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Gaulin

Importante pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, patiné et doré

« Le chasseur amérindien »

Pendule302-05_HD_WEB

« Gaulin à Paris »

Paris, époque Directoire-Consulat, vers 1800

Hauteur50.5 Largeur37 Profondeur12.5

Le cadran circulaire émaillé, signé « Gaulin à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze doré ; il est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné et doré. L’amortissement est orné d’une figure représentant un chasseur noir, coiffé en panache et vêtu d’un pagne de plumes, qui tient un arc dans son main gauche, une flèche dans sa main droite et porte son carquois rempli de flèches en bandoulière ; il est assis sur une borne à mufle de lion supportée par un char à quatre roues repercées à décor de fleurettes conduit par un animal chimérique, à tête léonine, ailes de dragon et arrière corps en double queue terminée en pointes de flèche, qui tient les rênes dans sa gueule ; de l’autre côté, est un aigle mort. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à côtés en doucine soulignés de guirlandes tombantes attachées par des pastilles et figurant en façade un riche motif en applique représentant une scène animée d’enrochements, d’une case et de palmiers, dans laquelle trois petits garçons vêtus de pagnes chassent, pêchent ou se reposent près d’un chien. Le contre-socle oblong est supporté par quatre pieds aplatis moletés de frises d’enfilages de perles et de doubles zigzags encadrés de fonds guillochés et centrés de cabochons.

A la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel Defoe, le roman « Les Incas » de Marmontel, paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme.

Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères. C’est dans ce contexte que fut créé le modèle de la pendule que nous présentons, certainement une représentation allégorique de la découverte du Nouveau Monde, qui fut décliné en deux variantes. Tout d’abord, un premier type sur lequel le personnage est assis sur une embarcation à masque de loup (voir un modèle de ce type qui est illustré dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; enfin, un second type, qui correspond à celui que nous proposons et dont quelques rares autres exemplaires sont répertoriés, citons : une première pendule qui est conservée au Musée du Nouveau Monde de La Rochelle ; ainsi qu’une seconde reproduite dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, De Louis XIV à l’Empire, Florence, 2013, p.315 ; enfin, mentionnons un dernier modèle qui appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (paru dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.59).