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P251

Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, moleté, patiné « au naturel » et doré à l’or mat ou l’or bruni

« Jeune sauvage poussant un tonneau »

Pendule371-02_HD_WEB

Paris, époque Consulat-Empire, vers 1800-1805

Hauteur32.5 Largeur27 Profondeur10.5

Le cadran circulaire émaillé blanc, localisé « à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles et s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, moleté, patiné « au naturel » et doré à l’or mat ou à l’or bruni. La lunette est soulignée d’une frise à palmettes et filet à canaux ; le mouvement est renfermé dans un tonneau que fait rouler une superbe figure masculine représentant un jeune noir en bronze patiné « au naturel », les yeux émaillés, portant des bracelets perlés aux biceps et vêtu d’un pantalon. L’ensemble de la composition repose sur une base quadrangulaire à pans coupés, richement agrémentée de motifs en applique à décor de couronnes enrubannées ou rapaces et ornée en façade d’un riche trophée relatif au Commerce composé notamment de ballots noués, palmes, ancre, panier, tonneau et coffre sur lesquels est juché un perroquet. Enfin, la composition est supportée par quatre pieds campaniformes soulignés de frises moletées à motifs stylisés.

À la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel de Foe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement idéologique connaîtra une manifestation dans certaines créations artistiques parisiennes, essentiellement horlogères ou liées au luminaire.

C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous proposons dont le modèle, dit « jeune sauvage poussant un tonneau », figure parmi les représentations les plus rares de ce domaine particulier de l’horlogerie parisienne. Ainsi, de nos jours parmi les quelques autres modèles connus de ce type, citons particulièrement un premier exemplaire qui fut présenté en 1978 à l’Exposition « La pendule au nègre » qui se tint au Musée de l’Hôtel Sandelin à Saint-Omer (reproduit dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.238, fig.814 ; et dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.344, fig. B) ; ainsi qu’un second qui est illustré dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises de Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.308.