search icon
Viger  -  Saint-Germain
François Viger (vers 1708-1784)

Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, patiné à l’antique et doré

« L’éléphant barrissant et le putto »

détail éléphant

Cadran signé « Viger à Paris » par l’horloger François Viger

Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

Paris, époque Louis XV, vers 1745-1750

Hauteur42 cm Largeur29 cm Profondeur9,5 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Viger à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures et dont la platine est également signée « Viger à Paris » et numérotée « 650 », est renfermé dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré. L’amortissement est orné d’un enfant ailé volant sur des nuées et tenant un arc dans sa main gauche ; la boite circulaire est soulignée de guirlandes fleuries et feuillagées et repose sur un éléphant barrissant, trompe levée, campé sur une terrasse rocaille en enrochement richement agrémentée de fleurs.

Le milieu du XVIIIe siècle est une période particulièrement féconde pour les arts décoratifs français. En effet, tout était mis en œuvre pour assister à l’émergence de talents exceptionnels et pour attirer les meilleurs artistes et artisans européens de l’époque désireux de travailler pour les grands collectionneurs parisiens. La pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte particulier ; sa composition originale, figurant un éléphant barrissant sur une base rocaille, fut créée vers le milieu du XVIIIe siècle avec certaines variantes, notamment dans l’ornementation de l’amortissement orné le plus souvent d’un singe tenant une ombrelle ou d’un échassier effrayé par un chien, plus rarement d’un enfant ailé tenant un arc comme sur l’exemplaire que nous proposons. Le modèle peut être rattaché à l’œuvre de Jean-Joseph de Saint-Germain, car une pendule de ce type, signée par ce bronzier et entièrement en bronze doré, est apparue sur le Marché de l’Art parisien (vente à Paris, Hôtel Drouot, Maître Lombrail, le 18 juin 2008, lot 150). Saint-Germain s’était fait une spécialité de ce genre de créations horlogères à figures d’animaux ornées de taureaux, lions, éléphants, rhinocéros, sangliers… qu’il déclina pendant plusieurs décennies. Concernant plus précisément les pendules à l’éléphant, il réalisa également un autre modèle à succès, de composition inversée et surmonté d’un jeune enfant tenant un cadran solaire (voir une pendule de ce type qui est reproduite dans Tardy, La pendule française, Ier Partie : De l’horloge gothique à la pendule Louis XV, Paris, 1975, p.171).

Parmi les rares autres pendules connues de dessin identique à celle que nous proposons, avec parfois d’infimes variantes dans la composition, citons, pour les modèles surmontés d’un singe : un premier exemplaire conservé à la Residenz de Bamberg (illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.124, fig.2.8.5) ; ainsi qu’un deuxième qui appartient aux collections royales espagnoles (paru dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de Relojes del Patrimonio Nacional, Madrid, 1987, p.23), et un dernier qui figure dans les collections des princes de Hesse au château de Fasanerie à Fulda (illustré dans le catalogue de l’exposition Gehäuse der Zeit, 2002, p.93). Pour le modèle orné d’un groupe, dit « à l’échassier », mentionnons particulièrement celui, signé « Jean-Baptiste Baillon », qui a fait partie de la collection de Mrs. Anna Thomson Dodge (vente Christie’s, Londres, le 24 juin 1971, lot 39). Enfin, pour le modèle sommé d’un putto, mentionnons une première pendule, le cadran signé « Renard à Reims », qui est passée en vente lors de la dispersion de la collection de la Comtesse de Maigret (vente à Paris, Hôtel Drouot, Maître Delaporte, le 10 mars 1980, lot 44) ; ainsi qu’une seconde qui est reproduite dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.242, fig.893.

François Viger (vers 1708 - 1784)

Horloger parisien du XVIIIe siècle. Tout d’abord ouvrier libre, il accède à la maîtrise en août 1744 et installe son atelier rue Saint-Denis. Comme le souligne à juste titre Jean-Dominique Augarde : « les pièces sorties de son atelier sont d’une qualité parfaite » (Les ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 405). Viger s’entoure des meilleurs bronziers et ébénistes pour la réalisation des caisses de ses pendules en collaborant notamment avec Jean-Joseph de Saint-Germain, Antoine Foullet et Jean-Baptiste Osmond. De nos jours quelques-unes de ses pendules figurent dans les plus importantes collections publiques et privées internationales, notamment à l’Historisches Museum de Bâle, à la Wallace Collection à Londres, au musée du Louvre à Paris, au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et au Palais Liazenski à Varsovie.



Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.