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Baillon  -  Saint-Germain  -  Martinière

Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

« L’Aurore ou Le point du jour »

Pendule345-05_BD_MAIL

La caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

Paris, époque Louis XV, vers 1753

Hauteur54 Largeur32 Profondeur17

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Jn. Baptiste Baillon », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; le contre-émail est signé « a.n. Martinière Pnaire (Pensionnaire) du Roy Ce 10 avril 1753 » pour Antoine-Nicolas Martinière célèbre émailleur parisien et inventeur du cadran émaillé d’un seul tenant qui révolutionna la composition des pendules parisiennes. Le mouvement, sonnant les heures, les demies et les quarts, est renfermé dans une superbe caisse rocaille entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’amortissement est orné d’un amour ailé tenant une étoile, figure allégorique à l’Aurore, disposé sous un berceau treillagé animé de jeux de crosses et de feuillages à graines ; les côtés de la caisse sont soulignés de larges crosses à enroulements et rinceaux ; la partie basse est agrémentée de deux putti, dont l’un tient un carquois et lève une flèche de sa main gauche, et est centrée d’un large motif rocaille sur lequel se détache une colombe et quelques enrochements ou parterres traités « au naturel » ; l’ensemble repose sur une base moulurée sinueuse en terrasse soulignée de cavets ; enfin, la caisse est rythmée en façade et sur les côtés de réserves à panneaux treillagés à fleurettes se détachant sur des fonds tendus de tissu lie de vin.

La composition originale de cette rare pendule de cheminée, ainsi que l’exceptionnelle qualité du travail de sa ciselure et de sa dorure, nous permettent de rattacher ce modèle à Jean-Joseph de Saint-Germain, l’un des plus talentueux bronziers parisiens du règne de Louis XV. De nos jours, parmi les rares modèles identiques connus, citons particulièrement : un premier exemplaire, le cadran de « Ferdinand Berthoud », qui se trouvait anciennement dans la collection de Mario Crijns à Bréda et qui est illustrée dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.27, fig.23 ;  ainsi qu’un second qui est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.119, fig. D.

Jean-Baptiste III Albert Baillon (? - 1772)

Cet excellent horloger, également un grand innovateur, est considéré par F.J. Britten comme étant « l’horloger le plus riche de l’Europe » à son époque. L’un des meilleurs horlogers de son temps, il appartient à l’une des plus importantes dynasties horlogères du XVIIIème siècle, étant sans doute le plus célèbre membre de la famille. Sa réussite est due, entre autres, à l’importante manufacture privée qu’il fonda à Saint-Germain-en-Laye, établissement unique dans l’histoire de l’horlogerie du XVIIIème siècle.

Dirigée de 1748 à 1757 par Jean Jodin (1715-61), elle continue de fonctionner jusqu’à ce que Baillon la ferme en 1765. Le célèbre horloger Ferdinand Berthoud fut impressionné par la quantité et la qualité de ses produits ; en 1753 il nota : « Sa maison est le plus bel et riche Magasin de l’Horlogerie. Les Diamant sert non seulement à décorer ses montres, mais même des Pendules ; Il en a fait dont les Boetes étoïent de petits Cartels d’Or, ornés de fleurs de Diamans imitant la Nature… Sa maison de St-Germain est une espèce de Manufacture. Elle est remplie d’Ouvriers continuellement occupés pour lui… puisque lui seul fait une bonne partie de l’Horlogerie ».

La clientèle de Baillon comprend les familles royales françaises et espagnoles et le Garde-Meuble de la Couronne, ainsi que des personnalités influentes à la cour et dans la bonne société parisienne.

Le père de Baillon, Jean-Baptiste II (m. 1757) est un maître horloger parisien ; son grand-père, Jean-Baptiste I de Rouen, était également un horloger. Son fils, Jean-Baptiste IV Baillon (1752 – vers 1773) devient aussi horloger. Baillon lui-même est fait maître-horloger en 1727. En 1738 il est nommé valet de chambre-horloger ordinaire de la reine, puis, avant 1748, premier valet de chambre de la reine, et en 1770, premier valet de chambre et valet de chambre-horloger ordinaire de la dauphine de Marie-Antoinette. Dès 1738 il s’établit Place Dauphine ; après 1751 on le trouve rue Dauphine.

Baillon était très exigeant quant à la qualité des boîtes et des cadrans. Ces derniers étaient fournis par Antoine-Nicolas Martinière et Chaillou ; les boîtes étaient de Jean-Baptiste Osmond, Balthazar Lieutaud, les Caffieri, Vandernasse, et Edmé Roy Jean-Joseph de Saint-Germain (qui a également fait des boîtes à l’éléphant et au rhinocéros).

Jean-Baptiste Baillon s’enrichit grâce à son succès ; à sa mort le 8 avril 1772, on estime sa fortune à 384,000 livres. Une première vente de sa collection d’art et d’objets d’art est tenue le 16 juin 1772 ; les objets restant, évalués à 55,970 livres, sont offerts à nouveau le 23 février 1773. La vente comprend 126 montres terminées pour un total de 31,174 livres, et 127 mouvements de montres terminés, à 8,732 livres. La catégorie des pendules, dont la valeur montait à 14,618 livres, comprend 86 pendules, 20 mouvements de pendules, sept boîtes de pendules en marqueterie, une boîte en porcelaine et huit en bronze.

Aujourd’hui l’œuvre de Baillon est conservée dans les collections les plus prestigieuses du monde, y compris les musées du Louvre, des Arts Décoratifs, le conservatoire national des arts et métiers, le Petit Palais et le musée Jacquemart-André à Paris ; le château de Versailles ; le musée Paul Dupuy à Toulouse ; la Residenz Bamberg ; le Neues Schloss, Bayreuth; le Museum für Kunsthandwerk, Frankfurt ; la Residenz à Munich et le château Schleissheim. D’autres exemples sont dans les collections des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles ; le Patrimonio Nacional d’Espagne ; le Metropolitan Museum de New York ; le Newark Museum ; Walters Art Gallery de Baltimore et Dalmeny House, South Queensferry.



Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.



Antoine-Nicolas Martinière (1706 - 1784)

Antoine-Nicolas Martinière était émailleur et Pensionnaire du Roy.



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