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Choiselat

Rare pendule de cheminée dite aux jeunes porteurs noirs en bronze finement ciselé, patiné et doré

Pendule_483-09_HD_WEB

La caisse attribuée au bronzier parisien Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien (1784-1853)

Paris, époque Empire, vers 1810

Hauteur46,5 cm Largeur32,5 cm Profondeur14 cm

Bibliographie :

– Dominique et Chantal Fléchon, « La pendule au nègre », in Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.27-49.

 

Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré fixées au centre du cadran. Le mouvement, sonnant les heures et les demies-heures, s’inscrit dans une boite circulaire, soulignée de pampres de vigne, fixée à un palanquin porté sur un brancard reposant sur les épaules de superbes figures représentant deux jeunes noirs, aux yeux émaillés, portant des boucles d’oreilles rouges et vêtus de pagnes de plumes. A l’amortissement, posé sur une terrasse unie, est un groupe de deux jeunes personnages assis sur une souche, un chien posant ses pattes avants sur la cuisse droite du jeune homme discutant avec la jeune femme qui se retourne ; représentations des jeunes héros Paul et Virginie du roman de Bernardin de Saint-Pierre. L’ensemble de la composition est supporté par une haute base quadrangulaire à côtés arrondis agrémentée, en façade, de motifs en applique figurant deux limoniers agrémentés de pampres qui encadrent une scène semi-circulaire en léger-relief représentant le naufrage du Saint-Géran, l’un des épisodes marquants du roman de Bernardin de Saint-Pierre ; enfin, quatre pieds aplatis rythmés de frises de fins canaux supportent l’horloge.

A la fin du XVIIIe siècle, sous l’impulsion des écrits philosophiques de Jean-Jacques Rousseau qui exaltait les vertus morales du retour à la Nature à travers le mythe du « bon sauvage », l’engouement pour l’exotisme fut tout particulièrement mis à la mode par la littérature contemporaine. Ainsi, le prodigieux succès littéraire de « Paul et Virginie » de Bernardin de Saint-Pierre en 1788, héritier lointain du fameux « Robinson Crusoé » de Daniel de Foe, le roman « Les Incas » de Marmontel paru en pleine guerre de l’indépendance américaine, ainsi qu’« Atala » de Chateaubriand publiée en 1801, vont profondément bouleverser l’approche européenne des autres civilisations et même faire plonger la culture du vieux continent dans une forte nostalgie romantique liée à la quête d’un Eden païen régénéré par le christianisme. Comme souvent dans les arts décoratifs français, ce bouleversement aura sa manifestation dans certaines créations artistiques, essentiellement horlogères ou liées au luminaire. C’est dans ce contexte que fut créée la pendule que nous présentons, dont le modèle, dit « aux jeunes porteuses noires », est l’une des représentations les moins communes des pendules dites « au nègre ».

Ainsi, parmi les rares autres horloges connues de dessin similaire, avec toutefois des variantes dans la composition, citons : un premier exemplaire, sur lequel l’amortissement est formé d’une guenon, qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.344 ; ainsi qu’un deuxième, du même modèle que le précédent et réalisé par le bronzier Louis-Isidore Choiselat, dit Choiselat-Gallien, qui est reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.379, fig.5.15.20 ; cela nous permet d’attribuer la pendule présentée à cet important bronzier parisien de l’époque Empire. Enfin, mentionnons particulièrement deux pendules identiques à celle que nous proposons : la première est conservée dans les célèbres collections d’horlogerie du Musée François Duesberg à Mons (parue dans le catalogue de l’exposition « De Noir et d’Or, Pendules ‘au bon sauvage’ », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993) ; tandis que la seconde, anciennement dans la collection Renoncourt, est illustrée dans S. Chadenet, Les styles Empire et Restauration, Editions Baschet et Cie, Paris, p.177, fig.1.