitié du XVIIIe siècle, les modèles prenant pour principal prétexte ornemental un char sont exceptionnellement rares. L’exemplaire que nous proposons se distingue par la qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure qui nous permet de le rattacher à l’œuvre de François Rémond, l’un des plus importants artisans parisiens de la fin du règne de Louis XVI. Il est agrémenté de Vénus et Cupidon, figures mythologiques que l’on retrouve avec variante sur un modèle au char moins abouti dont une pendule, le cadran de « Sotiau », figure dans les collections du Metropolitan Museum of Art à New York, tandis qu’une deuxième était décrite dans la vente de la collection de M. Mannheim père : « Jolie pendule du temps de Louis XVI, en bronze finement ciselé et doré au mat ; Vénus assise dans un char trainé par deux colombes et suivie par l’Amour. Le socle est orné d’une jolie frise d’amours. Mouvement de Berthoud, à Paris. Haut., 42 cent. » (Maître Delbergue-Cormont, Hôtel Drouot, le 23 décembre 1867, lot 143) ; enfin, une troisième, le cadran de « Robin » et sur laquelle Vénus tend une flèche à Cupidon, est conservée dans les collections du Musée national du Château de Versailles.

La pendule actuellement conservée à Versailles aurait pu correspondre à celle inventoriée au moment de la Révolution en 1793 dans l’« Etat de l’horlogerie de la ci-devant Reine entretenue par Robin horloger aux galleries du Louvre n°8 » : « Une pendule composée d’un socle de marbre blanc, orné d’un bas-relief, sur lequel est le char de Venus conduit par deux colombes, un petit amour à côté du char présente une flèche à la déesse, le tout en bronze doré en or mat, du nom de Robin (Fontainebleau, chez M. Robin) » (voir P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Editions Picard, Paris, 1999, p.466). Toutefois, on remarque immédiatement des différences entre la pendule actuellement conservée à Versailles et la pendule de Marie-Antoinette, particulièrement le fait que Cupidon tend une flèche à la déesse, non l’inverse. Enfin, relevons qu’une pendule, identique à celle que nous proposons, le cadran signé par l’émailleur « Merlet », fut achetée en 1864 par le Mobilier national, puis figura dans le petit salon de la Villa Eugénie à Biarritz, propriété de l’impératrice, enfin, elle fut vendue en 1927 en Angleterre lors des dispersions des collections de l’Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III ; la pendule de l’Impératrice présente un Cupidon tendant un branchage à Vénus, non une flèche comme sur l’exemplaire que possédait la Reine Marie-Antoinette.

François-Louis Godon (vers 1740 - 1800)

François-Louis Godon fut reçu maître horloger parisien en février 1787, mais avait débuté son activité quelques années auparavant. En effet, associé à son confrère parisien Jean-Baptiste-André Furet dès 1785, Godon est surtout connu pour ses relations privilégiées qu’il entretenait avec les rois d’Espagne Charles III (Carlos III), puis Charles IV (Carlos IV). En mars 1786, nommé « Relojero de Camara de Su Majestad Católica » (Horloger de la chambre du roi d’Espagne), il devint le fournisseur parisien attitré de la Cour d’Espagne en porcelaines, pendules et bronzes d’ameublement de luxe. De nos jours, nombreuses de ses pendules figurent au Musée des Arts décoratifs de Madrid et dans les collections royales espagnoles.



François Rémond (vers 1747 - 1812)

À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



Dubuisson (1731 - 1815)

Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.