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Ravrio  -  Mesnil

Rare pendule de cheminée dite « L’Enéïde » en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre rouge griotte

Pendule447-03_BD_MAIL

« Mesnil horloger »

La caisse réalisée par André-Antoine Ravrio (1759-1814)

Paris, époque Empire, vers 1805

Hauteur65 cm Largeur41,5 cm Profondeur17,5 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Ravrio Bronzier à Paris/Mesnil Hger » (‘hger’ est le raccourci pour ‘horloger’), indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en acier poli-bleui œil-de-perdrix, dites « Breguet », et s’inscrit dans une caisse néoclassique à personnage de l’Antiquité entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre rouge griotte. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une borne agrémentée de carquois ailés, couronnes enrubannées se détachant sur des trompes croisées et guirlande fleurie et feuillagée nouée par des rubans ; la borne est ceinturée dans sa partie basse par un large motif en frise alternée de feuilles stylisées rythmées de palmettes, fleurons à enroulements de tigettes et fleurettes ; servant de piédestal, elle supporte un superbe buste d’homme barbu couronné de lauriers et vêtu « à l’antique » représentant Homère, dont le nom est gravé sur le piédouche à double volute ; sur la terrasse sont un sceptre, symbole de la gloire éternelle du poète, et deux parchemins partiellement enroulés laissant voir deux titres « Iliade » et « Odyssée », les deux poèmes homériques relatant la Guerre de Troie. Appuyé contre la borne, à la droite du spectateur, est un homme drapé contemplant le buste du poète, il tient un stylet et déroule un parchemin posé sur sa cuisse gauche qui repose sur un petit tabouret à décor de rinceaux sur fond amati, deux volumes enroulés à ses pieds portent les titres « Eneide » et « Georgiques », ils renvoient au personnage qui figure Virgile, célèbre poète romain. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire en marbre rouge griotte décorée en façade d’un bas-relief représentant Virgile lisant l’Enéide devant Auguste et Livie ; à l’arrière, Octavie, sœur d’Auguste, s’évanouit en entendant les vers dans lesquels le poète évoque son fils Marcellus. Enfin, quatre pieds aplatis soulignés de frises de canaux supportent l’horloge.

La thématique de cette rare pendule de cheminée est un éloge à la poésie antique, ici personnalisés par Homère et Virgile, deux des plus importants poètes de l’Antiquité classique.

De nos jours, parmi les rares pendules répertoriées de composition identique avec certaines variantes, citons notamment trois modèles de grandes dimensions sur lesquels une figure féminine est représentée à la gauche de la composition : le premier fait partie des collections du Château de Fontainebleau (n° d’inventaire F4076) et est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, 1986, Tome I, p.352, fig. 5.8.2 ; le deuxième est inscrit à l’inventaire du Mobilier national à Paris (n° d’inventaire GML-10486-000) (voir M-F. Dupuy-Baylet, Pendules du Mobilier National 1800-1870, Éditions Faton, Dijon, 2006, p.64-65) ; le troisième et dernier est exposé au Kunstindustrimuseet de Copenhague (reproduit dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.370). Enfin, relevons particulièrement qu’une pendule de mêmes dimensions que celle que nous proposons, nettement moins élaborée, plus tardive, étonnamment jumelée à une seconde pendule reprenant la figure féminine de la grande version et sur laquelle le buste d’Homère est remplacé par celui de Socrate, est conservée dans la collection historique du Musée Tsarskoïe Selo, près de Saint-Pétersbourg (n° d’inventaire ЕД-364-IV ; ЕД-365-IV) (reproduite dans Tatiana V. Serpinskaya, Fine Art Bronze in the Collections of Tsarskoye Selo, Aurora Art Publishers, Saint-Pétersbourg, 2009, p.152-153).

Mesnil

La mention « Mesnil » correspond de toute évidence à la signature de l’un des membres de la famille Dugrandmesnil ou Dumesnil, dynastie d’horlogers parisiens qui semble avoir sensiblement raccourci son patronyme à la Révolution pour éviter tout malentendu vis-à-vis des comités révolutionnaires. Sur de nombreux cadrans, le nom de Mesnil est associé à celui de l’artisan Ravrio avec lequel il collabora régulièrement sous l’Empire. Dès cette époque, certaines de ses pendules étaient mentionnées dans certaines grandes collections, mentionnons notamment celles brièvement décrites dans les inventaires après décès du général Joseph-Félix Lazowski, du marquis Germain Garnier, d’Emmanuel-Marie-Louis marquis de Noailles, ambassadeur de France à Vienne, de Louis-Alexandre Berthier prince de Wagram et de Son Excellence Michel Ney prince de la Moskowa, ancien maréchal de l’Empereur Napoléon.



André-Antoine Ravrio (1759 - 1814)

Antoine-André Ravrio figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et du Premier Empire. Fournisseur attitré du Garde-meuble impérial, Ravrio participe, aux côtés de Pierre-Philippe Thomire et de Claude Galle, au réaménagement des principales résidences de l’empereur Napoléon et à la fourniture de nombreux bronzes d’ameublement pour les grandes personnalités de l’époque, notamment certains maréchaux d’Empire. De nos jours, certaines de ses réalisations appartiennent aux collections du Mobilier national à Paris et  à de grandes collections publiques et privées internationales.