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Duval  -  Osmond

Rare cartel néoclassique dit « aux espagnolettes » en bronze finement ciselé et doré

APF_Cartel018_004

Dans une caisse attribuée à Robert Osmond

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1775-1780

Hauteur67 Largeur30 Profondeur14.5

Provenance :

Probablement collection de Jacques de Choiseul comte de Stainville (1727-1789) ; deux cartels de Duval sont inventoriés dans ses collections en juin 1789 : « n° 216. Une pendule du nom de Frédéric Duval dans sa boite en cartel de cuivre doré 60 livres » et « n °263. Une pendule du nom de Ferdinand (comprenez Frédéric) Duval dans sa boite en cartel de fonte ciselé et doré…100 livres » (Archives Nationales, Etude CXIII, le 16 juin 1789).

 

Le cadran émaillé, signé Frédéric Duval à Paris, indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes et est inscrit dans une caisse de forme violonée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré dont la grande qualité permet de l’attribuer à l’œuvre du bronzier Robert Osmond, l’un des meilleurs fondeurs parisiens de l’époque. La composition est soulignée de frises d’entrelacs et de rosaces ; l’amortissement est composé d’une urne « à l’antique »  sommée d’une grenade ou pomme de pin et ornée de guirlandes de feuilles de laurier qui retombent sur les côtés ; la partie inférieure est formée de larges feuilles d’acanthe et le culot prend la forme d’un bouquet de feuilles de chêne noué par une draperie. De part et d’autre du cadran, les montants sont formés de volutes soulignées de piastres et de rinceaux feuillagés qui se terminent en figures féminines en termes dites « espagnolettes ».

Cet élégant cartel connut un grand engouement auprès des amateurs parisiens dans les premières années du règne de Louis XVI. Parmi les rares autres exemplaires connus, citons notamment un premier modèle, le cadran signé Courvoisier, qui est illustré dans P. Heuer-Klaus Maurice, European Pendulum Clocks, 1988, p. 40, fig. 54 ; un deuxième, le cadran signé Gille l’aîné, est reproduit dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, de Louis XIV à l’Empire, Florence, 2013, p. 182 ; ainsi qu’un troisième de Charles Leroy illustré par Henriot, Bronzes et bois sculptés des collections privées, planche 6. Enfin, mentionnons particulièrement un dernier cartel de ce type, le cadran signé Javelot, qui appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs à Paris (voir Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, n° 61, été 1991, p. 34, fig. 16).

Frédéric Duval

L’horloger Frédéric Duval fit sa formation dans l’atelier de François Béliard, puis travailla comme ouvrier libre pendant une dizaine années. Successivement mentionné rue Mazarine en 1778 et rue Jacob en 1781, il utilisa des caisses des grands bronziers de l’époque, notamment Saint-Germain, Morlay, Poisson, ou Osmond. Il semble avoir cessé son activité vers le milieu des années 1780. Le duc de Choiseul, grand amateur d’horlogerie rare, fut probablement l’un de ses plus importants clients.



Robert Osmond (1711 - 1789)

Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.