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Buzot  -  Caffieri

Importante pendule de cheminée en colonne tronquée en bronze finement ciselé et doré à l’or mat et marbre blanc de Carrare

Pendule356-03_BD_MAIL

Les bronzes attribués à Philippe Caffieri

Paris, début de l’époque Louis XVI, vers 1775

Hauteur58.5 Largeur23.5 Profondeur24

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Buzot à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; le mouvement, sonnant les heures et demi-heures, est renfermé dans une superbe caisse néoclassique entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare ». La lunette est encadrée de deux larges rinceaux d’acanthe se terminant en têtes de coq retenant dans leurs becs un ruban passant dans un anneau et attaché à une pastille fixée au centre d’une course de rinceaux repercés à graines simulant habilement une accroche en trompe-l’œil du cadran. L’amortissement est formé d’un putti assis sur des nuées et tenant quelques roses d’une main et une trompette de l’autre, figure allégorique de la Renommée et de l’Amour. Le corps de l’horloge se présente sous la forme d’une colonne tronquée à cannelures supportée par une base à frise d’entrelacs centrés de cabochons et tore enrubanné de feuilles de laurier. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à panneaux à réserves agrémentées de frises repercées à courses alternées de fleurons feuillagés, crosses et fleurettes.

La composition originale de cette importante pendule en forme de colonne tronquée, particulièrement la présence des deux têtes de coq enserrant le cadran, s’inspire plus ou moins directement d’un modèle horloger créé par André-Charles Boulle sous le règne de Louis XIV et qu’il déclina notamment sur un important régulateur de parquet sur lequel deux têtes de coq encadrent la lunette (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.65). Par la suite, ce symbole annonciateur de l’Aurore se retrouvera sur certains projets d’horloges tirés d’albums d’ornemanistes parisiens, notamment sur une planche de cartels réalisée par Jean-François Forty et illustrée dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.307, qui pourrait être la source d’inspiration d’une pendule-vase en porcelaine de la Chine et bronze ciselé et doré, le cadran signé « Mabille à Paris », qui a fait successivement partie des collections Bensimon, Roberto Polo et Djahanguir Riahi (vente Christie’s, New York, le 2 novembre 2000).

À notre connaissance, seules deux autres pendules de modèle identique sont connues, toutefois, relevons que ces deux exemplaires proposent un fût en albâtre, matériau nettement moins noble et précieux que le marbre blanc de Carrare : le premier modèle, le cadran signé par l’horloger Martin Baffert et le contre-émail par l’émailleur Antoine-Nicolas Martinière, fit partie de la célèbre collection de l’homme d’affaires John Jones au XIXe siècle ; léguée au South Kensington Museum, elle appartient de nos jours aux collections du Victoria & Albert Museum à Londres (illustrée dans O. Bracket, Catalogue of the Jones Collection, Part II, 1924, n°257, p.66, planche 59) ; le second, le cadran également signé « Buzot à Paris », se trouvait anciennement dans la collection du 6ème comte de Rosebery au Château de Mentmore (vente Sotheby’s, Londres, en mai 1977) et pourrait correspondre à la description d’« une pendule d’albâtre à sonnerie du nom de Buzot sur plinthe d’albâtre, le tout garni en bronze doré d’or moulu » prisée 168 livres dans l’inventaire après décès d’un grand collectionneur parisien à la fin des années 1770.

Joseph Buzot

Joseph Buzot, dit « Buzot père », est l’un des plus importants horlogers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après l’enregistrement de ses lettres de maîtrise, le 21 août 1770, il installe successivement son atelier sur le Quai des Grands Augustins, rue des Fossés Montmartre en 1772 et rue des Petits Carreaux peu de temps avant la Révolution. Au XVIIIe siècle, quelques unes de ses réalisations sont mentionnées chez de grands amateurs de l’époque, notamment, après la Révolution, lors de la restitution aux héritiers du collectionneur Nicolaï d’une garniture de cheminée en porcelaine bleue de Chine et bronze finement ciselé et doré, dont la pièce de milieu formait pendule.



Philippe Caffieri (1714 - 1774)

Philippe Caffieri est certainement le plus important bronzier parisien du deuxième tiers du XVIIIe siècle. Frère du sculpteur Jean-Jacques Caffieri (1725-1792) et fils de Jacques Caffieri (1678-1755), « Sculpteur et ciseleur ordinaire du Roi », il s’associe avec son père en 1747, puis est reçu maître sculpteur en 1754 et devient membre de l’Académie de Saint-Luc.

Son père disparait l’année suivante, il reprend alors la direction de l’atelier familial situé rue Princesse et indemnise son frère pour le rachat du stock des modèles « rocaille » de l’atelier. Quelques mois plus tard, il fait enregistrer ses lettres de maîtrise de maître fondeur en terre et sable en tant que fils de maître.  Dans un premier temps, il continue l’esprit rocaille si cher à son père, puis commence à développer de nouveaux modèles néoclassiques. C’est notamment lui qui travaille sur le premier exemple de meuble antiquisant commandé par le riche financier Ange-Laurent Lalive de Jully ; puis, tout au long de sa carrière, Philippe Caffieri travaillera pour les plus grands amateurs parisiens de l’époque.



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