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Deverberie
Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

Rare pendule de cheminée dite « à l’Indienne d’Amérique » en bronze finement ciselé, patiné ou doré

Pendule187_07

Paris, époque Empire, vers 1812-1815

Hauteur59 Largeur41.5 Profondeur10

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Inv. Fec. de Verberie & Cgnie/rue des fossés du Temple n°47/A Paris », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré ; il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, doré ou patiné. La lunette est soulignée de frises stylisées ou perlées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure féminine représentant une chasseresse noire assise, vêtue d’un pagne de plumes, portant un carquois à empennages de flèches en bandoulière, les cheveux retenus par une coiffe à panache de plumes et les yeux en verre traités « au naturel » ; elle porte des bijoux tels que colliers, bracelets de chevilles ou de biceps et pendentifs d’oreilles en corail ; elle tient un arc dans sa main droite, une lance dans l’autre main et pose son pied gauche sur la tête d’un serpent dont la queue vient s’entortiller autour d’un palmier disposé de l’autre côté de la composition. L’ensemble repose sur une arche, à motifs feuillagés dans des réserves, agrémentée en applique de pastilles en émail bleu avec paillons d’or étoilés reposant sur quatre pattes léonines ; cette arche est elle-même supportée par une base quadrangulaire en marbre blanc statuaire posée sur quatre pieds en galets.

Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Elles font écho à un courant philosophique développé dans quelques grands ouvrages littéraires et historiques, notamment Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1787 qui dépeint l’innocence de l’Homme, Atala de Chateaubriand qui restaure l’idéal chrétien et surtout le chef-d’œuvre de Daniel Defoe publié en 1719 : Robinson Crusoé. Le dessin original de la pendule proposée, titré « l’Amérique », fut déposé en l’An VII par le fondeur-ciseleur parisien Jean-Simon Deverberie (1764-1824), l’un des plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant dont l’atelier était installé successivement rue Barbette en 1800, rue du Temple en 1804, enfin rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820 ; le dessin est illustré dans D. et P. Fléchon, « La pendule au nègre », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.32, photo n°3.

 

Parmi les exemplaires de pendules connues de composition similaire, mentionnons notamment deux modèles sur haute base à doucine : le premier est conservé à la Fondation Andrès de Ribera à Jerez de la Frontera (illustré dans Catalogo ilustrado del Museo de Relojes, 1982, p.39) ; tandis que le deuxième appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (reproduit dans le catalogue de l’exposition « De noir et d’or, Pendules « au bon sauvage » », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993). Enfin, citons particulièrement deux autres pendules sur lesquelles les figures reposent également sur des arches, variante rarissime du modèle classique précédent : le premier est paru dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.237, fig.809 ; tandis que le second présente une arche également agrémentée de pastilles émaillées bleu avec paillons dorés (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.352, fig. A).

Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.