Rare pendulette de voyage à réveil et sonnerie « à répétition » en bronze finement ciselé, gravé et doré à l’or mat ou à l’or bruni
Paris, époque Transition Louis XV-Louis XVI, vers 1765-1770
Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Viger à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre ciselé et doré ; un disque annulaire au centre permet le réglage du réveil. Le mouvement, la platine également signée « Viger à paris », sonne les heures et demi-heures et est à sonnerie « à répétition » aux quarts ; il s’inscrit dans une caisse vitrée sur trois faces traitée en borne « à l’antique » et entièrement réalisée en bronze finement ciselé, gravé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Sous le cadran, une vue vitrée permet de voir le mouvement du balancier ; la plaque de façade, surmonté d’un fronton arrondi à motif rayonnant et d’une balustrade, et celle du dessus, centrée d’un timbre en étain, agrémentée de quatre tournures aux angles et possédant une poignée mobile en bélière curviligne, sont à décor de croisillons centrés de quartefeuilles. L’ensemble repose sur quatre pieds moulurés et est renfermé dans son coffret d’origine en cuir ouvrant à charnières et possédant une poignée mobile sommitale en laiton pour en faciliter le transport.
Ce type de petites horloges de voyage, parfois également appelées « pendules d’officier », rencontra un immense succès auprès des amateurs d’horlogerie de précision à partir du milieu du XVIIIe siècle. Rivales des montres de poche, elles permettaient à leurs propriétaires d’obtenir l’heure en tous lieux et en toutes circonstances. Parmi les modèles réalisés dans le même esprit, citons notamment : un premier exemplaire, le cadran signé « Robin », qui est illustré dans Tardy, La pendule française dans le monde, Paris, 1994 ; p.120 ; ainsi qu’un second de Lepaute qui est exposé dans le Salon Murat du Palais de l’Elysée, actuelle résidence du Président de la République (voir M. Gay, « Du Pont d’Iéna à l’Elysée », dans Bulletin ANCAHA, été 1993, n°67, p.13 ; fig.11). Enfin, relevons particulièrement que deux autres pendulettes de modèle identique à celle que nous proposons sont connues : la première, le cadran signé Jean-Baptiste Dutertre et la partie haute ceinturée d’une balustrade simulée, est passée en vente à Paris en 1980 (voir Jean G. Laviolette, « L’horlogerie de Paris », dans Bulletin ANCAHA, printemps 1981, n°30, p.58, fig.8) ; la seconde, également signée « Jean-Baptiste Dutertre », se trouvait anciennement dans la collection d’horlogerie de Perez de Olaguer-Feliu à Barcelone (illustrée dans Luis Monreal y Tejada, Relojes antiguos (1500-1850), Coleccion F. Perez de Olaguer-Feliu, Barcelone, 1955, planche LXII, catalogue n°91).
François Viger (vers 1708 - 1784)
Horloger parisien du XVIIIe siècle. Tout d’abord ouvrier libre, il accède à la maîtrise en août 1744 et installe son atelier rue Saint-Denis. Comme le souligne à juste titre Jean-Dominique Augarde : « les pièces sorties de son atelier sont d’une qualité parfaite » (Les ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 405). Viger s’entoure des meilleurs bronziers et ébénistes pour la réalisation des caisses de ses pendules en collaborant notamment avec Jean-Joseph de Saint-Germain, Antoine Foullet et Jean-Baptiste Osmond. De nos jours quelques-unes de ses pendules figurent dans les plus importantes collections publiques et privées internationales, notamment à l’Historisches Museum de Bâle, à la Wallace Collection à Londres, au musée du Louvre à Paris, au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et au Palais Liazenski à Varsovie.