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Arnoux  -  Osmond
Robert Osmond (1711-1789)

Important cartel d’applique dit « cartel à ruban du grand modèle » en bronze ciselé ou doré à l’or mat et à l’or bruni

« Modèle royal »

Cartel037-03_HD_WEB

La caisse attribuée à Robert Osmond

Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1770

Hauteur86 Largeur46 Profondeur14.5

Le cadran circulaire émaillé, signé « Arnoux à Paris », indique les heures et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles repercées en cuivre doré ; il est inscrit dans une caisse néoclassique entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou doré à l’or mat et à l’or bruni. La lunette est soulignée de réserves de canaux et de larges feuilles de refend ou palmes ; l’amortissement est formé d’une urne « à l’antique », décorée de canaux ou de rosaces et terminée par une flamme, dans les anses de laquelle passe un long ruban qui retombe sur les côtés et qui surmonte un masque féminin. La partie inférieure, centrée d’une vitre laissant voir le mouvement du balancier, présente un décor figurant une guirlande tombante de feuilles et graines de laurier ; enfin, le cul-de-lampe, rythmé de grecques et de rosaces, est formé d’une graine émergeant d’un bouquet de feuillages.

Le dessin original de ce spectaculaire cartel est reproduit dans un Livre de desseins qui appartient aux collections de l’Institut d’Histoire de l’Art à Paris (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.184, fig.3.8.8). Le modèle, d’une composition élégante et parfaitement équilibrée, fut créé par le bronzier Robert Osmond vers 1770 et connut un immense succès auprès des amateurs parisiens dans la seconde moitié du XVIIIe siècle ; il fut surtout particulièrement apprécié par les membres de la famille royale. En effet, un premier exemplaire fut livré par l’horloger Lépine en 1767 pour la chambre de Madame Victoire de France au Château de Versailles, tandis qu’un second fut commandé quelques années plus tard pour les appartements du Dauphin, futur Louis XVI, au Château de Versailles ; certainement l’exemplaire qui appartient aux collections du Mobilier national à Paris (voir le catalogue de l’exposition Le château de Versailles raconte le Mobilier national, quatre siècles de création, Paris, 2010-2011, p.106-107).

Enfin, citons quelques rares autres modèles identiques répertoriés : notamment un premier qui est exposé au Musée Nissim de Camondo à Paris (paru dans « L’ANCAHA au Musée Nissim de Camondo », in ANCAHA, hiver 1999, n°86, p.38) et un second qui appartient aux collections du Musée national de Stockholm (illustré dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.309).

Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.