Exceptionnel et unique régulateur à balancier à plaque en mica
Provenance :
Exposé à l’Exposition Universelle de 1855 à Paris.
Le cadran annulaire émaillé, signé « Fn Grandperrin rue St Honoré 394 Paris », indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes, et marque les secondes par une trotteuse centrale. Il est renfermé dans une superbe caisse en bronze finement ciselé et doré à motifs de frises de feuilles stylisées, de rinceaux feuillagés et de rouleaux latéraux terminés en enroulements et soulignés de larges cannelures ; l’amortissement est formé d’une coupe décorée de cannelures et d’entrelacs et remplie de fleurs qui retombent en guirlandes sur les côtés du cadran. L’ensemble repose sur une gaine moulurée en ébène ou bois noirci à encadrements d’enfilage de perles et à panneaux de glace qui permettent de voir le balancier ; ce dernier présente un double cadran annulaire émaillé, le premier sert de thermomètre et le second indique la dilatation des métaux, et renferme une plaque rectangulaire en mica, l’un des constituants du granit. Le tout est supporté par quatre forts pieds en bronze doré formés de bouquets de feuilles enserrés de bagues. Le mécanisme va un an sans être remonté.
Ce spectaculaire régulateur peut-être considéré comme le chef-d’œuvre de l’horloger-mécanicien Grandperrin. Excepté la perfection de son mécanisme, la pureté de la composition de sa caisse et l’exceptionnelle qualité du travail de ciselure et de dorure de son décor de bronze, il présente la particularité d’intégrer une plaque en mica à son balancier ; ingénieux perfectionnement horloger qui fut breveté par Grandperrin le 31 octobre 1854, l’année qui précéda la présentation du régulateur à l’Exposition Universelle (voir Catalogue des brevets d’invention pris du 1er janvier au 31 décembre 1854 dressé par ordre du Ministre de l’Agriculture, du Commerce et des Travaux Publics, Paris, 1855, p. 248 : « Emploi d’une substance dans la fabrication des balanciers et suspensions d’horlogerie »). Lors de l’Exposition Universelle, cette innovation ne passa pas inaperçue car elle corrigeait les défauts des balanciers à gril par son insensibilité à la dilatation et à la contraction, ainsi que par son incroyable légèreté qui permet aux balanciers « de rapprocher considérablement le point d’oscillation du centre de gravité » (voir H. Boudin, Le Palais de l’Industrie universelle, ouvrage descriptif ou analytique des produits les plus remarquables de l’Exposition de 1855, Paris, p. 125). Enfin, relevons qu’à notre connaissance le régulateur que nous proposons est le seul modèle connu qui comporte cette innovation technique.
Fils de l’horloger parisien Nicolas-François Grandperrin et d’Anne-Antoinette-Victoire Lherminier, Ferdinand-Joseph Grandperrin reprend le fonds de commerce de son père à la fin des années 1830 ou au début de la décennie suivante et développe rapidement l’activité. Installé au 394, rue Saint-Honoré, il connaît une grande notoriété et se marie, en septembre 1842, avec Eléonore-Pauline Meugnot, certainement la fille de l’horloger Joseph-Julie-Alexandrine Meugnot mentionné en 1830 place de l’Oratoire. Rapidement Grandperrin se distingue pour ses créations reconnues pour leur originalité et la perfection des mouvements.