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Dihl et Guérhard  -  Schmit

Rare pendule de cheminée en porcelaine de Paris, biscuit « Wedgwood », tôle laquée à l’imitation de la porcelaine « bleu du roi » et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat

« Diane chasseresse au repos entourée d’Amours »

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Porcelaine de la Manufacture Dihl et Guérhard dite « Manufacture du duc d’Angoulême »

Cadran signé « Schmit à Paris » pour l’horloger Jean-Nicolas Schmit

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

Hauteur43 cm Largeur41 cm Profondeur12 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Schmit à Paris », indique les heures en chiffres romains, ainsi que les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes, enfin, les jours de la semaine en opposition à leurs signes planétaires, par quatre aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une caisse au thème du repos de Diane chasseresse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat, biscuit « Wedgwood », tôle laquée à l’imitation de la porcelaine « bleu du roi » et porcelaine dite « de Paris ». L’amortissement est orné d’une figure assise représentant Diane chasseresse au repos coiffée d’un croissant de lune, portant son carquois à empennage de flèches et tenant son arc ; elle repose sur le tambour, lui-même porté par un entablement à base à frise de feuilles d’eau agrémenté d’enfilages de perles et de disques et décoré d’un panneau en biscuit fond bleu représentant un putto sur un dauphin. La déesse est flanquée de deux amours ailés reposant sur des enrochements et tenant ou tendant des guirlandes fleuries ou feuillagées. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à angles arrondis et ressaut en façade rythmée de réserves à cadres à perles et olives enserrant des panneaux à fond bleu à motifs dorés de rinceaux, fontaines et volatiles, le panneau central de la façade porte un cartouche signé « Manufacture de Mgr le Duc d’Angouleme à Paris » (Mgr est l’abrégé de Monseigneur). Enfin, huit pieds à bandeaux à frises de canaux supportent l’horloge.

Le thème du repos de Diane après la chasse est l’un des thèmes privilégiés par les horlogers parisiens dans le dernier quart du XVIIIe siècle, toutefois, relevons que la pendule que nous proposons se distingue par l’élégance de sa composition et par ses divers matériaux tels que le bronze doré, la porcelaine et le biscuit « Wedgwood » qui en font sa rareté. Ainsi, nous connaissons quelques horloges en bronze figurant la déesse, notamment un exemplaire, d’un dessin différent, qui est conservé au château d’Ehrenburg à Cobourg (voir L. de Gröer, Les arts décoratifs de 1790 à 1850, Fribourg, 1985, p.288, fig.550) ; mais, surtout, relevons qu’il existe quelques pendules entièrement en bronze et de composition nettement moins élaborée qui mettent en scène une figure de Diane identique reposant sur le tambour, citons particulièrement un premier modèle qui est paru dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.252 ; ainsi qu’un second qui est reproduit dans Tardy, La pendule française dans le monde, Paris, 1994, p.305 ; l’auteur illustre également un dessin anonyme représentant cette même thématique, peut-être un dessin tiré de l’album commercial d’un horloger actif sous Louis XVI (Tardy, op.cit., p.13).

La Manufacture Dihl et Guérhard  ou La Manufacture du duc d’Angoulême

La Manufacture Dihl et Guérhard est appelée « Manufacture du duc d’Angoulême » car elle fut patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasmus Dihl et les époux Guérhard. Dès la reprise de l’activité, les associés firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres dans les dernières années du XVIIIe siècle et sous le règne de Napoléon. Après la chute de l’Ancien Régime, la manufacture crée de nouveaux modèles, notamment des groupes ou des figures non émaillés, particulièrement appréciaient lorsque ils étaient montés en « grandes pendules en beau biscuit » ; la manufacture se distingue tout au long de son activité par l’exceptionnelle qualité de ses modèles, particulièrement les pendules très recherchées par les grands amateurs parisiens de l’époque (Dictionnaire universel de la géographie commerçante, Tome V, p.325 ; cité dans R. de Plinval de Guillebon, Les biscuits de porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 2012, p.199).



Jean-Nicolas Schmit (? - vers 1820)

Jean-Nicolas Schmit figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, en août 1781, il installe son atelier rue Betizy et connaît immédiatement une grande notoriété auprès des grands collectionneurs du temps. La perfection de ses mouvements attire notamment l’attention des deux directeurs de la Manufacture du duc d’Angoulême : Dihl et Guérhard, qui le font collaborer pour la réalisation de la quasi-totalité des mécanismes des pendules créées par leur entreprise. Enfin, relevons que certains documents anciens mentionnent des pendules de cet horloger chez les plus grands amateurs d’art de l’époque, citons notamment celles décrites au moment des inventaires après décès de Son Excellence Jean-Etienne-Marie de Portalis, conseiller d’état de Napoléon, et de l’épouse de Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan-Chabot, duc de Rohan et cousin du roi Louis XV.