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Lépine  -  Boizot

Rare pendule en terre cuite à l’Égyptienne

« Uranie égyptisante ou Allégorie de la géométrie »

APF_Pendule032_05

Dans un caisse en terre cuite attribuée à Louis-Simon Boizot ou son atelier

Paris, époque Consulat, vers 1800

Hauteur40 Largeur40 Profondeur20

Le cadran circulaire émaillé, signé « Lepine Place Victoire », indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes par tranches de cinq par deux aiguilles Breguet en bronze doré, et s’inscrit dans une superbe caisse entièrement modelée en terre cuite patinée ; le cadran est ceinturé d’une lunette en bronze finement ciselé et doré à décor d’enfilage de perles et d’une frise de motifs stylisés. L’ensemble repose sur un fragment de stèle ou cippe « à l’antique » gravé de motifs de hiéroglyphes égyptiens et surmonté d’une draperie issue de la longue tunique d’une figure féminine assise sur le monument. Elle est largement drapée, la poitrine dénudée et coiffée d’un némès égyptien centré d’une étoile qui surmonte un bandeau orné de hiéroglyphes ; elle tourne sa tête vers le spectateur tandis qu’elle trace à l’aide d’un stylet une figure géométrique sur un parchemin déplié. A ses pieds, est disposé un mât enroulé dans un parchemin décoré de fines inscriptions. Le tout est supporté par une terrasse « au naturel » traitée à l’imitation de rochers et ponctuée de touffes d’herbes stylisées.

La composition particulièrement originale de cette pendule est une parfaite illustration de l’influence égyptienne sur les arts décoratifs français qui résultait de la célèbre Campagne d’Egypte, expédition militaire menée de 1798 à 1801 par le général Bonaparte pour s’emparer de l’Orient et de laquelle découlera une nouvelle mode : « l’Egyptomanie », c’est-à-dire la fascination européenne pour la culture, l’histoire et les arts de l’Antiquité égyptienne. L’autre particularité de l’horloge que nous proposons réside dans le matériau sélectionné pour sa composition : la terre cuite. En effet, à cette époque les pendules étaient essentiellement réalisées en marbres et en bronze doré et/ou patiné ; le fait qu’elle soit modelée en terre cuite pourrait suggérer que le sculpteur destinait ce modèle, quoique parfaitement abouti, à être postérieurement fondu en bronze ; cette hypothèse semble se vérifier par la connaissance d’un type de pendules en marbre et bronze de dessin quasiment identique dont un exemplaire est conservé aujourd’hui dans les collections du Musée d’art et d’histoire de Genève (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.338).

L’attribution du  modèle à l’œuvre de Louis-Simon Boizot ou son atelier s’appuie notamment sur la créativité exceptionnelle de l’atelier de ce sculpteur qui fut l’un des principaux initiateurs de l’Egyptomanie dans l’horlogerie parisienne du temps en réalisant plusieurs modèles originaux de pendules à figures égyptiennes fondus par la suite par certains bronziers talentueux tel que François Rémond ; voir notamment un exemplaire créé par Boizot, puis fondu par Rémond, qui appartient au Musée des Arts décoratifs de Prague (voir le catalogue de l’exposition Louis-Simon Boizot (1743-1809), Musée Lambinet, Versailles, 2002, p.292).

Pierre-Claude Raguet-Lépine

L’horloger du roi Pierre-Claude Raguet, dit Raguet-Lépine, travaille avec son beau-père Jean-Antoine I Lépine (1720-1814). Né à Dôle, Pierre-Claude épouse en 1782 Pauline, la fille de Jean-Antoine. Il investit 16,000 livres dans l’affaire de son beau-père, en acquit un intérêt d’un tiers en 1783 et lui succède en juin 1784 sous le nom de « Lépine à Paris, Horloger du Roi ». Raguet-Lépine est membre du jury responsable de choisir le nouveau système horaire républicain (1793); en 1805 il est nommé horloger breveté de sa majesté l’Impératrice-Reine ; quatre ans plus tard il devient horloger de l’Impératrice Joséphine. Il compte parmi sa clientèle Napoléon I, Jérôme roi de Westphalie, Charles IV roi d’Espagne, les princes Talleyrand, Kourakine (l’ambassadeur russe), Schwarzenberg (l’ambassadeur autrichien), le comte de Provence et les filles de Louis XV au château de Bellevue.

Son succès est tel qu’il a besoin de nombreux collaborateurs. Certains de ses parents travaillent avec lui : Jean-Antoine II Lépine qui est son chef d’atelier ; Jean-Louis Lépine à Genève et Jacques Lépine à Kassel en Allemagne. Ses boîtes sont faites par les meilleurs bronziers : Pierre-Philippe Thomire, F. Rémond, F. Vion, E. Martincourt, les Feuchères et les Duports ; les meilleurs émailleurs peignent ses cadrans : Coteau, Dubuisson, Cave, Merlet et Barbichon. De nos jours on trouve les œuvres de Raguet-Lépine au Musée du Louvre, au château de Compiègne, dans la British Royal Collection, au Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds, au Deutsches Uhrenmuseum à Furtwangen, au château Wilhemshöhe à Kassel, dans le Patrimonio Nacional d’Espagne, l’Hermitage de Saint Pétersbourg, dans le Detroit Institute of Arts et dans le Minneapolis Institute of Arts.



Louis-Simon Boizot (1743 - 1809)

Le fils d’Antoine Boizot, qui travailla à la Manufacture de Tapisseries des Gobelins , Boizot est formé dans l’atelier du sculpteur René-Michel Slodtz (1705–1764), qui forma également Houdon. Boizot épouse Marguerite Virginie Guibert, la fille du sculpteur Honoré Guibert. En 1778 il est admis à l’Académie royale de peinture et de sculpture and expose aux salons annuels jusqu’en 1800. Ses bustes de Louis XVI et de Joseph II, créées en 1777, sont produits en porcelaine à Sèvres.

De 1773 à 1800 Boizot dirige l’atelier de sculpture de la Manufacture de Sèvres, produisant une série de figures en biscuit de porcelaine, au fini mat ressemblant au  marbre.

Boizot crée également des modèles en terre cuite pour des boîtes de pendules en bronze doré, comme celle de la pendule allégorique dite « d’Avignon », faite en 1777 par le bronzier Pierre Gouthière et aujourd’hui dans la Wallace Collection de Londres.



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