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Viger  -  Saint-Germain
François Viger (vers 1708-1784)

Important cartel d’applique à décor rocaille en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

APF_Cartel031_02

Dans une caisse attribuée à Jean-Joseph de Saint-Germain

Paris, époque Louis XV, vers 1745-1750

Hauteur98 Largeur59 Profondeur17

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Viger à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; la platine est également signée et numérotée « 667 ». Le mouvement, présentant la particularité de sonner les heures, les demies, ainsi que les quarts, est renfermé dans une superbe caisse à décor rocaille entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, repercé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. L’ensemble est agrémenté de branchages fleuris et feuillagés animés de graines, jeux de crosses asymétriques, oves ajourées, volutes et rinceaux d’acanthes…se détachant sur des fonds sinueux à larges réserves moulurées garnies de tissu couleur lie de vin à panneaux de croisillons centrés de fleurettes gravées et stylisées.

La composition originale de cet important cartel d’applique s’inspire plus ou moins directement de certains projets décoratifs d’ornemanistes parisiens de la première moitié du XVIIIe siècle mettant en scène de luxueux intérieurs entièrement dédiés à l’esprit rocaille du règne de Louis XV. Son dessin, composé de jeux de courbes et de contre-courbes agrémentés de crosses ou de feuillages, se retrouve avec ce même esprit sur quelques rares autres cartels connus de la même époque, citons notamment : un premier modèle qui appartient aux collections royales suédoises (reproduit dans J. Böttiger, Konstsamlingarna a de Swenska Kungliga Slotten, Tome II, Stockholm, 1900) ; ainsi qu’un deuxième qui est illustré dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich ; 1988, p.38, fig.48 ; enfin, un troisième, le cadran de « Viger », qui est conservé à l’Historisches Museum de Bâle (voir Tardy, La pendule française des origines à nos jours, Paris, 1967, p.188). Enfin, mentionnons particulièrement deux exemplaires réalisés dans le même esprit et portant la signature du bronzier Saint-Germain, permettant l’attribution du modèle que nous proposons : le premier est paru dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises de Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.85 ; tandis que le second, anciennement sur le Marché de l’Art parisien, est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.96.

François Viger (vers 1708 - 1784)

Horloger parisien du XVIIIe siècle. Tout d’abord ouvrier libre, il accède à la maîtrise en août 1744 et installe son atelier rue Saint-Denis. Comme le souligne à juste titre Jean-Dominique Augarde : « les pièces sorties de son atelier sont d’une qualité parfaite » (Les ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 405). Viger s’entoure des meilleurs bronziers et ébénistes pour la réalisation des caisses de ses pendules en collaborant notamment avec Jean-Joseph de Saint-Germain, Antoine Foullet et Jean-Baptiste Osmond. De nos jours quelques-unes de ses pendules figurent dans les plus importantes collections publiques et privées internationales, notamment à l’Historisches Museum de Bâle, à la Wallace Collection à Londres, au musée du Louvre à Paris, au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et au Palais Liazenski à Varsovie.



Jean-Joseph de Saint-Germain (1719 - 1791)

Est probablement le plus célèbre bronzier parisien du milieu du XVIIIe siècle. Actif à partir de 1742, il est reçu maître en juillet 1748. Il est surtout connu pour la création de nombreuses caisses de pendules et de cartels qui firent sa notoriété, notamment le cartel dit à la Diane chasseresse (voir un exemplaire conservé au Musée du Louvre), la pendule supportée par deux chinois (voir un modèle de ce type aux Musée des Arts décoratifs de Lyon), ainsi que plusieurs pendules à thématiques animalières, essentiellement à éléphants et rhinocéros (exemple au Musée du Louvre). Vers le début des années 1760, il joue également un rôle primordial dans le renouveau des arts décoratifs parisiens et dans le développement du courant néoclassique, en réalisant notamment la pendule dite au génie du Danemark sur un modèle d’Augustin Pajou pour Frédéric V du Danemark (1765, conservée à l’Amalienborg de Copenhague). Saint-Germain crée plusieurs pendules inspirées par le thème de l’Etude, sur un modèle de Louis-Félix de La Rue (exemples au Louvre, à la Fondation Gulbenkian, Lisbonne, et au Musée Metropolitan de New York).

Parallèlement à ses créations horlogères, Saint-Germain réalise également de nombreux bronzes d’ameublement – y compris chenets, appliques, et candélabres – en faisant toujours preuve de la même créativité et démontrant ses talents exceptionnels de bronzier. Il se retire des affaires en 1776.