Rare et importante paire d’appliques néoclassiques à trois lumières en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat
« Les Lions et Médaillons »

Attribuée avec certitude au bronzier Philippe Caffieri « reçu maître fondeur parisien en janvier 1756 »
Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1765
Provenance:
Lady Lydia Deterding (1904-1980) illustrée in situ dans son appartement dans “Des chefs-d’œuvre pour décor quotidien », in Connaissance des Arts, n°131, janvier 1963, p.51.
Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat, chaque applique ou « bras de lumière » s’organise autour d’une platine allongée agrémentée de médaillons ovalisés renfermant les profils en buste « à l’antique » d’un homme et d’une femme en regard encadrés de palmes nouées de ruban ; à l’amortissement se trouve une tête de lion retenant dans sa gueule un ruban dans lequel passe l’un des trois bras de lumière, les deux autres bras s’échappant à l’arrière des médaillons. Ces bras sinueux sont richement agrémentés de motifs en joncs, cannelures, feuilles d’acanthe, disques et bagues à entrelacs centrés d’oves ; les bassins circulaires sont rythmés de réserves à canaux alternées de rosaces ; les binets, à corps à cannelures ou à feuilles, sont ornés de bagues à piastres ou entrelacs à oves et supportent les bobèches contournées. La partie basse des appliques à réserves à canaux est décorée de larges feuilles d’acanthe et se termine en culot feuillagé à graines.
La composition particulièrement élaborée de cette rare paire d’appliques est une parfaite illustration du Néoclassicisme français appliqué au luminaire de luxe parisien des premières décennies de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il est particulièrement intéressant de relever qu’un dessin anonyme, conservé dans une collection privée et représentant une paire d’appliques à deux lumières à décor d’une tête de lion retenant un ruban et surmontant un médaillon ovalisé renfermant un profil masculin « à l’antique », est connu et rapproché à juste titre de l’œuvre de Philippe Caffieri (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Munich, 1986, Band I, p.153). Ce rapprochement est corroboré par l’inventaire du fonds de commerce du bronzier établi au moment du décès de son épouse en décembre 1770 et dans lequel figuraient des modèles d’appliques dans le même esprit que celles que nous proposons, notamment « un modèle de bras à deux branches dans le goût antique, avec une tête et une peau de lion agrafée dans les branches » prisé 160 livres, et « …un autre bras à trois branches avec une chute de feuilles de chêne sur chaque branche et un nœud de ruban à la plaque, et trois autres à une branche avec des mascarons sur les plaques… » prisés 51 livres.
Philippe Caffieri (1714 - 1774)
Philippe Caffieri est certainement le plus important bronzier parisien du deuxième tiers du XVIIIe siècle. Frère du sculpteur Jean-Jacques Caffieri (1725-1792) et fils de Jacques Caffieri (1678-1755), « Sculpteur et ciseleur ordinaire du Roi », il s’associe avec son père en 1747, puis est reçu maître sculpteur en 1754 et devient membre de l’Académie de Saint-Luc.
Son père disparait l’année suivante, il reprend alors la direction de l’atelier familial situé rue Princesse et indemnise son frère pour le rachat du stock des modèles « rocaille » de l’atelier. Quelques mois plus tard, il fait enregistrer ses lettres de maîtrise de maître fondeur en terre et sable en tant que fils de maître. Dans un premier temps, il continue l’esprit rocaille si cher à son père, puis commence à développer de nouveaux modèles néoclassiques. C’est notamment lui qui travaille sur le premier exemple de meuble antiquisant commandé par le riche financier Ange-Laurent Lalive de Jully ; puis, tout au long de sa carrière, Philippe Caffieri travaillera pour les plus grands amateurs parisiens de l’époque.