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Époques : Louis XV

  • Le Roy  -  Cressent
    Julien II Le Roy (1686-1759)
    Charles Cressent (1685-1768)

    Rare et Important Régulateur Louis XV

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    Paris, époque Louis XV, vers 1736-40

    Hauteur208.5 cm Largeur57.5 cm Profondeur23 cm

    Provenance : Baron et Baronne Lopez de Tarragoya, Paris. Vendu au Palais Galliera, Paris, 15 juin 1971, lot 101 ; Didier Aaron, Paris, 1999.

     

    Un rare et important régulateur Louis XV en placage de satiné et de bois de violette, avec montures en bronze ciselé et doré. La caisse est de l’ébéniste Charles Cressent et le cadran signé « Inventé en 1736 par Julien Le Roy de la Société des Arts » ; le mouvement est signé « Julien Le Roy », avec une étiquette au dos numéroté « 5057 987789 ». Le cadran aux chiffres romains et arabes est centré par une réserve finement gravée, avec flèche indiquant l’équation du temps dans une aperture à 6 heures, marqué « équation de l’horloge » ; une aperture marqué « jours des mois » indique les mois et le nombre de jours de chacun ; de belles aiguilles ajourées en laiton doré indiquent les heures et les minutes ; la trotteuse est en acier bleui ; leviers « silence » et « sonne » à gauche du cadran, ainsi qu’un levier pour régler la sonnerie.

    Le mouvement à poids, à grande sonnerie et sonnerie des quarts, a un échappement chevalier de Béthune et un pendule à compensation en laiton. La caisse, de forme violonée, est ornée de cartouches de feuillages et de rocailles godronnés ; elle est surmontée par une coquille asymétrique ; la porte du pendule est surmontée par un masque féminin représentant Vénus, entourée de rocailles et de volutes, il comprend deux serpents ; la base est ornée d’un rocaille à feuilles.

    Deux régulateurs similaires, surmontés par la figure de Chronos, sont illustrés dans Cedric Jagger, Royal Clocks, 1983, p. 126, pls. 169 et 170. Les caisses de ces deux exemples sont de Charles Cressent ; l’une, comme ici, est à parqueterie de bois de violette et d’acajou, avec un cadran signé « Inventé en 1736 par Julien Le Roy ». Un régulateur similaire avec caisse de Charles Cressent, aujourd’hui dans la collection royale britannique, est illustré dans Alexandre Pradère, French Furniture Makers, 1989, p. 135, pl. 96. Un exemple comparable, au Musée des arts décoratifs de Lyon, est illustré dans Olivier Dacade, Musée des Arts Décoratifs de Lyon: Pendules, 1995, pl. 2. La caisse du régulateur de Nicolas Gourdain dans le Musée d’arts décoratifs de Lyon, de Cressent, est illustrée dans Jean-Dominique Augarde, Les Ouvriers du Temps, 1996, p. 330, pl. 249. Le régulateur présent est illustré dans Alexandre Pradère, Charles Cressent Sculpteur, Ébéniste du Régent, 2003, p. 304 (cat. 263) ; trois autres, y compris celui du musée de Lyon (cat. 260), l’un vendu par Partridge, Londres, 1991 (cat. 261, avec un mouvement de Julien Le Roy) et un autre, anciennement dans la collection Marcel Bissey (aujourd’hui dans une collection privée, cat. 262), sont illustrés dans le même livre, pp. 194-195 et 304-305.

    La caisse comprend de nombreuses références allégoriques à Vénus. Dans la légende Vénus, née de la mer, est tirée par des dauphins dans un coquillage. Quand elle atteint le rivage, tous les coquillages se transforment en roses. Le régulateur présent est surmonté par un motif de coquillages et de roses. Le masque coiffé d’un coquillage qui surmonte l’aperture du pendule représente Vénus. Ce motif de coquillage, intégré dans la cartouche à volutes en bronze doré, apparaît également au-dessus de l’aperture du pendule, où figurent également des serpents, symboles d’éternité. La base est ornée d’une monture en bronze doré représentant un coquillage.

    Cressent, qui a fait très peu de caisses de régulateur, a organisé deux ventes de son stock et de sa collection, en 1757 et en 1765. Elles comprenaient plusieurs pendules à secondes, sans mouvement (nos 155-156 en 1757 et 97-99 en 1765), avec placage d’amarante. Cependant, l’inventaire fait après le décès de Cressent en 1768 ne comprend aucun régulateur, bien qu’il contienne des pendules de Hervé et de Guiot à marqueterie de coquillages et de métal ou d’ébène. Si la plupart des régulateurs de Cressent sont à placage de bois satiné et d’amarante, on connait au moins un exemple avec placage de palissandre (Pradère, « Charles Cressent », cat. 262), d’ébène (cat. 267) et de bois de violette – le régulateur présent et celui du Musée d’arts décoratifs de Lyon (cat. 260).

    Les modèles connus présentent tous la même forme générale et, autour de l’ouverture du pendule, des montures en bronze avec des cartouches rocaille similaires à celles de Boulle et de Berain. Sous le cadran de certains régulateurs on trouve une monture représentant une allégorie des vents avec deux putti jouant parmi les nuages (allusion au fait que Vénus fut acheminée sur le rivage par les vents), inspiré par une monture créée par Boulle pour le régulateur du comte de Toulouse, actuellement au musée du Louvre (illustré dans Daniel Alcouffe, Anne Dion Tenenbaum, et Amaury Lefebure, Le Mobilier du Musée du Louvre, 1993, vol. I, p. 102-105). Les autres régulateurs de Cressent présentent aussi des variantes, dont des exemples décorés de masques chinoiserie, que Cressent utilise également sur des encoignures (voir Pradère, « Charles Cressent », cat. 188-191). Ici le masque sous le cadran représente une tête féminine, comme c’est le cas pour un autre régulateur de Cressent anciennement dans la collection Wallace, ainsi que pour deux autres avec mouvements signés de Duchesne (cats. 264-266).

    Le régulateur présent a appartenu au baron et à la baronne Lopez de Tarragoya. Leur remarquable collection d’art fut assemblée au début du XXème siècle, par l’intermédiaire des marchands parisiens Bensimon, L. Kraemer et Fils et Jacques Seligman. Seligman avait acheté en 1914 la majorité de la propriété Hertford-Wallace au 2 rue Lafitte et au Château de Bagatelle ; de ce fait on considère que certaines pièces de la collection Lopez de Tarragoya proviennent de celle de Sir Richard Wallace. Wallace possédait un régulateur de parquet de Cressent avec masque féminin, comme le régulateur présent.

    Il est donc possible que notre régulateur ait fait partie de la collection Hertford-Wallace. Le baron Lopez de Tarragoya acheta des pièces de la collection Loewenstein et celle du comte de Montesquieu.

    Julien II Le Roy (1686 - 1759)

    Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

    Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.



    Charles Cressent (1685 - 1768)

    Charles Cressent figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du XVIIIe siècle et est probablement le plus célèbre artisan en meubles de l’esprit Régence qu’il véhicula dans ses réalisations d’ébénisterie et de sculpture tout au long de sa carrière. Fils d’un sculpteur du Roi, il s’exerce à la sculpture à Amiens où réside son grand-père, lui-même sculpteur et fabricant de meubles. Ses débuts sont donc dominés par l’apprentissage des techniques de la sculpture, si bien qu’en 1714, c’est en présentant une œuvre dans cette spécialité qu’il est reçu à l’Académie de Saint Luc. Il s’établit alors à Paris et commence à travailler pour certains confrères, puis épouse la veuve de l’ébéniste Joseph Poitou, ancien ébéniste du duc Philippe d’Orléans, alors Régent du royaume. Par ce mariage, il prend en charge la direction de l’atelier et continue l’activité si brillamment qu’il devient à son tour le fournisseur privilégié du Régent, puis à la mort de ce dernier, en 1723, de son fils Louis d’Orléans qui lui passe de nombreuses commandes et lui assure une grande prospérité au cours de ces années-là. Rapidement sa notoriété dépasse les frontières du royaume et certains princes et rois européens commandent des œuvres à l’ébéniste, particulièrement le roi Jean V du Portugal et l’Electeur Charles Albert de Bavière. En France, il s’était composé une riche clientèle privée comprenant des membres de la haute aristocratie, tel le duc de Richelieu, et des grands collectionneurs, notamment le puissant trésorier général de la marine Marcellin de Selle. Cressent n’aura de cesse tout au long de sa carrière de créer, à l’encontre des lois de la corporation des bronziers, ses propres modèles de bronzes fondus dans son atelier ; cette particularité, que l’on retrouve également chez André-Charles Boulle, apporte à son œuvre une grande homogénéité et démontre surtout ses talents exceptionnels de sculpteur.



    Lepaute  -  Osmond
    Jean-André et Jean-Baptiste Lepaute
    Robert Osmond (1711-1789)

    Rare pendule-vase néoclassique en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou l’or bruni

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    Mouvement signé par Jean-Baptiste Lepaute

    Dans une caisse attribuée à Robert Osmond

    Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1770

    Hauteur46,5 cm Largeur19 cm ProfondeurBase 19,8 cm x 19,8 cm

    Elle indique, sur des cartouches émaillés, les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes sur deux cadrans tournants superposés rythmés de motifs en losanges centrés de quartefeuilles. Le mouvement est renfermé dans une caisse néoclassique sous la forme d’un vase balustre entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’amortissement est formé d’une pomme de pin autour de laquelle s’enroule la queue d’un serpent dont la tête se termine en dard servant de marqueur horaire. Les anses détachées « à la grecque » se rattachent aux prises latérales en mufles de lion tenant des anneaux mobiles dans leurs gueules. La panse moulurée est encadrée d’une frise d’entrelacs dans sa partie haute et de larges feuilles d’eau en bouquet ceinturant le culot dans sa partie basse ; le piédouche évasé est souligné d’une bague et d’un tore de lauriers enrubannés. L’ensemble repose sur une plinthe carrée, proposant l’ajustement de l’avance/retard, décorée de larges guirlandes de lauriers retenues par des rubans noués et supportée par un tronçon de colonne à cannelures foncées d’asperges, l’une dissimulant le trou de remontage ; la base en cavet est encadrée de joncs noués et tore de lauriers ; enfin, un contre-socle quadrangulaire, à terrasse à angles en réserves amaties et portant la signature « Lepaute », supporte l’ensemble de la composition.

    Le modèle des pendules en forme de vase « à l’antique » fut créé à Paris dans les premières années de la seconde moitié du XVIIIe siècle et connut immédiatement un immense succès auprès des grands amateurs du temps. Il permettait d’intégrer à l’œuvre un cadran à cercles tournants particulièrement élégant qui rompait avec la tradition des cadrans circulaires émaillés, jugés par certains collectionneurs trop classiques. De nos jours, de nombreux modèles de pendules de ce type sont connus, mais seuls quelques-uns offrent un dessin parfaitement harmonieux et équilibré tel l’exemplaire présenté. Ainsi, pour des exemples de pendules-vases réalisées dans le même goût que celle que nous proposons, voir notamment : un premier modèle, en forme de vase sur colonne tronquée, réalisé par le fondeur Robert Osmond et l’horloger Lepaute en 1770, qui est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Editions Klinkhardt & Biermann, Munich, 1986, p. 194 ; ainsi qu’un deuxième qui fait partie des collections du Musée des Arts Décoratifs à Paris (voir P. Jullian, Le style Louis XVI, Editions Baschet et Cie, Paris, 1983, p.121, fig.4) ; enfin,  mentionnons particulièrement une dernière pendule de ce type qui est conservée au Musée du Petit Palais à Paris parue dans Tardy, La pendule française, Des origines à nos jours, 2ème partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p. 289, fig.3.

    Jean-André et Jean-Baptiste Lepaute

    « Lepaute Horloger du Roi à Paris »: Cette signature correspond à la collaboration de deux frères, Jean-André Lepaute (1720-1789) et Jean-Baptiste Lepaute (1727-1802), tous deux nommés horlogers du Roi et qui connurent une carrière hors du commun.

    Jean-André, né à Thonne-la-Long en Lorraine, vint à Paris en tant que jeune homme et fut rejoint par son frère en 1747. Leur entreprise, créée de fait en 1750, fut formellement fondée en 1758. Reçu maître par la corporation des horlogers en 1759, Jean-André fut d’abord logé au Palais du Luxembourg and ensuite, en 1756, aux Galeries du Louvre. Jean-André Lepaute a écrit un Traité d’Horlogerie, publié à Paris in 1755. Un petit volume, Description de plusieurs ouvrages d’horlogerie apparut en 1764. En 1748 il épousa la mathématicienne et l’astronome Nicole-Reine Etable de la Brière, qui prédit, entre autres, le retour de la comète Halley.

    Jean-Baptiste Lepaute, reçu maître en décember 1776, fut connu pour l’horloge à équation du temps qu’il construisit pour l’Hôtel de ville de Paris (1780, détruite par l’incendie de 1871) et celle de l’Hôtel des Invalides.

    Ils travaillèrent notamment, en France, pour le Garde-Meuble de la Couronne et les plus grands amateurs de l’époque, à l’étranger, pour le prince Charles de Lorraine et la reine Louise-Ulrique de Suède.

    Jean-Baptiste reprit la direction de l’atelier lors de la retraite de son frère Jean-André en 1775.



    Robert Osmond (1711 - 1789)

    Le bronzier Robert Osmond nait à Canisy, près de Saint-Lô ; il fait son apprentissage dans l’atelier de Louis Regnard, maître fondeur en terre et en sable, devenant maître bronzier à Paris en 1746. On le trouve d’abord rue des Canettes, paroisse St Sulpice, et dès 1761, dans la rue de Mâcon. Robert Osmond devient juré de sa corporation, s’assurant ainsi une certaine protection de ses droits de créateur. En 1753 son neveu quitte la Normandie pour le rejoindre, et en 1761, l’atelier déménage dans la rue de Macon. Le neveu, Jean-Baptiste Osmond (1742-après 1790) est reçu maître en 1764 ; après cette date, il travaille avec son oncle ; leur collaboration fut si étroite qu’il est difficile de distinguer entre les contributions de l’un et de l’autre. Robert Osmond prend sa retraite vers 1775. Jean-Baptiste, qui continue de diriger l’atelier après le départ de son oncle, connaît bientôt des difficultés ; il fait faillite en 1784. Son oncle Robert meurt en 1789.

    Bronziers et ciseleurs prolifiques, les Osmond pratiquaient les styles Louis XV et néoclassiques avec un égal bonheur. Leurs œuvres, appréciées à leur juste valeur par les connaisseurs de l’époque, furent commercialisées par des horlogers et des marchands-merciers. Bien qu’ils aient produit toutes sortes de bronzes d’ameublement, y compris des chenets, des appliques et des encriers, aujourd’hui ils sont surtout connus pour leurs caisses de pendules, comme par exemple celle qui représente le Rapt d’Europe (Musée Getty, Malibu, CA,) dans le style Louis XV, et deux importantes pendules néoclassiques, dont il existe plusieurs modèles, ainsi qu’un vase à tête de lion (Musée Condé de Chantilly et le Cleveland Museum of Art) et un cartel avec rubans ciselés (exemples dans le Stockholm Nationalmuseum et le Musée Nissim de Camondo de Paris). Une pendule remarquable, ornée d’un globe, des amours, et d’une plaque en porcelaine de Sèvres (Louvre, Paris) compte également parmi leurs œuvres importantes.

    D’abord voués au style rocaille, au début des années 1760 ils ont adopté le nouveau style néoclassique, dont ils devinrent bientôt les maîtres. Ils fournirent des boîtes aux meilleurs horlogers de l’époque, y compris Montjoye, pour lequel ils créèrent des boîtes de pendules de cartonnier et de pendules colonne ; la colonne étant l’un des motifs de prédilection de l’atelier Osmond.



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    Rare paire de bougeoirs à décor rocaille en bronze très finement ciselé, gravé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Paris, époque Louis XV, milieu du XVIIIe siècle, vers 1750

    Hauteur27.5 Diamètre15.5

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé, gravé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque bougeoir présente un décor rocaille caractéristique des meilleures créations parisiennes du milieu du XVIIIe siècle. Les fûts contournés, à jeux de feuillages et crosses, sont agrémentés de palmettes et gravés de feuillages ou fruits ; ils reposent sur des bagues moulurées et supportent les binets et bobèches à feuillages et réserves sinueuses. Les bases, présentant un dessin campaniforme à larges réserves à filets amatis décorées de festons en chutes et motifs de passementerie, sont contournées à décor de joncs retenus par des rubans et agrémentées de motifs rocailles en feuilles d’acanthe terminées en volutes encadrant des coquilles stylisées.

    La composition rocaille de cette rare paire de bougeoirs s’inspire plus ou moins directement des modèles d’orfèvrerie contemporains ainsi que de certains projets d’ornemanistes parisiens de la première moitié du XVIIIe siècle. Ainsi l’accentuation du mouvement particulier des motifs, le parti pris d’une asymétrie générale assumée par le bronzier et son commanditaire et la qualité exceptionnelle de la ciselure, de la gravure et de la dorure, sont des caractéristiques ornementales, décoratives et techniques mises en avant par les grands donneurs de modèles du début du règne de Louis XV, particulièrement par Juste-Aurèle Meissonnier (1693-1750), auteur notamment d’un projet de bougeoir considéré comme l’archétype et le parfait aboutissement de l’esprit rocaille élaboré par les artistes, artisans et grands collectionneurs parisiens dès la fin de la Régence du duc d’Orléans (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.104, fig.2.1.5).

    Les bougeoirs que nous proposons furent réalisés dans ce contexte particulier ; leur dessin présente toutefois un esprit assagi, des motifs plus précisément ciselés et une composition générale plus équilibrée, permettant de les considérer comme postérieurs de plusieurs décennies au projet de Meissonnier. De nos jours, parmi les rares modèles répertoriés réalisés dans le même esprit, citons tout d’abord des bougeoirs rocailles datables des années 1730 : notamment un premier exemplaire qui est exposé au Musée du Louvre à Paris (paru dans G. Mabille, Le style Louis XV, Editions Baschet et Cie, Paris, 1978, p.173, fig.7) ; ainsi qu’un second, anciennement dans la collection David-Weill, qui est reproduit dans G. Henriot, Le luminaire de la Renaissance au XIXe siècle, Paris, 1933, planche 161, n°5. Enfin, mentionnons particulièrement des modèles du milieu du XVIIIe siècle de composition proche à ceux que nous présentons : un premier exemplaire est illustré dans Collection Connaissance des Arts, Le Dix-Huitième Siècle français, Hachette, 1956, p.129 ; tandis qu’un second, portant le poinçon du C couronné (1745-1749) et provenant des collections du Château de Versailles au XIXe siècle, appartient aux collections du Musée du Louvre à Paris (voir D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum et G. Mabille, Les bronzes d’ameublement du Louvre, Editions Faton, Dijon, 2004, p.58, catalogue n°22).

    Caffieri
    Philippe Caffieri (1714-1774)

    Importante paire d’appliques « rocaille » à trois lumières en bronze très finement ciselé, repercé et doré

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    Attribuée à Philippe Caffieri

    Paris, époque Louis XV, vers 1755

    Hauteur68 Largeur41 Profondeur21

    Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, repercé et doré, chaque applique présente une composition rocaille à platine contournée, animée de crosses, volutes, fleurs et feuillages, sur laquelle viennent se rattacher les trois bras de lumière sinueux, émergeant d’un bouquet feuillagé, agrémentés de rinceaux, graines et oves, qui supportent des bassins épanouis découpés en corolles et contiennent les binets à réserves et feuillages.

    Réalisée dans le plus pur esprit rocaille parisien du milieu du XVIIIe siècle, cette importante paire d’appliques se distingue par l’équilibre de sa composition et par l’exceptionnelle qualité de sa ciselure et de sa dorure qui témoignent de la parfaite maîtrise technique du bronzier qui créa ce modèle, que nous attribuons au tout premier temps de l’activité de Philippe Caffieri, lors de la reprise de l’atelier de son père en 1755.

    De nos jours, parmi les rares exemplaires connus réalisés dans le même esprit et parfois rattachés à l’œuvre de Philippe Caffieri, citons particulièrement : deux paires qui sont exposées au Palais du Quirinale à Rome (parues dans A. Gonzalez-Palacios, Il Patrimonio artistico del Quirinale, Gli Arredi Francesi, Milan, 1996, p.245, catalogue n°54) ; une troisième qui appartient aux collections du Musée du Château de Fontainebleau (voir J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.123) ; une quatrième qui est conservée au Musée national de Stockholm (illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.141, fig.2.11.13) ; une cinquième qui figure dans les collections du Musée Jacquemart-André à Paris (reproduite dans G. Mabille, Le style Louis XV, Paris, 1978, p.172, fig.4) ; enfin, mentionnons une dernière paire d’appliques de ce type, provenant des collections du Dr Fritz Mannheimer, qui est conservée au Rijkmuseum d’Amsterdam (voir R. Baarsen, Paris 1650-1900, Decorative Arts in the Rijksmuseum, 2013, p.144-145, catalogue n°31).

    Philippe Caffieri (1714 - 1774)

    Philippe Caffieri est certainement le plus important bronzier parisien du deuxième tiers du XVIIIe siècle. Frère du sculpteur Jean-Jacques Caffieri (1725-1792) et fils de Jacques Caffieri (1678-1755), « Sculpteur et ciseleur ordinaire du Roi », il s’associe avec son père en 1747, puis est reçu maître sculpteur en 1754 et devient membre de l’Académie de Saint-Luc.

    Son père disparait l’année suivante, il reprend alors la direction de l’atelier familial situé rue Princesse et indemnise son frère pour le rachat du stock des modèles « rocaille » de l’atelier. Quelques mois plus tard, il fait enregistrer ses lettres de maîtrise de maître fondeur en terre et sable en tant que fils de maître.  Dans un premier temps, il continue l’esprit rocaille si cher à son père, puis commence à développer de nouveaux modèles néoclassiques. C’est notamment lui qui travaille sur le premier exemple de meuble antiquisant commandé par le riche financier Ange-Laurent Lalive de Jully ; puis, tout au long de sa carrière, Philippe Caffieri travaillera pour les plus grands amateurs parisiens de l’époque.



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    Lepaute  -  Petit
    Jean-André et Jean-Baptiste Lepaute
    Nicolas Petit (1732-1791)

    Important régulateur à équation du temps sectoriel dans sa caisse violonée en marqueterie florale

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    « Lepaute »

    Dans une caisse attribuée à Nicolas Petit

    Paris, fin de l’époque Louis XV, vers 1765

    Hauteur215 Largeur63 Profondeur24

    Le cadran annulaire en laiton doré et gravé, signé « Lepaute », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes, les secondes et présente un guichet inférieur dévoilant un calendrier annuel, grâce à trois aiguilles en acier poli et bleui ; il renferme un second cadran en laiton guilloché marque l’équation du temps, c’est-à-dire la différence entre l’heure solaire (temps vrai) et l’heure terrestre (temps moyen). Le mouvement s’inscrit dans une caisse violonée, marquetée de branchages et de bouquets fleuris et feuillagés en bois teintés se détachant sur des fonds d’amarante de fil dans des encadrements de bois satiné, qui repose sur un socle et une base quadrangulaire en placage de bois de violette marqueté en ailes de papillon ; la façade ouvre par une porte qui dévoile le balancier à gril. L’ensemble est richement agrémenté d’une ornementation en bronze très finement ciselé et doré : l’amortissement est souligné de crosses feuillagées sommées d’un fleuron ; le mouvement surmonte un motif à double feuille d’acanthe centré d’un masque de Diane couronnée d’un croissant de lune ; la façade présente une ouverture circulaire vitrée bordée d’une double crosse affrontée à rinceaux et volutes et surmontée d’un trophée aux attributs de la Géographie composé d’une équerre, d’un compas, d’une longue-vue et d’un globe terrestre sur piédouche ; enfin, deux larges rinceaux d’acanthe à enroulements soulignent le galbe du soubassement trapézoïdal.

    La composition originale de ce superbe régulateur témoigne de la collaboration d’artisans parisiens de tout premier plan, les horlogers Lepaute et l’ébéniste Nicolas Petit, à qui nous attribuons la caisse de l’horloge que nous proposons. Ce dernier occupe une place particulière dans la grande ébénisterie parisienne de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En effet, au XVIIIe siècle la majorité des artisans en meubles parisiens se limitaient à la réalisation de pièces d’ébénisterie « courantes » tels que les secrétaires, bibliothèques, tables, guéridons, armoires ou commodes, le tout avec plus ou moins de talent et d’habileté ; la production de Nicolas Petit dans ce domaine est notamment révélatrice de son savoir-faire exceptionnel de marqueteur. Parallèlement à cette production classique, l’ébéniste développa une activité, rarement privilégiée par ses confrères, qui consistait à créer des caisses de régulateurs destinées à recevoir les mouvements et les cadrans des grands horlogers de l’époque. Il déclina si parfaitement les formes violonées, lyres ou néoclassiques, et parvint à une telle maîtrise de ce art, qu’il devint en l’espace de quelques années le principal partenaire des plus importants horlogers parisiens du temps, particulièrement des Lepaute.

    L’exemplaire que nous présentons est caractéristique des débuts de cette collaboration qui durera plusieurs décennies. Sa forme élégante, la qualité des bois de placage employés, rigoureusement sélectionnés par l’ébéniste, et la perfection du mécanisme d’horlogerie, nous permettent de le situer parmi les exemplaires les plus aboutis de cette première période de cette coopération Lepaute-Petit. De nos jours, parmi les rares régulateurs connus estampillés ou attribués à l’ébéniste de dessin identique, mais avec des variantes dans la marqueterie et dans le traitement du décor de bronze doré, citons tout d’abord trois modèles à marqueterie de croisillons : le premier, le cadran par Ferdinand Berthoud, est conservé dans la collection Tieger à Milan (voir le catalogue de l’exposition Ferdinand Berthoud 1727-1807, Horloger mécanicien du Roi et de la Marine, Musée international d’Horlogerie, La Chaux-de-Fonds, 1984, p.248, fig.121) ; le deuxième estampillé Petit est illustré dans P. Siguret, Le style Louis XV, Fribourg, 1965, p.122 ; enfin, le troisième appartient aux collections du Musée hongrois des Arts décoratifs de Budapest (reproduit dans H. Szabolcsi, Meubles français en Hongrie, 1964, fig.19). Ensuite, mentionnons deux modèles en bois de placage : le premier, en bois de rose et amarante, est paru dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.303 ; tandis que le second, le cadran émaillé signé « Lepaute », a été étudié dans la monographie consacrée à l’ébéniste (voir A. Droguet, Nicolas Petit 1732-1791, Les éditions de l’Amateur, Paris, 2001, p.69). Enfin, relevons qu’un dernier modèle, richement marqueté de marqueterie florale sur fond de bois de rose, est reproduit dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Schiffer Publishing, 1988, p.107, fig.191.

    Jean-André et Jean-Baptiste Lepaute

    « Lepaute Horloger du Roi à Paris »: Cette signature correspond à la collaboration de deux frères, Jean-André Lepaute (1720-1789) et Jean-Baptiste Lepaute (1727-1802), tous deux nommés horlogers du Roi et qui connurent une carrière hors du commun.

    Jean-André, né à Thonne-la-Long en Lorraine, vint à Paris en tant que jeune homme et fut rejoint par son frère en 1747. Leur entreprise, créée de fait en 1750, fut formellement fondée en 1758. Reçu maître par la corporation des horlogers en 1759, Jean-André fut d’abord logé au Palais du Luxembourg and ensuite, en 1756, aux Galeries du Louvre. Jean-André Lepaute a écrit un Traité d’Horlogerie, publié à Paris in 1755. Un petit volume, Description de plusieurs ouvrages d’horlogerie apparut en 1764. En 1748 il épousa la mathématicienne et l’astronome Nicole-Reine Etable de la Brière, qui prédit, entre autres, le retour de la comète Halley.

    Jean-Baptiste Lepaute, reçu maître en décember 1776, fut connu pour l’horloge à équation du temps qu’il construisit pour l’Hôtel de ville de Paris (1780, détruite par l’incendie de 1871) et celle de l’Hôtel des Invalides.

    Ils travaillèrent notamment, en France, pour le Garde-Meuble de la Couronne et les plus grands amateurs de l’époque, à l’étranger, pour le prince Charles de Lorraine et la reine Louise-Ulrique de Suède.

    Jean-Baptiste reprit la direction de l’atelier lors de la retraite de son frère Jean-André en 1775.



    Nicolas Petit (1732 - 1791)

    Nicolas Petit figure parmi les plus importants artisans en meubles parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Après son accession à la maîtrise, en janvier 1761, il établit son atelier à l’enseigne du « Nom de Jésus » dans le quartier du Faubourg Saint-Antoine et acquiert rapidement une grande notoriété. Pendant près d’une trentaine d’années, l’ébéniste va produire de nombreux meubles en cherchant toujours à s’adapter à l’évolution du goût et aux désirs de sa clientèle composée de personnalités de l’aristocratie et d’amateurs, notamment le président Tascher et les ducs d’Orléans, d’Harcourt et de Bouillon. De nos jours, certains de ses meubles appartiennent aux plus grandes collections publiques internationales, citons notamment ceux exposés au Musée des Arts décoratifs de Lyon, au Musée lorrain de Nancy, aux musées des Arts décoratifs, des Arts et Métiers et Carnavalet à Paris, au Musée Lambinet à Versailles, à la Wallace Collection à Londres, dans la collection James de Rothschild à Waddesdon Manor et au Musée Calouste Gulbenkian à Lisbonne.



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    Le Roy  -  Cressent
    Julien II Le Roy (1686-1759)
    Charles Cressent (1685-1768)

    Exceptionnel régulateur dit « de parquet » en placage d’amarante et bronze très finement ciselé, mouluré et doré à indication manuelle de l’équation du temps

    APF_Régulateur010_08

    Dans une caisse de Charles Cressent

    Paris, époque Louis XV, vers 1750

    Hauteur221.5 Largeur57.5 Profondeur24

    Le cadran circulaire en cuivre ou laiton doré est signé dans un cartouche, gravé « Julien Le Roy A.D (comprenez Ancien Directeur) de la Société des Arts », qui se détache sur un fond de croisillons centrés de fleurettes ou de quartefeuilles. Il indique les heures en chiffres romains, les minutes et les secondes en chiffres arabes par trois aiguilles en acier poli et marque manuellement sur sa bordure extérieure l’équation du temps sur un cercle réglable selon la date par l’intermédiaire d’un pignon placé à la périphérie. Le mouvement, également signé « Julien Le Roy à Paris », est à poids sur corde sans fin et à sonnerie des heures et des demies heures activée par un ressort sur roue de compte et déclenchée par un petit pignon accessoire lié à la couronne d’équation. L’ensemble est renfermé dans une caisse violonée entièrement réalisée en placage de feuilles de bois d’amarante disposées en frisage dans des encadrements de filets de laiton qui soulignent les courbes de l’horloge ; cette dernière ouvre par deux vantaux permettant d’accéder à l’intérieur de la caisse et repose sur une plinthe quadrangulaire supportée par quatre pieds raves en bois noirci ou ébène.

    L’horloge est très richement décorée d’une ornementation de bronze très finement ciselé, mouluré et doré à motifs rocailles et allégoriques. L’amortissement est agrémenté d’une figure en ronde-bosse aux ailes déployées représentant le Temps menaçant, allongé et légèrement enveloppé dans une draperie, qui tient une faulx levée dans sa main droite ; il surmonte un chapiteau curviligne souligné d’un cartouche, centré d’un mascaron s’épanouissant d’une coquille stylisée, dont les côtés se terminent en enroulements de rinceaux ; la lunette, ciselée d’une frise d’entrelacs centrés de fleurettes et bordée d’un anneau à crosses et cabochons alternés, est flanquée de deux motifs rocailles à feuilles d’acanthe, graines et enroulements. La lanterne repose sur un entablement quadrangulaire, décoré aux angles d’écoinçons à réserves amaties, qui surmonte une frise d’oves soulignée en façade d’un large motif d’enroulements et de feuillages reposant sur un superbe masque chinoisant, le visage se détachant d’un motif rocaille agrémenté de rubans dans sa partie basse ; les côtés à motifs de crosses et de rinceaux feuillagés. La partie médiane de la caisse, foncée d’une glace, présente un élément en pelta à encadrements moulurés soulignés de motifs déchiquetés, de rinceaux, de branchages et de pampres de vigne ; la base est agrémentée de deux petits motifs feuillagés.

    Bien qu’il ne porte ni signature, ni estampille, cet important régulateur peut être rattaché sans équivoque à l’œuvre de Charles Cressent. En effet, sa composition générale, les essences de bois de placage employées, son décor original de bronze ciselé et doré, ainsi que la signature de l’horloger Julien II Le Roy, dont la signature apparaît sur pas moins de six régulateurs de l’ébéniste sur la quinzaine à ce jour répertoriée, sont autant d’éléments déterminants permettant une telle attribution. L’œuvre biographique consacré à cet artisan par Alexandre Pradère étudie méthodiquement la carrière de Cressent qui, parallèlement à la réalisation « classique » de meubles tels que des commodes, bureaux plats, bibliothèques, encoignures, armoires, médailliers…se spécialisa également, à l’instar de son célèbre confrère André-Charles Boulle (1642-1732), dans la confection de bronzes d’ameublement et de sculptures essentiellement commandés par les grands collectionneurs pour lesquels Cressent travaillait et qui démontrent son exceptionnelle créativité et la qualité toujours irréprochable de ses fontes. Cela lui valut de nombreux conflits avec la corporation des maîtres bronziers régie par les lois strictes des anciennes corporations parisiennes et dont les membres détenaient l’exclusivité du travail du bronze. Toutefois, Cressent continua à fondre ses propres modèles de bronzes dans son atelier, ce qui lui permit notamment d’en protéger la propriété. Cette particularité, certainement obtenue et conservée grâce à l’appui des puissants commanditaires de Cressent tel que le Régent, confère aux réalisations de l’ébéniste-sculpteur une esthétique ornementale ou sculpturale si particulière qu’elle en est également sa véritable signature.

    Dans le domaine de l’horlogerie, Cressent appliqua ces mêmes principes décoratifs en privilégiant les jeux des placages ou de marqueterie agrémentés de bronzes dorés ou vernis superbement ciselés. Il sut également parfaitement s’adapter au renouveau des arts décoratifs de la fin du règne de Louis XIV en concevant des caisses de pendules, de cartels et de régulateurs, qui participèrent à la renommée exceptionnelle qu’il connut sous la Régence et dans les premières décennies du règne de Louis XV. Concernant plus précisément les régulateurs, l’ébéniste confectionna un type de caisses violoné qu’il déclina principalement en trois différents types en variant les bois de placage, essentiellement amarante et satiné, et en jouant habillement sur l’ornementation de bronze. De nos jours, une quinzaine d’exemplaires est répertoriée et appartient aux plus importantes collections privées et publiques internationales. Le premier type est agrémenté de deux têtes de Borée sous le cadran et d’une figure sculpturale du Temps à l’amortissement ; de ce modèle citons notamment les deux exemplaires qui appartiennent aux collections de la reine d’Angleterre (illustrés dans C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy & its Timekeepers 1300-1900, Londres, 1983, p.126, figs.169-170) ; ainsi qu’un troisième qui est exposé au Musée du Louvre à Paris (reproduit dans D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum et A. Lefébure, Le mobilier du Musée du Louvre, Tome 1, Editions Faton, Dijon, 1993, p.124, catalogue n°38). Soulignons également qu’une horloge de ce modèle fut proposée aux enchères à Paris en février 1761, lors de la dispersion de la collection du puissant trésorier de la Marine Marcellin-François de Selle, grand amateur des œuvres de Cressent : « Une pendule à secondes, très estimée des connaisseurs, faite par Ferdinand Berthoud ; elle marque les équations par elle-même, seconde minute d’équation, le tout concentré ; sa boite qui a 6 pieds et demi de haut, est garnie de bronzes dorés d’or moulu, de la composition du sieur Cressent ; au-dessus de la boite qui renferme le mouvement, est représenté une figure ailée représentant le temps, tenant sa faulx ; cette figure est de ronde bosse, d’un beau modèle et parfaitement bien réparée ; deux têtes en relief qui représentent des vents, sont au-dessous du cadran : cette pendule peut être placée dans les plus beaux cabinets ».

    Le deuxième type est également décoré de deux masques de Borée, mais le sommet est orné d’un motif rayonnant semblant émerger d’un chaos ; de ce modèle mentionnons particulièrement un premier régulateur, le cadran signé « Jean-Baptiste Baillon », qui se trouvait anciennement dans la collection de Marcel Bissey (Vente à Paris, Hôtel Drouot, Me Binoche, le 6 novembre 1991, lot 14) ; ainsi qu’un second, le cadran signé « Julien Le Roy de la Société des Arts » qui a fait partie de la collection Lopez-Terragoya (paru dans A. Pradère, op.cit., p.304, catalogue n°263). Notons qu’une variante de ce deuxième type présente une caisse de moindre hauteur soulignée de motifs de palmes chers à Cressent et que l’on retrouve notamment sur certains cartels de l’ébéniste ; un exemplaire de ce modèle, provenant des collections du château d’Ermenonville, appartient aux collections du Musée des Arts décoratifs de Lyon (voir le catalogue de l’exposition Ô Temps ! Suspends ton vol, Lyon, 2008, p.55-56, catalogue n°13).

    Enfin, un troisième type de régulateurs, auquel appartient l’exemplaire que nous proposons, peut être considéré comme le modèle à la composition la plus aboutie et la plus équilibrée. De ce dernier type, sont connues : une première horloge, anciennement dans la collection de Richard Wallace, qui est photographiée dans la Grande Galerie de l’hôtel de la rue Laffitte en 1912 (voir P. Hugues, The Wallace Collection, Catalogue of Furniture, III, Londres, 1996, p.1555) ; ainsi qu’une seconde, portant l’estampille de Pierre Migeon (qui dut agir en tant que restaurateur), conservée dans une collection privée (reproduite dans Sophie Mouquin, Pierre IV Migeon 1696-1758, Au cœur d’une dynastie d’ébénistes parisiens, Les éditions de l’amateur, Paris, 2001, p.118). Enfin, relevons particulièrement que le régulateur présenté semble être le seul muni de cet ingénieux système manuel d’indication du temps qui pourrait correspondre à la mise en pratique d’une invention présentée par Pierre II Le Roy, frère de Julien II Le Roy, à l’Académie des Sciences en 1728.

    Julien II Le Roy (1686 - 1759)

    Né à Tours, il est formé par son père Pierre Le Roy ; à treize ans il avait déjà fabriqué une pendule. En 1699 Julien Le Roy emménage à Paris, où il devient l’apprenti de Le Bon. Reçu maître-horloger en 1713, par la suite il devient juré de la guilde ; il est juré de la Société des Arts de 1735 à 1737. En 1739 il devient horloger ordinaire du Roi Louis XV. Il n’occupe jamais le logement qu’on lui accorde au Louvre, mais le laisse à son fils Pierre (1717-1785) et continue de travailler rue de Harlay. Le Roy est à l’origine de nombreuses innovations, y compris le perfectionnement d’horloges monumentales indiquant l’heure moyenne et l’heure vraie. Le Roy travaille sur les mouvements à équation, ainsi que des mécanismes de répétition à tirage. Il adopte l’échappement à cylindre de George Graham, rendant les montres plus plates. Il choisit ses caisses chez les meilleurs artisans, tels que les Caffieri, André-Charles Boulle, Jean-Joseph de Saint-Germain, Robert Osmond, Balthazar Lieutaud et Antoine Foullet. Ses cadrans sont fournis par Antoine-Nicolas Martinière, Nicolas Jullien et peut-être Elie Barbezat. Le Roy a beaucoup amélioré l’horlogerie parisienne. Grâce à son amitié avec les horlogers britanniques Henry Sully et William Blakey, plusieurs excellents horlogers anglais et hollandais ont pu entrer dans les ateliers parisiens.

    Les œuvres de Julien Le Roy se trouvent aujourd’hui dans les plus grandes collections du monde, y compris les Musées du Louvre, Cognacq-Jay, Jacquemart-André et le Petit Palais à Paris ; le Château de Versailles, le Victoria and Albert Museum et le Guildhall à Londres et Waddesdon Manor dans le Buckinghamshire ; le Musée International d’Horlogerie de La Chaux-de-Fonds et le Musée de Zeitmessung Bayer à Zurich ; le Rijksmuseum d’Amsterdam et les Musées Royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles ; le Museum für Kunsthandwerck de Dresde ; le National Museum de Stockholm et le Musea Nacional de Arte Antigua de Lisbonne. Aux Etats-Unis on trouve des œuvres de Le Roy au J. P. Getty Museum de Californie; la Walters Art Gallery de Baltimore et le Detroit Institute of Art.



    Charles Cressent (1685 - 1768)

    Charles Cressent figure parmi les plus importants ébénistes parisiens du XVIIIe siècle et est probablement le plus célèbre artisan en meubles de l’esprit Régence qu’il véhicula dans ses réalisations d’ébénisterie et de sculpture tout au long de sa carrière. Fils d’un sculpteur du Roi, il s’exerce à la sculpture à Amiens où réside son grand-père, lui-même sculpteur et fabricant de meubles. Ses débuts sont donc dominés par l’apprentissage des techniques de la sculpture, si bien qu’en 1714, c’est en présentant une œuvre dans cette spécialité qu’il est reçu à l’Académie de Saint Luc. Il s’établit alors à Paris et commence à travailler pour certains confrères, puis épouse la veuve de l’ébéniste Joseph Poitou, ancien ébéniste du duc Philippe d’Orléans, alors Régent du royaume. Par ce mariage, il prend en charge la direction de l’atelier et continue l’activité si brillamment qu’il devient à son tour le fournisseur privilégié du Régent, puis à la mort de ce dernier, en 1723, de son fils Louis d’Orléans qui lui passe de nombreuses commandes et lui assure une grande prospérité au cours de ces années-là. Rapidement sa notoriété dépasse les frontières du royaume et certains princes et rois européens commandent des œuvres à l’ébéniste, particulièrement le roi Jean V du Portugal et l’Electeur Charles Albert de Bavière. En France, il s’était composé une riche clientèle privée comprenant des membres de la haute aristocratie, tel le duc de Richelieu, et des grands collectionneurs, notamment le puissant trésorier général de la marine Marcellin de Selle. Cressent n’aura de cesse tout au long de sa carrière de créer, à l’encontre des lois de la corporation des bronziers, ses propres modèles de bronzes fondus dans son atelier ; cette particularité, que l’on retrouve également chez André-Charles Boulle, apporte à son œuvre une grande homogénéité et démontre surtout ses talents exceptionnels de sculpteur.



    Baillon  -  Saint-Germain
    Jean-Baptiste III Albert Baillon (?-1772)
    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719-1791)

    Exceptionnel et monumental cartel d’applique rocaille dit « au Chinois astronome » en bronze très finement ciselé et doré

    Modèle dit « du Prince de Soubise »

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    Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

    Paris, époque Louis XV, vers 1745-1749

    Hauteur108 Largeur60 Profondeur17.5

    Provenance :

    – Peut-être l’exemplaire décrit en février 1749 dans l’inventaire après décès de Hercule Mériadec de Rohan-Soubise duc de Rohan prince de Soubise : « Dans la chambre à coucher en suite du salon où mon dit seigneur prince de Rohan est décédé ayant aussi vue sur le jardin dudit hôtel de Soubize : Une pendule faite en œil par Jean-Baptiste Baillon dans sa boite ornée d’une figure chinoise tenant une sphère et de deux animaux de bronze doré d’or moulu 1000 livres ».

     

    Le cadran circulaire en cuivre doré, gravé de rinceaux, fleurettes et lambrequins, est à vingt-cinq cartouches émaillés blanc indiquant les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en acier poli-bleui ; le centre est à médaillon émaillé signé « J. Baptiste Baillon ». Le mouvement, sonnant les heures et demi-heures, s’inscrit dans une superbe et monumentale caisse rocaille entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré. L’amortissement est formé d’une figure représentant un Chinois, vêtu et coiffé à la mode de l’Extrême-Orient, tenant une sphère armillaire ; il est assis sur un large motif rocaille à décor d’ondes et de coquille ; sur sa droite se trouve un dragon, gueule largement ouverte, queue entortillée et ailes déployées. Les côtés de la caisse sont richement agrémentés d’ondes, branchages fleuris et feuillagés, crosses et réserves repercées tendues de tissu couleur lie de vin à croisillons centrés de fleurettes. La partie inférieure et le culot sont à décor de crosses, entrelacs centrés de cabochons, réserves sinueuses à fond amati, palmes, branchages feuillagés, ondes, fleur de tournesol, aile de chauve-souris, rinceaux…au centre, un échassier aux ailes déployées regarde vers le haut du cartel et tient un bloc de rocher dans les griffes de sa patte droite.

    Réalisé dans le plus pur esprit rocaille du milieu des années 1740, cet exceptionnel cartel s’inscrit parmi les chefs-d’œuvre de l’horlogerie parisienne de luxe de cette époque. Ses proportions monumentales, la qualité de sa fonte, la précision de sa ciselure, la parfaite maîtrise de sa dorure « au mercure », ainsi que sa thématique « chinoisante » rare et originale ayant trait au goût du temps pour l’Extrême-Orient, nous permettent de l’attribuer à l’œuvre de Jean-Joseph de Saint Germain, l’un des plus talentueux bronziers parisiens de cette période. A notre connaissance, un seul autre cartel de composition identique est répertorié : également signé par Jean-Baptiste III Baillon, il se distingue du modèle que nous proposons par son cadran entièrement émaillé et porte le poinçon du C couronné permettant de dater le modèle vers 1745-1749 ; il appartient aux célèbres collections du comte et de la comtesse de Rosebery à Dalmeny House, West Lothian (illustré dans J-D. Augarde, Les ouvriers du Temps, La pendule à Paris de Louis XIV à Napoléon Ier, Antiquorum Editions, Genève, 1996, p.31, fig.13, et dans J. Whitehead, The French Interior in the Eighteenth Century,  Londres, 2009, p.151).

    Le cartel que nous proposons ou, bien logiquement, celui identique conservé à Dalmeny House, figurait au milieu du XVIIIe siècle chez l’un des plus importants collectionneurs de son temps : Hercule-Mériadec de Rohan-Soubise duc de Rohan prince de Soubise (1669-1749). En effet, suite au décès du prince, un inventaire de ses collections fut effectué dans lequel était décrite : « Dans la chambre à coucher en suite du salon où mon dit seigneur prince de Rohan est décédé ayant aussi vue sur le jardin dudit hôtel de Soubize » : « Une pendule faite en œil par Jean-Baptiste Baillon dans sa boite ornée d’une figure chinoise tenant une sphère et de deux animaux de bronze doré d’or moulu ». Prisé pour la somme exceptionnelle de 1000 livres, alors que dans le même inventaire une paire de coffres de Boulle était évaluée 900 livres, le cartel demeura en place tout au long du XVIIIe siècle à l’Hôtel de Soubise et réapparu au moment du décès de Charles de Rohan prince de Soubise (1715-1787) qui avait hérité de l’hôtel et de ses collections ; ainsi, toujours inventorié dans la chambre à coucher du prince, se trouvait : « Une pendule du nom de Baptiste Baillon dans son cartel de cuivre doré d’or moulu 150 livres ». La différence importante entre l’estimation de 1749 et celle de 1787 se justifie par le renouvellement total du goût pour le Néoclassicisme dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. La lumière aurait pu être faite sur cette provenance si les notaires-priseurs avaient décrit plus précisément le cadran « en émail » ou « en cuivre et heures émaillées » nous permettant ainsi de différencier lequel, entre le cartel proposé et celui de Dalmeny House, correspond au cartel « du Prince de Soubise ».

    Jean-Baptiste III Albert Baillon (? - 1772)

    Cet excellent horloger, également un grand innovateur, est considéré par F.J. Britten comme étant « l’horloger le plus riche de l’Europe » à son époque. L’un des meilleurs horlogers de son temps, il appartient à l’une des plus importantes dynasties horlogères du XVIIIème siècle, étant sans doute le plus célèbre membre de la famille. Sa réussite est due, entre autres, à l’importante manufacture privée qu’il fonda à Saint-Germain-en-Laye, établissement unique dans l’histoire de l’horlogerie du XVIIIème siècle.

    Dirigée de 1748 à 1757 par Jean Jodin (1715-61), elle continue de fonctionner jusqu’à ce que Baillon la ferme en 1765. Le célèbre horloger Ferdinand Berthoud fut impressionné par la quantité et la qualité de ses produits ; en 1753 il nota : « Sa maison est le plus bel et riche Magasin de l’Horlogerie. Les Diamant sert non seulement à décorer ses montres, mais même des Pendules ; Il en a fait dont les Boetes étoïent de petits Cartels d’Or, ornés de fleurs de Diamans imitant la Nature… Sa maison de St-Germain est une espèce de Manufacture. Elle est remplie d’Ouvriers continuellement occupés pour lui… puisque lui seul fait une bonne partie de l’Horlogerie ».

    La clientèle de Baillon comprend les familles royales françaises et espagnoles et le Garde-Meuble de la Couronne, ainsi que des personnalités influentes à la cour et dans la bonne société parisienne.

    Le père de Baillon, Jean-Baptiste II (m. 1757) est un maître horloger parisien ; son grand-père, Jean-Baptiste I de Rouen, était également un horloger. Son fils, Jean-Baptiste IV Baillon (1752 – vers 1773) devient aussi horloger. Baillon lui-même est fait maître-horloger en 1727. En 1738 il est nommé valet de chambre-horloger ordinaire de la reine, puis, avant 1748, premier valet de chambre de la reine, et en 1770, premier valet de chambre et valet de chambre-horloger ordinaire de la dauphine de Marie-Antoinette. Dès 1738 il s’établit Place Dauphine ; après 1751 on le trouve rue Dauphine.

    Baillon était très exigeant quant à la qualité des boîtes et des cadrans. Ces derniers étaient fournis par Antoine-Nicolas Martinière et Chaillou ; les boîtes étaient de Jean-Baptiste Osmond, Balthazar Lieutaud, les Caffieri, Vandernasse, et Edmé Roy Jean-Joseph de Saint-Germain (qui a également fait des boîtes à l’éléphant et au rhinocéros).

    Jean-Baptiste Baillon s’enrichit grâce à son succès ; à sa mort le 8 avril 1772, on estime sa fortune à 384,000 livres. Une première vente de sa collection d’art et d’objets d’art est tenue le 16 juin 1772 ; les objets restant, évalués à 55,970 livres, sont offerts à nouveau le 23 février 1773. La vente comprend 126 montres terminées pour un total de 31,174 livres, et 127 mouvements de montres terminés, à 8,732 livres. La catégorie des pendules, dont la valeur montait à 14,618 livres, comprend 86 pendules, 20 mouvements de pendules, sept boîtes de pendules en marqueterie, une boîte en porcelaine et huit en bronze.

    Aujourd’hui l’œuvre de Baillon est conservée dans les collections les plus prestigieuses du monde, y compris les musées du Louvre, des Arts Décoratifs, le conservatoire national des arts et métiers, le Petit Palais et le musée Jacquemart-André à Paris ; le château de Versailles ; le musée Paul Dupuy à Toulouse ; la Residenz Bamberg ; le Neues Schloss, Bayreuth; le Museum für Kunsthandwerk, Frankfurt ; la Residenz à Munich et le château Schleissheim. D’autres exemples sont dans les collections des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles ; le Patrimonio Nacional d’Espagne ; le Metropolitan Museum de New York ; le Newark Museum ; Walters Art Gallery de Baltimore et Dalmeny House, South Queensferry.



    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

    Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

    Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.



    Viger  -  Saint-Germain
    François Viger (vers 1708-1784)
    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719-1791)

    Important cartel d’applique à décor rocaille en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

    APF_Cartel031_02

    Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

    Paris, époque Louis XV, vers 1745-1750

    Hauteur98 Largeur59 Profondeur17

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Viger à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; la platine est également signée et numérotée « 667 ». Le mouvement, présentant la particularité de sonner les heures, les demies, ainsi que les quarts, est renfermé dans une superbe caisse à décor rocaille entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’ensemble est agrémenté de branchages fleuris et feuillagés animés de graines, jeux de crosses asymétriques, oves ajourées, volutes et rinceaux d’acanthes…se détachant sur des fonds sinueux à larges réserves moulurées garnies de tissu couleur lie de vin à panneaux de croisillons centrés de fleurettes gravées et stylisées.

    La composition originale de cet important cartel d’applique s’inspire plus ou moins directement de certains projets décoratifs d’ornemanistes parisiens de la première moitié du XVIIIe siècle mettant en scène de luxueux intérieurs entièrement dédiés à l’esprit rocaille du règne de Louis XV. Son dessin, composé de jeux de courbes et de contre-courbes agrémentés de crosses ou de feuillages, se retrouve avec ce même esprit sur quelques rares autres cartels connus de la même époque, citons notamment : un premier modèle qui appartient aux collections royales suédoises (reproduit dans J. Böttiger, Konstsamlingarna a de Swenska Kungliga Slotten, Tome II, Stockholm, 1900) ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich ; 1988, p.38, fig.48 ; enfin, un troisième, le cadran de « Viger », qui est conservé à l’Historisches Museum de Bâle (voir Tardy, La pendule française des origines à nos jours, Paris, 1967, p.188). Enfin, mentionnons particulièrement deux exemplaires réalisés dans le même esprit et portant la signature du bronzier Saint-Germain, permettant l’attribution du modèle que nous proposons : le premier est paru dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises de Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.85 ; tandis que le second, anciennement sur le Marché de l’Art parisien, est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.96.

    François Viger (vers 1708 - 1784)

    Horloger parisien du XVIIIe siècle. Tout d’abord ouvrier libre, il accède à la maîtrise en août 1744 et installe son atelier rue Saint-Denis. Comme le souligne à juste titre Jean-Dominique Augarde : « les pièces sorties de son atelier sont d’une qualité parfaite » (Les ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 405). Viger s’entoure des meilleurs bronziers et ébénistes pour la réalisation des caisses de ses pendules en collaborant notamment avec Jean-Joseph de Saint-Germain, Antoine Foullet et Jean-Baptiste Osmond. De nos jours quelques-unes de ses pendules figurent dans les plus importantes collections publiques et privées internationales, notamment à l’Historisches Museum de Bâle, à la Wallace Collection à Londres, au musée du Louvre à Paris, au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et au Palais Liazenski à Varsovie.



    Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

    Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

    Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.