Rare pendule de cheminée dite « à l’Orientale assise en tailleur » en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

Cadran signé « Mollard à Paris » pour l’horloger Mollard
« actif à Paris vers 1800-1810 »
Dans une caisse attribuée au fondeur Claude Galle
Paris, époque Empire, vers 1805
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Mollard à Paris », indique les heures, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé, gravé et doré. Le mouvement, à suspension à fil et à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’amortissement est orné de nuées centrées d’une torche enflammée ailée ; la boite circulaire est supportée par une superbe figure féminine représentant une Orientale assise en tailleur, les jambes croisées, vêtue d’une tunique « à la grecque », ses cheveux enturbannés et levant une draperie à franges au-dessus de sa tête. Elle repose sur un coussin gravé de tiges et de courses feuillagées et agrémenté de passementerie aux angles. L’ensemble est supporté par une base quadrangulaire à motifs en applique en façade d’un losange centré d’un mascaron et flanqué de palmes et tiges stylisées, cette base est elle-même posée sur un socle rectangulaire ceinturé d’une doucine à angles à acanthes et frises alternées de lambrequins et tigettes.
La pendule que nous proposons présente une composition élaborée, particulièrement dans le traitement original de la représentation de la figure féminine assise en tailleur, les jambes croisées « à l’orientale » ; cette pose semble plus ou moins s’inspirer directement de certaines sculptures antiques égyptiennes représentant des figures assises, dont un modèle étonna le comte de Caylus qui l’illustra au XVIIIe siècle dans son célèbre Recueil d’Antiquités égyptiennes.
Ce rare modèle se distingue par la qualité exceptionnelle de sa dorure et de sa ciselure nous permettant de le rattacher à l’œuvre de Claude Galle, l’un des plus importants bronziers parisiens de l’époque Empire, auteur notamment d’une pendule créée vers 1805 représentant une jeune Egyptienne debout soutenant de ses deux bras levés une draperie entourant le mouvement, dont un exemplaire est conservé au Mobilier national à Paris (illustré dans M-F. Dupuy-Baylet, Pendules du Mobilier national 1800-1870, Editions Faton, Dijon, 2006, p.114, n°49). A la même époque, le bronzier déclina ces mêmes figures en candélabres, dont un exemplaire est illustré dans I. Sychev, The Russian Chandeliers 1760-1830, P.V.B.R., 2003, p.193, fig.979 ; tandis qu’une paire est reproduite dans G. et R. Wannenes, Les bronzes ornementaux et les objets montés, De Louis XIV à Napoléon III, Milan, 2004, p.375. Enfin, relevons que parmi les rares pendules identiques répertoriées, nous pouvons citer particulièrement un premier modèle qui appartient aux collections du Musée Marmottan à Paris (Inv.745 ; legs de Paul Marmottan en 1932) ; ainsi qu’un second qui est conservé au Musée du Louvre (paru dans E. Dumonthier, Les bronzes du Mobilier national, Pendules et cartels, Editions Massin, Paris, 1911, planche 54, fig.3).
Claude Galle (1759 - 1815)
L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.
Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.
Malgré son succès, Galle s’est souvent trouvé en difficulté financière, causée en partie par son style de vie généreux et somptueux et également par l’incapacité de certains de ses clients (comme le prince Joseph Bonaparte) à payer ce qu’ils devaient. Après la mort de Galle, son fils, Gérard-Jean Galle (1788-1846), poursuivit l’activité de l’atelier. Aujourd’hui, son œuvre se trouve dans les plus importants musées et collections du monde, ceux mentionnés ci-dessus, ainsi que le musée national du château de Malmaison, le musée Marmottan à Paris, le Museo de Reloges à Jerez de la Frontera, la Residenz à Munich et le musée Victoria and Albert à Londres.
La signature « Mollard à Paris » est celle de l’horloger français Mollard, qui est actif à Paris sous l’Empire, vers les années 1800 – 1810. Il travailla notamment avec le grand bronzier Claude Galle.