Rare pendule de cheminée dite « portique » en bronze très finement ciselé ou moleté, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat

Cadran signé « Deverberie et Cgnie » par le bronzier Jean-Simon Deverberie
Paris, époque Directoire – Consulat, vers 1800
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Deverberie et Cgnie/INVnit Ft à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une caisse architecturée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou moleté, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat. La lunette, ornée de frises de palmettes ou de perles, est surmontée d’une tête de lion sommeillant retenant des branches de lauriers ; le recouvrement, à corniche à débordement ceinturée d’une frise de feuilles de refend et soulignée de modillons en enroulements à palmettes stylisées, surmonte un panneau en bas-relief à décor de jeux de putti et est supporté par des pilastres, ajourés à l’arrière, et ornés, en façade, d’obélisques agrémentés de porte-torchères à feuillages et graines soutenus par deux figures féminines et terminés par un putto dansant tenant un arc et une torche enflammée ; les bases des pilastres à réserves à trophées de jardinage ; les côtés de l’horloge à réserves à rosaces ou rinceaux et fleurons. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à doucine à frise de feuilles nervurées, supportée par quatre pieds en pattes zoomorphes.
De composition particulièrement originale, cette rare pendule de cheminée réinvente brillamment le modèle portique. Sa création est due à Jean-Simon Deverberie, l’un des plus talentueux bronziers parisiens de son temps qui s’illustra notamment dans l’invention de nombreux modèles de pendules agrémentées de Nubiens dites « au bon sauvage ». Le modèle que nous proposons fut inventé par ce bronzier qui, de toute évidence pour en sauvegarder la commercialisation, déposa à la Bibliothèque nationale son dessin original sous le numéro 34 intégré à un recueil de modèles inventés par la Maison Deverberie qui est conservé de nos jours à L’Institut national d’Histoire de l’Art, ancienne Bibliothèque Jacques Doucet (voir C. Vignon, « Deverberie & Cie : Drawings, Models and Works in Bronze » in Cleveland Studies in the History of Art, Volume 8, 2003, p.170-187).
Enfin, relevons particulièrement que parmi les rares pendules répertoriées de modèle identique, un exemplaire, signé « Deverberie » et dont les ressorts sont signés et datés « Monginot 1799 », fut acquis pour le Palais royal d’Amsterdam et appartient toujours aux collections royales hollandaises (illustré dans Royal Clocks in Paleis Het Loo, A Catalogue, 2003, p.36).
Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)
Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.