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Thématiques : Allégorie & Mythologie

  • Lépine
    Jean Antoine I Lépine (1720-1814)

    Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré représentant « Le couronnement de l’Amour par les Grâces »

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    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur60 cm Largeur51 cm Profondeur24 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Lepine Hger du Roy », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. La lunette est encadrée de deux branchages d’olivier retenus par un ruban ; le corps de la pendule prend la forme d’un vase néoclassique, à col cannelé, frise de feuillages et culot ou piédouche à larges feuilles d’acanthe ou bague godronnée, qui s’inscrit dans un entablement architecturé à réserves unies et fleurons alternés dans des encadrements d’enfilages de perles. L’amortissement est formé d’un large bouquet fleuri et feuillagé, dont des branchages retombent sur les côtés et sont retenus par jeunes femmes assises et légèrement drapées « à l’antique », dont l’une tend une couronne de roses à Cupidon figuré devant elle et lui tendant les bras. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à côtés arrondis et décrochements, ceinturée de perles en enfilage et agrémentée latéralement de courses de rinceaux encadrant un panneau en léger relief représentant des putti allégoriques occupés aux Arts et aux Sciences. Enfin, quatre pieds à tores de lauriers supportent l’ensemble de l’horloge.

    D’une très belle qualité de ciselure et de dorure, ce modèle de pendules ne fut décliné qu’à de très rares exemplaires dans le dernier quart du XVIIIe siècle, avec parfois quelques variantes, notamment dans les matériaux et le traitement du décor de la base.

    Ainsi, parmi les rares pendules connues répertoriées, citons un premier modèle qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.256 ; ainsi qu’un deuxième qui est exposé au Victoria & Albert Museum à Londres (paru dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.250) ; enfin, une dernière pendule de ce type appartient aux collections du Mobilier national en dépôt au Musée national du Château de Fontainebleau (reproduite dans E. Dumonthier, Les bronzes du Mobilier national, Pendules et cartels, Editions Massin, Paris, vers 1911, planche 23).

    Jean Antoine I Lépine (1720 - 1814)

    Jean-Antoine Ier Lépine, qui signait ses œuvres « Lepine Hger du Roi/A Paris », est l’un des plus importants horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Dans un premier temps, Lépine travaille en tant qu’ouvrier libre, puis il fait enregistrer ses lettres de maîtrise le 13 mars 1762 et reprend le fonds de commerce de son confrère Caron, alors portant le titre privilégié d’Horloger du Roi et du Garde-Meuble de la Couronne. Installé rue Saint-Denis en 1756, place Dauphine en 1772, rue des Fossés Saint-Germain-l’Auxerrois en 1777, puis rue des Vieux-Augustins au moment des troubles révolutionnaires, l’atelier de Lépine est l’un des plus productifs et des plus réputés du règne de Louis XVI. Au moment de la Révolution, un inventaire des pendules appartenant au Garde-Meuble de la Couronne et à la famille royale fut dressé ne dénombrant pas moins de trente-deux modèles de l’horloger. Parallèlement à cette production destinée au Roi et à son entourage, Lépine réalisa de nombreuses pièces d’horlogerie de luxe pour les plus grands amateurs de l’époque, notamment pour le prince Charles de Lorraine et pour le marquis de Montesquieu.



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    Galle  -  Thomas
    Claude Galle (1759-1815)
    Thomas

    Rare pendule de cheminée dites « aux amours ailés » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

    Hauteur58 cm Largeur39.2 cm Profondeur15.5 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Galle Rue Vivienne à Paris » et « Thomas Hr », indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles œil-de-perdrix en acier poli-bleui dites « Breguet ». Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. La lunette est agrémentée de frises moletées de courses de pampres, épis de blé et enfilage de perles ; la boîte circulaire, surmontée d’une urne chargée de fruits et de fleurs d’où s’échappent des guirlandes de pampres, est supportée par deux amours ailés vêtu d’un pagne noué autour de leur taille ; l’ensemble repose sur une base quadrangulaire à retrait central en façade agrémentée de motifs en applique de carquois et torches entrecroisés et d’un bas-relief représentant Vénus et Adonis allongés sur un parterre « au naturel » ; quatre cygnes au cols recourbés servent de piétement ; enfin, un contre-socle rectangulaire, posé sur quatre pieds en boules aplaties à frises de cordelettes, supporte l’ensemble de l’horloge.

    La composition particulièrement élégante de cette rare pendule de cheminée, ainsi que la qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure, témoignent du talent du bronzier qui exécuta la caisse dans les toutes premières années du XIXe siècle : Claude Galle, l’un des meilleurs artisans parisiens de son temps, confrère et concurrent de Pierre-Philippe Thomire.

    Le dessin s’inspire plus ou moins directement d’un modèle, légèrement plus ancien puisque portant les indications du calendrier révolutionnaire, qui fut légué à la fin de l’année 1969 par Henri Baboin-Jaubert-Ecully au Musée des Arts décoratifs de la ville de Lyon ; présentant un cadran de « Manière », il figure deux putti en bronze patiné supportant le boîtier du mouvement, ce dernier surmonté d’un amour chevauchant un lion (illustré dans le catalogue de l’exposition Ô Temps ! Suspends ton vol, Catalogue des pendules et horloges du Musée des Arts décoratifs de Lyon, Lyon, 2008, p.85, catalogue n°36).

    Claude Galle (1759 - 1815)

    L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

    Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.



    Thomas

    La signature « Thomas à Paris » est souvent associée à celle du bronzier Claude Galle. Cet horloger parisien était actif dans les dernières années du XVIIIe siècle et les premières années du siècle suivant. Par l’intermédiaire de Galle, Thomas connut une certaine notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie de luxe et certaines de ses réalisations sont mentionnées dans les premières décennies du XIXe siècle chez de grands collectionneurs, notamment chez deux maréchaux de Napoléon, Son Excellence Michel Ney prince de la Moskowa duc d’Elchingen et Louis-Alexandre Berthier prince de Wagram, ainsi que dans l’inventaire après décès de la femme de Louis-Amable-Auguste-Ursule-Achille de Sparre.



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    Schmit  -  Coteau
    Jean-Nicolas Schmit (?-vers 1820)
    Joseph Coteau (1740-1801)

    Rare pendule de cheminée en biscuit de porcelaine et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Manufacture Dihl et Guérhard dite Manufacture du duc d’Angoulême

    Jean-Nicolas Schmit

    Le cadran par Joseph Coteau

    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

    Hauteur55 Largeur58 Profondeur20

    Provenance :

    -Vente à Paris, Galerie Charpentier, Maître Rheims, le 8 juin 1955, lot 184.

    -Vente à Paris, Hôtel Drouot, Maîtres Ader-Picard-Tajan, le 19 mars 1982, lot 31.

     

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Schmit à Paris » et « Coteau » et portant la mention « Manufre de Mgr le duc d’Angoulême », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes, ainsi que les jours de la semaine associés à leurs signes astrologiques et les secondes par cinq aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en biscuit de porcelaine à l’imitation du marbre blanc de Carrare ou en camaïeu de gris sur fond rose, et agrémentée de quelques ornements en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni à cadres à feuilles d’eau, panneaux à sirènes stylisées et enfilages alternés de perles et olives. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une boite sous la forme de nuées sur lesquelles est assis Eros, dieu de l’Amour, tenant un stylet dans sa main droite avec lequel il vient de graver un poème sur un ouvrage maintenu ouvert par un putto figuré en opposition. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à décrochements et angles à pans coupés, ornée de réserves en camaïeu de gris sur fond rose à décor de putti occupés au jardinage ou à la cueillette. Enfin, quatre pieds en pattes léonines à griffes saillantes supportent l’horloge.

    Cette superbe pendule illustre l’exceptionnelle inventivité des horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui parvinrent à créer des œuvres d’une originalité et d’une qualité sans égale en associant les matériaux les plus luxueux et les plus précieux. Elle fut réalisée par la célèbre Manufacture dite « du duc d’Angoulême » ; car patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasimus Dihl et les époux Guérhard, qui firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres dans les dernières années du XVIIIe siècle et sous le règne de Napoléon. Dès la chute de la monarchie, la manufacture créa de nouveaux modèles, notamment des groupes ou figures non émaillés, particulièrement appréciaient lorsque montés en « grandes pendules en beau biscuit » (Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Tome V, p.325 ; cité dans R. de Plinval de Guillebon, Les biscuits de porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 2012, p.199). Sa composition originale et parfaitement équilibrée rencontra un grand succès auprès des grands amateurs parisiens du temps ; ainsi parmi les rares modèles identiques répertoriés, tous semblant être signés par l’horloger Schmit, citons particulièrement : un premier exemplaire, la base en camaïeu de gris et présentant un guichet à indications de l’âge et des phases de la lune, qui se trouvait anciennement dans la collection de la famille Guinness à Luttrestown Castle près de Dublin (vente Christie’s, les 26-28 septembre 1983) ; ainsi qu’un second qui appartient aux collections James de Rothschild à Waddesdon Manor près de Londres.

    Jean-Nicolas Schmit (? - vers 1820)

    Jean-Nicolas Schmit figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, en août 1781, il installe son atelier rue Betizy et connaît immédiatement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs du temps. La perfection de ses mouvements attire notamment l’attention des deux directeurs de la Manufacture du duc d’Angoulême : Dihl et Guérhard, qui le font collaborer pour la réalisation de la quasi-totalité des mécanismes des pendules créées par leur entreprise. Enfin, relevons que certains documents anciens mentionnent des pendules de cet horloger chez les plus grands amateurs d’art de l’époque, citons notamment celles décrites au moment des inventaires après décès de Son Excellence Jean-Etienne-Marie de Portalis, conseiller d’état de Napoléon, et de l’épouse de Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot, duc de Rohan et cousin du roi Louis XV.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Jolly  -  Galle
    François-Pierre Jolly (?-après 1820)
    Claude Galle (1759-1815)

    Importante pendule de cheminée dite « le repos de Diane chasseresse » en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Gaston Jolly

    Dans une caisse attribuée à Claude Galle

    Paris, époque Empire, vers 1805-1810

    Hauteur63 Largeur55 Profondeur15

    Le cadran annulaire émaillé blanc, signé « Gaston Jolly à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, ainsi que les quantièmes du mois par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré ; il renferme en son centre un médaillon peint marquant les phases de la lune, ainsi que son âge indiqué sur la bordure supérieure, l’ensemble se détachant au-dessus d’un paysage provençal en perspective centré d’une promeneuse sur un chemin, à l’arrière-plan une mer animée de voiliers. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni à figure mythologique représentant le repos de Diane chasseresse après la chasse. La lunette est soulignée de frises moletées à perles, entrelacs, canaux et voûtes simulées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure sculpturale se présentant sous la forme de Diane, coiffée d’un diadème, vêtue « à l’antique », portant son carquois en bandoulière, tenant son arc dans sa main gauche et retenant le trophée de sa chasse sous la forme d’un cygne reniflé par un chien dressé sur ses pattes arrières ; la déesse est assise sur un enrochement traité « au naturel » présentant en son centre, sous le cadran, un groupe représentant un cerf couché et son faon. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à angles arrondis en décrochement richement agrémentée de motifs en applique ou réserve à décor, sur les côtés, de meutes de chiens chassant ou faisant curée et d’un panneau à sujet mythologique encadré de deux nymphes chevauchant des animaux marins, dont un hippocampe. Enfin, l’horloge est supportée par six pieds à bandeau moleté de croisillons centrés de perles.

    La qualité exceptionnelle de la dorure et de la ciselure de cette importante pendule de cheminée, ainsi que sa composition particulièrement élaborée, nous permettent de la situer parmi les modèles les plus aboutis des premières années du XIXe siècle et de rattacher la création du modèle à l’un des meilleurs bronziers parisiens du temps : Claude Galle. En effet, une pendule de dessin proche, reprenant une composition pyramidale et figurant Omphale au repos retenant la massue d’Hercule, porte la signature de ce bronzier alors installé rue Vivienne à Paris (illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.371, fig.5.13.19) ; L’horloge est également reproduite dans E. Niehüser, Die Französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.65, fig.92.

    François-Pierre Jolly (? - après 1820)

    François-Pierre Jolly, dit Gaston-Jolly, figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, le 6 mai 1784, il ouvre son propre atelier rue de Arcis et rencontre immédiatement une grande notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie. Sous le Directoire et l’Empire, il créé de nombreux modèles de pendules recherchés aussi bien pour la qualité des mouvements, que pour l’originalité des compositions, et était mentionné, successivement rue Pavée Saint-Sauveur de 1810 à 1820, puis boulevard Poissonnière en 1820. Certaines de ses réalisations étaient décrites sous l’Empire chez certains grands collectionneurs du temps, notamment chez l’épouse de Charles-Philibert-Marie-Gaston de Lévis comte de Mirepoix et dans les collections de Bernard-Charles-Louis-Victor marquis de Lostanges, Chambellan de Napoléon.



    Claude Galle (1759 - 1815)

    L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

    Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.



    Schmit
    Jean-Nicolas Schmit (?-vers 1820)

    Rare pendule de cheminée en biscuit de porcelaine et bronze très finement ciselé, bretté et doré à l’or mat ou à l’or bruni

    « Les deux Naïades »

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    « Schmit à Paris »

    Manufacture Dihl et Guérhard dite « Manufacture du duc d’Angoulême »

    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1790

    Hauteur41 Largeur44 Profondeur11.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Schmit à Paris », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en biscuit de porcelaine à l’imitation du marbre blanc de Carrare, du biscuit dit « de Wedgwood » ou en camaïeu de gris sur fond jaune, et agrémentée de quelques ornements en bronze très finement ciselé, bretté et doré à l’or mat ou à l’or bruni à frises de feuilles d’eau et cadres à enfilages de perles et olives alternées. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une boite en borne architecturée, à plaque à fond bleu ornée d’un enfant allongé sur un dauphin, sur laquelle sont accoudées deux superbes figures allégoriques en pied représentant deux naïades drapées « à l’antique » tenant des urnes d’où s’écoulent des filets d’eau, symbole du passage du Temps. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à décrochements et côtés arrondis, ornée de réserves en camaïeu de gris sur fond jaune à courses de rinceaux animées de paniers chargés de fruits, pampres, serpents et personnages ; le panneau de façade centré d’un cartouche inscrit « Manufre de MM Guerhard et Dihl a Paris ». Enfin, huit pieds à frises brettées supportent l’horloge.

    Cette superbe pendule illustre l’exceptionnelle inventivité des horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle qui parvinrent à créer des œuvres d’une originalité et d’une qualité sans égale en associant les matériaux les plus luxueux et les plus précieux. Elle fut réalisée par la célèbre Manufacture dite « du duc d’Angoulême » ; car patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasimus Dihl et les époux Guérhard, qui firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres dans les dernières années du XVIIIe siècle et sous le règne de Napoléon. Dès la chute de la monarchie, la manufacture créa de nouveaux modèles, notamment des groupes ou figures non émaillés, particulièrement appréciés lorsque montés en « grandes pendules en beau biscuit » (Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Tome V, p.325 ; cité dans R. de Plinval de Guillebon, Les biscuits de porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 2012, p.199).

    Sa composition originale et parfaitement équilibrée rencontra un grand succès auprès des grands amateurs parisiens du temps ; ainsi parmi les rares modèles identiques répertoriés, présentant quelques variantes notamment dans le traitement du décor de la base et toutes signées de l’horloger Schmit, citons particulièrement : un premier exemplaire qui a été proposé aux enchères chez Christie’s à Londres le 14 mai 1970, lot 40 ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.59, fig.94 ; ; enfin, mentionnons une dernière pendule de ce modèle qui est conservée dans une collection particulière et reproduite dans R. de Plinval de Guillebon, op.cit., Editions Faton, Dijon, 2012, p.196.

    Jean-Nicolas Schmit (? - vers 1820)

    Jean-Nicolas Schmit figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, en août 1781, il installe son atelier rue Betizy et connaît immédiatement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs du temps. La perfection de ses mouvements attire notamment l’attention des deux directeurs de la Manufacture du duc d’Angoulême : Dihl et Guérhard, qui le font collaborer pour la réalisation de la quasi-totalité des mécanismes des pendules créées par leur entreprise. Enfin, relevons que certains documents anciens mentionnent des pendules de cet horloger chez les plus grands amateurs d’art de l’époque, citons notamment celles décrites au moment des inventaires après décès de Son Excellence Jean-Etienne-Marie de Portalis, conseiller d’état de Napoléon, et de l’épouse de Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot, duc de Rohan et cousin du roi Louis XV.



    Furet  -  Coteau
    Jean-Baptiste-André Furet (vers 1720-1807)
    Joseph Coteau (1740-1801)

    Rare pendule de cheminée dite « aux vestales » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

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    « Furet à Paris »

    Le cadran émaillé par à Joseph Coteau

    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur44 Largeur40 Profondeur12

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Furet à Paris » et « Coteau », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et balancier à masque solaire, est renfermé dans une superbe caisse entièrement sculptée dans un bloc de marbre blanc statuaire dit « de Carrare » agrémentée de bronze très finement ciselé et doré à l’or mat. L’amortissement est orné de Cupidon guerrier debout sur des nuées, portant un casque, tenant une lance et s’appuyant sur son bouclier, son carquois est posé à ses pieds. De part et d’autre, sont deux figures féminines représentant des vestales, l’une, couronnée de roses, semble retenir le jeune dieu par une aile, l’autre tient un branchage fleuri dans sa main droite. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire dont les côtés arrondis sont à réserves ornées de courses de branches de laurier et la façade à panneau en léger relief à décor de putti musiciens dans des nuées. Enfin, six pieds évasés moulurés supportent l’horloge.

    La composition particulièrement originale et unique de cette rare pendule, ainsi que la qualité exceptionnelle du traitement sculptural de l’œuvre, en font l’une des pendules sculptées en marbre parmi les plus élaborées et les plus abouties de son époque. Travaillée dans un seul et même bloc de marbre de Carrare, sélectionné avec rigueur par le sculpteur pour sa perfection, le groupe et la terrasse ne forment qu’un seul et même élément, représentant un véritable tour de force et démontrant ainsi la parfaite maîtrise technique de l’artiste. En l’occurrence, des artistes, car nous attribuons cette œuvre, marquée d’élégance et de raffinement, à deux frères, Joseph (vers 1740-1807) et Jean-Baptiste-Ignace Broche (1741-1794), célèbres sculpteurs parisiens qui travaillèrent quelques années à la Manufacture de Sèvres sous la direction d’Etienne-Maurice Falconet (1716-1791), l’une des principales figures du Néoclassicisme du deuxième tiers du XVIIIe siècle (voir le catalogue de l’exposition Falconet à Sèvres ou l’Art de plaire 1757-1766, Musée national de Céramique, Sèvres, RMN, Paris, 2001).

    Jean-Baptiste-André Furet (vers 1720 - 1807)

    L’un des plus importants horlogers parisiens du règne de Louis XVI, il signait « Furet à Paris ». Fils et petit-fils d’horlogers, il accède à la maîtrise le 18 novembre 1746 en tant que fils de maître et installe son atelier rue Saint-Honoré. Il s’associe dans un premier temps avec son père, puis reprend le fonds de commerce paternel et rencontre une grande notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie de luxe lui permettant notamment de recevoir le titre d’Horloger Ordinaire du Roi pour sa Bibliothèque. A l’instar des plus importants horlogers parisiens de son époque, Furet collabore avec les meilleurs artisans de son temps, en travaillant avec les fondeurs Thomire, Vion et Blavet, l’émailleur Coteau et les frères Broche pour la sculpture.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Ravrio  -  Dubuisson
    André-Antoine Ravrio (1759-1814)
    Dubuisson (1731-1815)

    Importante pendule de cheminée à figure mythologique en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

    « Le Char de Diane chasseresse »

    Pendule405-03_HD_WEB

    Probablement David-Frédéric Dubois

    Le cadran émaillé attribué à Etienne Gobin, dit Dubuisson

    Dans une caisse attribuée à Antoine-André Ravrio

    Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

    Hauteur46 Largeur53.5 Profondeur16.5

    Le cadran annulaire émaillé fond bleu, signé « Dubois R.S.Hre N°207 à Paris », indique dans des cartouches fond blanc les heures en chiffres romains et les graduations des minutes sur sa bordure extérieure par deux aiguilles œil-de-perdrix en acier poli-bleui dites « Breguet » ; il s’inscrit dans la roue d’un char tiré par deux lévriers galopant dans lequel se trouve une superbe figure féminine en pied représentant Diane chasseresse ; la déesse est vêtue d’une tunique légère « à l’antique » et s’apprête à décocher une flèche. Le bige est décoré d’une tête de cerf bramant et d’un bandeau à feuilles de chêne agrémentées de glands ; la terrasse est agrémentée de branchages de chêne et d’un trophée de chasse. L’ensemble est supporté par une base quadrangulaire à côtés arrondis ceinturée d’enfilages de perles et olives alternées et d’une frise repercée à crosses rythmées de palmettes et feuillages stylisés. Enfin, six pieds toupies également ouvragés de frises moletées supportent l’horloge.

    Avant l’époque Empire, le char constitue rarement un élément privilégié pour la réalisation des pendules parisiennes. Cela était certainement dû à la problématique à laquelle étaient confrontés les horlogers du XVIIIe siècle : intégrer leurs mouvements et leurs cadrans à ce type de compositions. Cette difficulté sera habilement surmontée par les artisans du début du siècle suivant qui parvinrent à inscrire leurs cadrans dans les roues des chars. En considérant plus précisément le modèle que nous proposons, sa composition particulièrement originale peut être rattachée à l’œuvre de l’un des plus importants bronziers parisiens de l’époque Empire : Antoine-André Ravrio. De nos jours, parmi les rares pendules connues réalisées dans le même esprit mais tirées par des cervidés, citons particulièrement : un premier exemplaire, commandé pour le Palais Het Loo à Apeldoorn, qui appartient aux collections royales hollandaises à La Hague (reproduit dans Royal Clocks in Paleis Het Loo, A Catalogue, 2003, p.38) ; ainsi qu’un second, le mouvement signé « Armingault à Paris », qui a la particularité de figurer un char tiré par un seul cervidé (paru dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.419, fig. G). Enfin, mentionnons particulièrement qu’une pendule identique à celle que nous proposons, mais sur une base en marbre vert de mer, appartient aux collections de l’Ecole d’Horlogerie de Dreux, tandis qu’une seconde fait partie des collections du Château de Hesse à Darmstadt (voir M. Gay et A. Lemaire, « Les pendules au char », in Bulletin de l’Association nationale des Collectionneurs et Amateurs d’Horlogerie ancienne, printemps 1993, n°66, p.37).

    André-Antoine Ravrio (1759 - 1814)

    Antoine-André Ravrio figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et du Premier Empire. Fournisseur attitré du Garde-meuble impérial, Ravrio participe, aux côtés de Pierre-Philippe Thomire et de Claude Galle, au réaménagement des principales résidences de l’empereur Napoléon et à la fourniture de nombreux bronzes d’ameublement pour les grandes personnalités de l’époque, notamment certains maréchaux d’Empire. De nos jours, certaines de ses réalisations appartiennent aux collections du Mobilier national à Paris et  à de grandes collections publiques et privées internationales.



    Dubuisson (1731 - 1815)

    Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



    Bertrand  -  Rémond  -  Coteau
    Joseph-Charles-Paul Bertrand (1746-1789)
    François Rémond (vers 1747-1812)
    Joseph Coteau (1740-1801)
    Edmé-Portail Barbichon
    Dominique Daguerre

    Exceptionnelle pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

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    Les bronzes attribués à François Rémond

    Les cadrans par Joseph Coteau et Edmé-Protail Barbichon

    L’ensemble certainement réalisé sous la direction de Dominique Daguerre

    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur54.5 Largeur40.2 Profondeur12.5

    Provenance :

    Paris, collection privée.

     

    Le cadran principal annulaire émaillé blanc, signé « Cles Bertrand Her de L’académie des Sciences », indique les heures, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré, et bat les secondes par une trotteuse centrale. Il est flanqué de deux cadrans auxiliaires également de forme annulaire à riche décor émaillé, l’un par Barbichon marquant les jours de la semaine associés à des cartouches renfermant des figures mythologiques ou allégoriques relatives aux planètes, l’autre par Coteau indiquant le calendrier annuel avec les mois et les jours de l’année associés à des cartouches ovalisés à décor de leurs signes zodiacaux respectifs. L’ensemble s’inscrit dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare ». La boite circulaire, renfermant le mouvement à sonnerie des heures et demi-heures, est surmontée d’une urne chargée d’un bouquet fleuri et feuillagé et supportée par deux aigles à corps à larges feuilles d’acanthe reposant sur des doubles pattes ; ils tiennent dans leurs becs des guirlandes soulignant les deux cadrans auxiliaires et sont coiffés d’un plumet émergeant d’un panache de feuilles nervurées. Le tout repose sur une base quadrangulaire à moulure en cavet foncée d’un enfilage de perles et agrémentée de réserves à panneaux en léger relief représentant des putti musiciens ou allégoriques dans des nuées traités dans le goût du sculpteur Clodion. Enfin, quatre pieds à bagues moulurées, cannelures et feuillages, supportent l’horloge.

    D’une qualité exceptionnelle de ciselure et de dorure, la pendule que nous proposons se distingue également par sa composition particulièrement originale qui s’inspire plus ou moins directement de certains projets d’ornemanistes parisiens du temps, notamment de ceux de Jean-Démosthène Dugourc (1749-1825), l’un des plus talentueux et surtout l’un des principaux initiateurs des nouvelles tendances décoratives avant-gardistes du dernier tiers du XVIIIe siècle. Elle peut être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre de l’horlogerie parisienne de luxe du dernier quart du XVIIIe siècle. En effet, à ce jour, aucune autre horloge identique n’est connue, ce qui en fait un modèle unique, de toute évidence commandé tout spécialement à la demande de l’un des principaux amateurs parisiens de l’époque. Cette hypothèque semble confirmer par l’association de deux des meilleurs émailleurs de l’époque : Joseph Coteau et Edmé-Protail Barbichon, qui durent collaborer sur une même pièce, chose rarissime pour des émailleurs ; cette particularité peut s’expliquer par la personnalité très probable du destinataire, un donneur d’ordre puissant impatient de voir l’aboutissement de l’ameublement et de la décoration de sa luxueuse demeure parisienne.

    Joseph-Charles-Paul Bertrand (1746 - 1789)

    Joseph-Charles-Paul Bertrand, dit Charles Bertrand (Nettancourt 1746-Paris 1789) figure parmi les plus importants horlogers parisiens du règne de Louis XVI. Après avoir effectué son apprentissage chez Eustache-François Houblin, il reçoit ses lettres de maîtrise le 20 février 1772 et installe son atelier rue Montmartre. En l’espace de quelques années, il acquiert un grande notoriété pour la perfection de ses mouvements et est nommé « Horloger de l’Académie Royale des Sciences ». Spécialisé dans la réalisation de pendules squelettes ou à complication, il collabore avec les meilleurs artisans du temps pour la création des caisses de ses horloges, notamment avec Knab pour les boîtiers, Barbichon, Coteau et Borel pour les cadrans, et Jean-Joseph de Saint-Germain et François Vion pour les bronzes. Il se compose une riche clientèle issue du monde de la finance et de la haute aristocratie, parmi laquelle figuraient la marquise de Lambertye et Harenc de Presle ; pour ce dernier il réalisa une belle pendule vase décrite en avril 1795 lors de la vente de la collection de cet amateur : « Un riche vase, de belle forme, enrichi d’anses à double rinceau, avec couvercle, à guirlandes de roses, surmonté d’une pomme de pin, dans le milieu du vase et sur le bandeau on a placé un rond entouré de pierres fausses, avec cadran de montre émaillé de Charles Bertrand, le culot du vase est à côtés saillants de piédouche, élevé sur fût de colonne cannelée, dont la base à tores de laurier. Hauteur 14 pouces, diamètre 8 ».

    Enfin, signalons que de nos jours certaines pendules de cet horloger sont conservées dans les plus grandes collections publiques internationales, citons particulièrement celles qui sont exposées au Metropolitan Museum of Art de New York, au Musée national des Techniques à Paris et à la Walters Art Gallery de Baltimore.



    François Rémond (vers 1747 - 1812)

    À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Edmé-Portail Barbichon

    Edmé-Portail Barbichon était l’un des meilleurs émailleurs de la deuxième partie du XVIIIème siècle. Son nom est associé à ceux des meilleurs horlogers, y compris Ferdinand Berthoud et Charles Bertrand.



    Dominique Daguerre

    Dominique Daguerre est le plus important marchand-mercier, comprenez marchand d’objets de luxe, du dernier quart du XVIIIe siècle. Ses débuts de carrière restent relativement méconnus et l’on peut considérer qu’il démarre véritablement son activité à partir de 1772, année de son association avec Philippe-Simon Poirier (1720-1785), autre marchand-mercier célèbre et inventeur des pièces d’ébénisterie agrémentées de plaques de porcelaine de la Manufacture royale de Sèvres. Lorsque Poirier se retire des affaires, vers 1777-1778, Daguerre prend la direction du magasin rue du Faubourg Saint-Honoré et garde la raison sociale « La Couronne d’Or ». Conservant la clientèle de son prédécesseur, il développe considérablement l’activité en quelques années et joue un rôle de premier plan dans le renouveau des arts décoratifs parisiens de l’époque en faisant travailler les meilleurs ébénistes du temps, particulièrement Adam Weisweiler, Martin Carlin et Claude-Charles Saunier, le menuisier du Garde-Meuble de la Couronne, Georges Jacob, les bronziers ou ciseleurs-doreurs Pierre-Philippe Thomire et François Rémond et les horlogers Renacle-Nicolas Sotiau et Robert Robin. Ayant porté le luxe « à la française » à son summum, Daguerre, visionnaire et homme d’affaires hors du commun, s’installe en Angleterre vers le début des années 1780 et s’associe avec Martin-Eloi Lignereux, qui reste en charge du magasin parisien. A Londres, patronné par le prince Régent, futur roi George IV, Daguerre participe activement à l’aménagement et à la décoration de Carlton House et du Pavillon de Brighton, en faisant fonctionner à merveille son réseau d’artisans parisiens important de Paris la plupart des meubles, sièges, cheminées, bronzes d’ameublement et objets d’art et facturant, uniquement pour l’année 1787, plus de 14500£ de fournitures. Impressionnés par le talent du marchand, quelques grands aristocrates anglais font également appel à ses services, particulièrement le Comte Spencer pour Althorp où Daguerre collabore avec l’architecte Henry Holland (1745-1806). A Paris, il continue, par l’intermédiaire de son associé Lignereux, à travailler pour les grands amateurs et livre de superbes pièces d’ébénisterie au Garde-Meuble de la Couronne. Probablement très affecté par les troubles révolutionnaires et la disparition de nombreux de ses clients les plus importants, il se retire définitivement des affaires en 1793.