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Époques : Louis XVI

  • Robin  -  Coteau  -  Thomire
    Robert Robin (1741-1799)
    Joseph Coteau (1740-1801)
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)
    Dominique Daguerre

    Exceptionnel régulateur de bureau à « remontoir d’égalité »

    « Modèle royal »

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    Cadran signé par l’horloger Robert Robin (1741-1799)

    Cadran émaillé par Joseph Coteau (1740-1812)

    Dans une caisse attribuée à Pierre-Philippe Thomire

    L’ensemble probablement réalisé sous la supervision de Dominique Daguerre

    Paris, époque Louis XVI, vers 1781

    Hauteur41 cm Largeur22 cm Profondeur17 cm

    Cette exceptionnelle pendule, de type régulateur «  de bureau » ou « de cheminée », figure parmi les réalisations horlogères parisiennes les plus luxueuses de la fin du règne de Louis XVI. Son mouvement à complications perfectionné, à échappement Graham et à remontoir d’égalité dit « à force constante », est actionné par un balancier à gril bimétallique oscillant et par deux poids-moteurs, dont le sens de remontage est indiqué à l’arrière de la porte de façade sur une platine inscrite : « Remonté à gauche/(faite) passer le quantième ». L’ensemble est renfermé dans une superbe caisse architecturée en forme de borne néoclassique « à l’antique » entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat pourvue sur l’ensemble de ses faces et sur son recouvrement de panneaux vitrés destinés à visualiser la complexité et la perfection du mouvement et son fonctionnement. Cette caisse, reposant sur quatre pieds quadrangulaires, est richement agrémentée de motifs à décor d’un cavet à frise alternée de canaux et acanthes ceinturant le chapiteau, de frises à enfilages de perles soulignant la corniche et la lunette, d’écoinçons à feuilles d’acanthe et de laurier, d’encadrements en baguettes alternées de fleurettes et rubans, d’une frise de feuilles d’eau stylisées rythmant la base et, suivant le dessin curviligne du cadran, d’une superbe draperie tombante agrémentée de franges et d’une guirlande feuillagée.

    Le cadran, signé « Robin Hger du Roi », est un véritable chef-d’œuvre et porte également la signature du plus célèbre émailleur de l’époque : Joseph Coteau (le contre-émail porte la marque « Coteau » et la date « 1781 »). Il indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, les secondes, les quantièmes du mois, les mois de l’année, l’équation du temps, marquant la différence entre le Temps vrai et le Temps moyen, enfin, il indique sur sa bordure extérieure les douze signes du zodiaque représentés en polychromie dans des médaillons ovalisés inscrits dans une course de fins branchages entrelacés or. Cinq aiguilles marquent les indications : deux en cuivre repercé et doré, deux en acier poli-bleui et une cinquième en acier poli ponctué d’un soleil pour l’indication de l’Equation du Temps. Le mouvement porte l’indication « Netoyage par Lesieur 1er février 1808 » ; les ressorts sont signés et datés « Robin janvier 1781 ».

    Cette pendule doit être considérée comme la quintessence de l’horlogerie parisienne de luxe du règne de Louis XVI qui se destinait à quelques grands amateurs, souvent des personnalités proches de la famille royale. Certains documents anciens nous permettent de mieux tenter de connaître le type de collectionneurs susceptibles de posséder de tels chefs-d’œuvre. C’est ainsi qu’une première pendule de ce type était brièvement prisée dans l’inventaire après décès de Denis-Pierre-Jean Papillon de la Ferté, directeur des Menus Plaisirs du Roi, puis figura dans la vente de sa collection en février 1797 : « 305. Une pendule de forme quarrée, avec panneaux de glace, mouvement à mi-seconde, à équation, à remontoire & a sonnerie, faite par Robin » ; tandis qu’une seconde était décrite quelques années auparavant, peu après la Révolution, dans un inventaire de la collection d’horlogerie de la reine Marie-Antoinette entretenue par Robin, dans lequel figurait un modèle quasiment identique à celui que nous présentons : « 28. Une pendule quarrée en ordre d’architecture à pannaux de glace, en cuivre doré en or mat, avec un pendul de compensation, mouvement à heures, minutes, seconde, à sonnerie, quantième du mois, jour de la semaine, les figures du zodiaque peintes en mignature sur le cadran, du nom de Robin » (voir P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p. 466).

    Aujourd’hui seuls quelques régulateurs similaires sont connus, la plupart portent les signatures de l’horloger Robin et de l’émailleur Coteau qui collaborèrent sur le modèle probablement à la demande de l’un des grands marchands-merciers de l’époque, tels Simon-Philippe Poirier et son associé Dominique Daguerre, les deux plus grands pourvoyeurs parisiens d’objets de luxe. Parmi ces rares modèles répertoriés, citons notamment un premier exemplaire conservé dans une collection privée qui est reproduit dans D. Roberts, Precision Pendulum Clocks, 2004, p. 32 ; et mentionnons particulièrement les deux régulateurs de Robin, anciennement dans la collection Winthrop Kellogg Edey, qui appartiennent à la Frick Collection à New York et dont les caisses sont attribuées au célèbre bronzier Pierre-Philippe Thomire (Inv. 1999.5.150 et 1999.5.151) (respectivement illustrés dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, et dans C. Vignon, The Frick Collection Decorative Arts Handbook, New York, Scala, 2015).

    Robert Robin (1741 - 1799)

    Robert Robin est l’un des plus importants horlogers parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Honoré des titres de Valet de Chambre-Horloger Ordinaire du Roi et de la Reine en 1783 et 1786, il eut une carrière hors du commun et se distingua par sa contribution exceptionnelle à l’amélioration des instruments de la mesure du temps.

    En 1778, l’Académie des Sciences approuva deux de ses inventions, dont l’une mena à la construction d’une pendule astronomique représentant une méridienne tracée sur une pyramide qui fut acquise par les Menus Plaisirs pour Louis XVI cette même année ; Robin publia une Description historique et mécanique très détaillée de cette pendule. Il créa également des régulateurs de cheminée à indications astronomiques et à balancier compensé, dont le marquis de Courtanvaux, homme de science et grand connaisseur d’horlogerie de précision, fut l’un des premiers acquéreurs. Au cours des troubles révolutionnaires, il réalisa des montres et des pendules à heure décimale. On le retrouve successivement Grande rue du faubourg Saint-Honoré (1772), rue des Fossés-Saint-Germain l’Auxerrois (1775), rue Saint-Honoré à l’Hôtel d’Aligre (1778) et aux Galeries du Louvre en 1786.

    Pour ses régulateurs de bureau, Robin fit le choix de boîtes architecturées d’une grande sobriété, qui nous paraissent aujourd’hui d’une remarquable modernité. Il collabora toujours avec les meilleurs artisans de son temps, parmi lesquels les bronziers ou ciseleurs Robert et Jean Baptiste Osmond, Pierre Philippe Thomire, François Rémond et Claude Galle, les ébénistes Jean-Henri Riesener, Ferdinand Schwerdfeger et Adam Weisweiler, les émailleurs Barbezat, Dubuisson, Merlet et Coteau pour les cadrans, et les Richard et Montginot pour les ressorts.

    Les deux fils de Robert Robin, Nicolas Robert (1775-1812) et Jean-Joseph (1781-1856), étaient également d’excellents horlogers et poursuivirent brillamment l’activité de l’atelier paternel.



    Joseph Coteau (1740 - 1801)

    Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Dominique Daguerre

    Dominique Daguerre est le plus important marchand-mercier, comprenez marchand d’objets de luxe, du dernier quart du XVIIIe siècle. Ses débuts de carrière restent relativement méconnus et l’on peut considérer qu’il démarre véritablement son activité à partir de 1772, année de son association avec Philippe-Simon Poirier (1720-1785), autre marchand-mercier célèbre et inventeur des pièces d’ébénisterie agrémentées de plaques de porcelaine de la Manufacture royale de Sèvres. Lorsque Poirier se retire des affaires, vers 1777-1778, Daguerre prend la direction du magasin rue du Faubourg Saint-Honoré et garde la raison sociale « La Couronne d’Or ». Conservant la clientèle de son prédécesseur, il développe considérablement l’activité en quelques années et joue un rôle de premier plan dans le renouveau des arts décoratifs parisiens de l’époque en faisant travailler les meilleurs ébénistes du temps, particulièrement Adam Weisweiler, Martin Carlin et Claude-Charles Saunier, le menuisier du Garde-Meuble de la Couronne, Georges Jacob, les bronziers ou ciseleurs-doreurs Pierre-Philippe Thomire et François Rémond et les horlogers Renacle-Nicolas Sotiau et Robert Robin. Ayant porté le luxe « à la française » à son summum, Daguerre, visionnaire et homme d’affaires hors du commun, s’installe en Angleterre vers le début des années 1780 et s’associe avec Martin-Eloi Lignereux, qui reste en charge du magasin parisien. A Londres, patronné par le prince Régent, futur roi George IV, Daguerre participe activement à l’aménagement et à la décoration de Carlton House et du Pavillon de Brighton, en faisant fonctionner à merveille son réseau d’artisans parisiens important de Paris la plupart des meubles, sièges, cheminées, bronzes d’ameublement et objets d’art et facturant, uniquement pour l’année 1787, plus de 14500£ de fournitures. Impressionnés par le talent du marchand, quelques grands aristocrates anglais font également appel à ses services, particulièrement le Comte Spencer pour Althorp où Daguerre collabore avec l’architecte Henry Holland (1745-1806). A Paris, il continue, par l’intermédiaire de son associé Lignereux, à travailler pour les grands amateurs et livre de superbes pièces d’ébénisterie au Garde-Meuble de la Couronne. Probablement très affecté par les troubles révolutionnaires et la disparition de nombreux de ses clients les plus importants, il se retire définitivement des affaires en 1793.



    Thomire  -  Hauré
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)
    Jean Hauré

    Exceptionnelle paire d’appliques monumentales à trois lumières, dite « au carquois », en bronze très finement ciselé et doré « aux deux ors » à l’or mat et à l’or bruni

    « Modèle du Salon des jeux de la Reine Marie-Antoinette au château royal de Compiègne »

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    Attribuée à Pierre-Philippe Thomire et à Jean Hauré

    Paris, fin du XVIIIe siècle, vers 1790-1800

    Hauteur80 cm Largeur60 cm

    Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni à deux tons d’or, chaque applique présente un dessin particulièrement élaboré sous la forme d’une platine en carquois à empennages de flèches à col godronné et fût à cannelures torses rythmé d’une bague à entrelacs centrés de graines et terminé en culot en graine émergeant de feuillages surmontés d’un bouquet alterné à larges feuilles stylisées et tigettes. Le fût reçoit les trois bras de lumières rubanés traités « en arabesque » à départs à tiges à cannelures spirales terminés en graines s’épanouissant en larges feuilles d’acanthe portant des enroulements à spirales et feuillages se terminant en rosaces recevant, pour les latérales, des guirlandes de rubans et guirlandes fleuris et feuillagées rattachées au centre par un tournesol dans la partie supérieure du carquois. Chaque bras se présente sous la forme d’un fût à joncs surmonté de feuilles épanouies sur lesquelles est fixé un élément conique à cannelures torses recevant le bassin circulaire, à revers à frise d’entrelacs et perles et contour à frises perlée ou godronnée, centré d’un binet également finement ouvragé sommé d’une bobèche ceinturée d’une frise de perles en enfilage.

    La composition particulièrement élaborée de cette spectaculaire paire d’appliques monumentales est basée sur un modèle royal réalisé pour le Salon des jeux de Marie-Antoinette au Château de Compiègne. En effet, en 1787, Jean Hauré, fondeur parisien, livrait six bras de lumières de ce modèle pour la Reine. Les modèles en cire et en bois furent réalisés par Jean Martin, la fonte due à Etienne-Jean ou Pierre-Auguste Forestier, enfin, la ciselure et la monture furent confiées à Pierre-Philippe Thomire.

    De ces trois paires, deux, portant la marque CP couronné, appartiennent toujours aux collections du Château de Compiègne (voir le catalogue de l’exposition Louis XVI et Marie-Antoinette à Compiègne, Musée national du château de Compiègne, 2006-2007, RMN, Paris p.188-189, catalogue n°34) ; tandis que la troisième est conservée dans les collections Rothschild à Waddesdon Manor. Le chef-modèle, repéré par Pierre Verlet, destiné à fondre tous les autres et qui avait coûté le prix important de 1000 livres, fut déposé au moment de la Révolution au Garde-Meuble, probablement afin d’en réaliser d’autres fontes. C’est très certainement à partir de ce chef-modèle que furent réalisées deux paires exposées aujourd’hui à la Wallace Collection à Londres (illustrées dans H. Jacobsen, Gilded Interiors, Parisian Luxury & the Antique, Londres, 2017, p.102-104), ainsi que la paire que nous proposons.

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Jean Hauré

    Est un fondeur parisien actif entre 1774 et 1796.



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    Rémond
    François Rémond (vers 1747-1812)

    Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou l’or bruni, marbre blanc statuaire dit « de Carrare » et biscuit de porcelaine « Wedgwood »

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    Attribuée à François Rémond

    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1790-1795

    Hauteur51.5 cm Largeur40 cm Profondeur14.5 cm

    Le cadran annulaire émaillé blanc est agrémenté de fleurettes dorées reliées entre-elles par des filets bleus et indique les heures en chiffres romains, ainsi que les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes et les quantièmes du mois révolutionnaires par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Le mouvement est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, marbre blanc statuaire dit « de Carrare » et médaillon en biscuit de porcelaine « Wedgwood ». Le mécanisme squelette, renfermé dans une boite octogonale surmontée d’une couronne de roses enrubannée à arc et flèche, repose sur une athénienne tripode à sabots caprins et têtes de bélier retenant des chaînettes et est supporté latéralement par deux trompes fixées à des rosaces surmontées de bouquets fleuris et feuillagés autour desquelles s’enroulent des serpents et retenant des guirlandes tombantes passant dans des anneaux et se terminant en passementerie. Ces deux trompes sont tenues, l’une par un amour ailé, l’autre par un jeune garçon vêtu de grelots dans l’esprit des représentations elfiques. Sur la terrasse sont posées deux couronnes fleurie ou feuillagée. L’ensemble repose sur une base octogonale à décrochements ceinturée d’une frise alternée à graines et feuilles d’eau et agrémentée, latéralement, de panneaux brettés, et, en façade, de deux plaques découpées d’arabesques renfermant des niches à bustes féminins encadrant un panneau central oblong orné de branches de lauriers enrubannées enserrant un médaillon en biscuit de porcelaine à reliefs blancs sur fond bleu représentant probablement Thétis plongeant Achille dans le Styx. Enfin, six pieds aplatis supportent l’horloge.

    D’une exceptionnelle qualité de ciselure et de dorure, la rare pendule que nous proposons peut être rattachée en toute certitude à l’œuvre de François Rémond, le plus talentueux ciseleur-doreur parisien des dernières décennies du XVIIIe siècle et des toutes premières années du siècle suivant. Elle présente également une thématique particulièrement originale, ainsi que la particularité d’intégrer un médaillon en biscuit de porcelaine « Wedgwood » qui pourrait être le témoignage de l’intervention d’un important marchand-mercier parisien de l’époque, tel que Dominique Daguerre, qui possédait toutes les connections commerciales nécessaires à la réalisation d’une pendule d’une si grande qualité.

    François Rémond (vers 1747 - 1812)

    À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



    Waltrin
    Louis Waltrin (1749-après 1820)

    Rare pendule de cheminée en marbre blanc et bronze doré

    « Le décollage des frères de Montgolfier »

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    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur49 cm Largeur31 cm Profondeur17 cm

    Le cadran circulaire émaillé, signé « Louis Waltrin à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes en chiffres arabes et est inscrit dans une caisse ovoïde simulant un aérostat en marbre blanc soulignée de cordages et d’enfilage de perles supportant une nacelle en marbre blanc dans laquelle figurent les deux frères de Montgolfier en bronze ciselé et doré. L’ensemble est supporté par deux colonnes, à cannelures foncées d’asperges, à bases et chapiteaux moulurés et surmontées par des vases terminés par des bouquets de fleurs. L’amortissement est formé d’un vase aplati souligné de perles d’où s’échappent des tiges de fleurs ou de branchages. Le tout repose sur une base ovale à légère doucine en marbre blanc statuaire surmontée d’une frise ajourée à motifs géométriques et sur six petits pieds toupies.

    En juin 1783, les deux frères Montgolfier, Joseph et Jacques-Etienne, s’envolèrent une première fois dans les airs dans un ballon gonflé d’air chaud devant une foule immense, puis rééditèrent cet exploit quelques mois plus tard en présence de Louis XVI et de Marie-Antoinette. Immédiatement, cette invention exceptionnelle excita l’imaginaire des artistes et des artisans du temps, particulièrement celle des horlogers parisiens ; ainsi, en l’espace de quelques années, quelques exemplaires de pendules dits « à la montgolfière » firent leur apparition avec de nombreuses variantes dans les représentations, notamment par l’absence de la figuration des deux célèbres aérostiers ; de ce type particulier mentionnons : un premier modèle qui est conservé dans les collections du musée François Duesberg à Mons (illustré dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.21) ; ainsi qu’un second  reproduit dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Munich, 1997, p.256, fig.1160.

    L’exemplaire que nous proposons offre la représentation des deux frères Montgolfier dans une nacelle ; parmi les rares pendules similaires connues, citons notamment un premier modèle, le cadran de type squelette, paru dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la Pendule française, Paris, 1997, p.208, fig. A ; enfin, relevons particulièrement qu’un exemplaire quasi identique à celui présenté, le cadran signé Léchopié, est conservé dans les collections du Musée des Arts décoratifs de Budapest et reproduit dans Pierre Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p.121, fig.156.

    Louis Waltrin (1749 - après 1820)

    Louis Waltrin est le fils de l’horloger Joseph Waltrin (vers 1720-1789), Louis-René Waltrin fut probablement initié à l’horlogerie dans l’atelier paternel de la rue Saint-Antoine, puis obtint ses lettres de maîtrise, en tant que fils de maître, le 24 septembre 1771. Il acquit rapidement une importante notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie et reprit le fonds de commerce de son père vers le milieu des années 1780. Certains inventaires après décès de la fin du XVIIIe ou du début du siècle suivant mentionnent des réalisations de cet horloger, notamment celui de l’épouse de Jean-Baptiste-Hubert Lemarcis, ainsi que celui du doyen des conseillers au Parlement : Antoine-François Boula de Montgodefroy. Après 1815, avec le retour au pouvoir des Bourbons, Louis-René Waltrin continua brillamment son activité et reçut le titre convoité d’Horloger du duc de Bordeaux.



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    Kinable  -  Dubuisson
    Dieudonné Kinable (actif vers 1790-1810)
    Dubuisson (1731-1815)

    Exceptionnelle pendule de cheminée en forme de lyre en porcelaine de la Manufacture royale de Sèvres

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    Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

    Hauteur62 cm Largeur26 cm Profondeur16 cm

    Provenance :

    Ancienne collection Valentina Cortese (1923-2019).

     

    Le cadran circulaire émaillé, signé « Kinable », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, le calendrier annuel et les signes du zodiaque par quatre aiguilles, deux en bronze doré ajouré, deux en acier bleui ; il s’inscrit dans une superbe caisse en forme de lyre en porcelaine rose de Sèvres dite et bronze très finement ciselé et doré. La lunette est ornée d’une frise torsadée entourée d’un anneau-balancier en couronne de perles en bronze doré ; les montants de la lyre sont soulignés de rangs de perles et agrémentés de feuilles et graines de laurier se terminant par deux rosaces d’où s’échappe une guirlande fleurie et feuillagée ; l’amortissement est formé d’un masque rayonnant. L’ensemble repose un piédouche, à rangs de perles ou frise torsadée, rythmé d’une guirlande feuillagée ; enfin, le tout est supporté par une base ovale, à ornements similaires, portée par quatre pieds en boules aplaties.

    Le modèle des pendules lyres en porcelaine fut créé à la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres à partir de 1785. Il fut essentiellement décliné en quatre couleurs : bleu turquoise, vert, bleu nouveau et rose et ces pendules exceptionnelles étaient destinées aux plus grands amateurs de l’époque ; Louis XVI possédait notamment dans son Salon des jeux à Versailles une pendule identique en couleur bleu nouveau dont le cadran était signé par l’horloger Courieult (certainement l’exemplaire illustré dans P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p.41).

    Mais, c’est surtout l’horloger Kinable, le plus important acheteur de caisses d’horloges de ce type à la manufacture, qui développa le modèle à la fin du règne de Louis XVI. Parmi les pendules « lyres » en porcelaine signées par ce brillant horloger, citons particulièrement : un premier exemplaire conservé au Victoria & Albert Museum à Londres (paru dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.252, fig.4.6.26) ; ainsi qu’un second qui appartient aux collections royales anglaises (reproduit dans C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy & its Timekeepers 1300-1900, 1983, p.130, fig.176).

    Dieudonné Kinable (actif vers 1790 - 1810)

    Dieudonné Kinable figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Installé au n°131 du Palais Royal, il fut notamment l’un des plus importants acheteurs de caisses de pendules en porcelaine de type lyre auprès de la manufacture de Sèvres en faisant l’acquisition de vingt-et-un boîtiers de ce modèle dans différentes couleurs. Il sut également s’entourer des meilleurs collaborateurs, en faisant particulièrement travailler pour les cadrans de ses pendules les célèbres émailleurs Joseph Coteau (1740-1801) et Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815). Sous l’Empire, certaines de ses réalisations sont mentionnées chez les plus grands collectionneurs, notamment chez la duchesse de Fitz-James et chez André Masséna prince d’Essling duc de Rivoli, ancien maréchal de Napoléon.



    Dubuisson (1731 - 1815)

    Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



    Rémond
    François Rémond (vers 1747-1812)

    Rare paire de flambeaux dits « en balustre » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Attribuée à François Rémond

    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur27.5 cm Diamètre14.3 cm

    Provenance :

    – ancienne collection des princes de Beauvau-Craon.

     

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque flambeau présente un fût « en balustre », émergeant d’un bouquet feuillagé à fleurons, souligné de cannelures torses et d’enfilages de perles attachées à des pastilles ; ce fût supporte un binet à bandeau à courses de feuilles d’olivier et une bobèche ceinturée d’une cordelette torsadée. L’ensemble repose sur un piédouche évasé à bague godronnée porté par un culot en doucine de forme campane, à larges feuilles d’acanthe et tigettes à graines se détachant sur des fonds amatis, lui-même posé sur une base circulaire à frise perlée et courses de feuilles et graines d’olivier ou de laurier encadrées de moulures unies.

    La composition particulièrement originale de cette rare paire de grands flambeaux nous permet de la faire figurer parmi les créations de luminaires les plus élaborés du règne de Louis XVI. Leur dessin et leurs éléments décoratifs rappellent étonnamment certains motifs ornementaux, tels que balustres, enfilages de perles en chutes et feuilles d’acanthe, que nous retrouvons sur un modèle de fauteuil du menuisier Jean-Baptiste-Claude Séné livré en 1787 pour le Grand Cabinet de la reine Marie-Antoinette au Château de Saint-Cloud et qui appartient de nos jours aux collections du Musée du Louvre (paru dans Bill G.B. Pallot, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 2, Editions Faton, Dijon, 1993, p.163, catalogue n°57). Leur qualité exceptionnelle de ciselure et de dorure reflète l’intervention d’un ciseleur-doreur de tout premier plan : François Rémond, artisan parisien qui travaillait exclusivement pour Dominique Daguerre, le plus grand marchand d’objets de luxe de son époque.

    De nos jours, parmi les rares paires de flambeaux identiques répertoriés, citons particulièrement : une première paire qui a fait partie de la collection Dillée (vente Sotheby’s, Paris, Galerie Charpentier, les 18-19 mars 2015, lot 74) ; ainsi qu’une seconde qui a été proposée aux enchères chez Sotheby’s, à New York, le 22 octobre 1965, lot 211 ; enfin, mentionnons une dernière paire de ce type qui se trouvait anciennement dans la collection de Sigismond Bardac (vente à Paris, Galerie Georges Petit, Me Lair-Dubreuil, les 10-11 mai 1920, lot 72).

    François Rémond (vers 1747 - 1812)

    À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



    Gavelle
    Pierre Gavelle (1753-1802)
    Edmé-Portail Barbichon

    Exceptionnelle pendule monumentale en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

    Pendule442-03_HD_WEB

    Paris, époque Louis XVI, vers 1775-1785

    Hauteur90 cm Largeur46 cm Profondeur29 cm

    Provenance :

    – Vente à Paris, collection de Mademoiselle X…, Maître Lair-Dubreuil, Hôtel Drouot, 3-7 mars 1913, lot 367.

    – Collection de Monsieur Antonio de Sommer Champalimaud (1918-2004), Lisbonne.

     

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Gavelle l’aîné à Paris », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; il marque également les secondes par une trotteuse centrale et porte la signature de l’émailleur Edmé Portail Barbichon, l’un des principaux concurrents de ses confrères Joseph Coteau et Dubuisson. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une boîte circulaire soulignée de perles en enfilage et noué d’un drapé noué. Il est supporté par un superbe putto légèrement drapé représenté dans une attitude en contrapposto inspirée de la Renaissance florentine ; à ses pieds sont deux ouvrages. En opposition de l’enfant, se trouve une colonne cannelée, à base à tore de lauriers enrubanné et chapiteau à oves, supportant un globe terrestre pris dans des nuées ; aux pieds de la colonne, sont posés un parchemin, une équerre et un compas. L’ensemble est supporté par une base à ressaut ceinturée d’un cavet mouluré et agrémentée de frises de feuilles et graines de laurier et d’un panneau central en façade à jeux d’enfants en relief dans le goût de Clodion. Enfin, six pieds en boules aplaties à bandeau fond sablé supportent l’ensemble de l’horloge.

    De proportions monumentales, cette pendule peut être considérée comme une œuvre majeure spécialement ordonnée par un puissant collectionneur parisien dans les premières années du règne de Louis XVI à l’un des meilleurs bronziers parisiens du temps tels que les Osmond ou Jean-Joseph de Saint-Germain. La figure, véritable œuvre sculpturale, n’est pas sans rappeler l’œuvre du sculpteur François Duquesnoy, dit François Flamand, qui déclina ce type d’enfants tout au long de sa carrière. Enfin, relevons particulièrement qu’à notre connaissance la pendule que nous proposons est l’unique exemplaire répertorié de ce modèle, ce qui tend à renforcer l’idée d’une œuvre de commande, développement créatif excessivement rare et couteux au XVIIIe siècle qui nécessitait tout un processus de création tels que dessins, projets et modèles préparatoires en plâtre ou terre cuite destinés à une fonte en bronze de grande qualité.

    Pierre Gavelle (1753 - 1802)

    L’horloger Pierre Gavelle (qui signait « Gavelle l’aîné »), fils de Jean-Jacques Gavelle et frère de Maurice-Jacques Gavelle, également horlogers parisiens, tous trois actifs à Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après son accession à la maîtrise, le 4 septembre 1771, il travaille dans l’atelier de son père jusqu’en 1787, puis s’installe rue Saint-Denis, avant de déménager rue des Juifs en 1801 (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.251). Député de sa corporation en 1785, il connaît une certaine notoriété et quelques-unes de ses pendules sont mentionnées dans les premières décennies du XIXe siècle chez des collectionneurs parisiens de l’époque, notamment chez l’imprimeur Jacques Delatynna et chez Alexandre-Pierre-Louis Deherain, Conseiller à la Cour d’Appel de Paris.



    Edmé-Portail Barbichon

    Edmé-Portail Barbichon était l’un des meilleurs émailleurs de la deuxième partie du XVIIIème siècle. Son nom est associé à ceux des meilleurs horlogers, y compris Ferdinand Berthoud et Charles Bertrand.



    Dubuisson
    Dubuisson (1731-1815)

    Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré

    « Le baiser donné »

    signature 2

    Cadran émaillé par Etienne Gobin, dit Dubuisson

    D’après un modèle de Jean-Antoine Houdon

    Paris, époque Louis XVI, vers 1785

    Hauteur46 cm Largeur26 cm Profondeur15 cm

    Le cadran circulaire émaillé, signé « Dubuisson », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré, ainsi que le quantième par une aiguille en acier ; il s’inscrit dans une caisse néoclassique entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré. La lunette est flanquée d’écoinçons feuillagés ; le mouvement est renfermé dans une borne « à l’antique » contre laquelle sont adossées deux superbes sirènes dont les mains supportent un entablement, à frises d’enfilages de perles, oves et feuilles stylisées, sur lequel est posé un groupe représentant « Le baiser donné » supporté par un piédouche, agrémenté de quatre colombes et flanqué de deux trépieds tripodes enflammés à cannelures torsadées et mufles de lion retenant des chaînettes dans leurs gueules. L’ensemble repose sur une plinthe, ceinturée d’enfilages de perles et d’une frise de larges feuilles stylisées, portée par une base quadrangulaire à côtés arrondis décorée de courses de feuillages entrelacées et supportée par six pieds toupies également finement ciselés.

    Ce rare modèle de pendules est répertorié dans certains documents anciens du XVIIIe siècle ; ainsi une pendule correspondant probablement au modèle que nous proposons était décrite dans la vente aux enchères de la collection Monsieur Tricot en 1793 : « N°211. Une pendule sonnant les heures et demie-heures et à quantième, par Bourret ; elle est placée dans un socle carré et élevé, surmontée d’une riche corniche à oves et feuilles, soutenue par deux naïades, formant caryatides, se terminant en queue de poisson avec base à feuilles d’eau, à panneaux renfoncés et ornements d’entrelacs, dans un socle de marbre blanc, élevé sur boules ; le haut de la pendule représente le baiser de Marc-Antoine et de Cléopâtre, exécuté par Houdon, élevé sur fût de colonne, enrichi de quatre colombes, et sur les deux côtés, de deux cassolettes. Ce morceau, d’une exécution soignée est supérieurement doré au mat ; le tout sous une cage de verre bombé. Hauteur 17 pouces, largeur 10 pouces ».

    De nos jours, parmi les rares autres pendules de même modèle répertoriées, mentionnons notamment : un premier exemplaire, le cadran signé « Robin à Paris » et reposant sur une base en marbre rouge griotte, qui se trouvait anciennement dans la collection Fabius Frères (illustré dans Tardy, La pendule française, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.255) ; un deuxième, le cadran signé « Bourret à Paris », est reproduit dans Giacomo et Aurélie Wannenes, Les plus belles pendules françaises, de Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.245 ; un troisième, également signé Bourret, a fait partie de la collection de la Galerie Jean Gismondi à Paris (paru dans J-D. Augarde, Les ouvriers du Temps, Genève, 1996, p.286, fig.219) ; enfin, citons particulièrement une dernière pendule de ce type qui a la particularité de présenter des figures de sirènes en bronze patiné « à l’antique » et qui appartient aux collections d’horlogerie du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg.

    Dubuisson (1731 - 1815)

    Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.