Importante paire de candélabres à six lumières en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre portor
« Mars et Minerve » ou « Allégorie de la Guerre »
Attribuée à Gérard-Jean Galle
Paris, époque Empire/Restauration, vers 1815
Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre portor, chaque candélabre s’organise autour d’un fût sous la forme d’un faisceau de licteur flanqué de haches se terminant par un ruban noué retenant deux drapeaux croisés et par un élément conique formant bobèche ; deux couronnes, animées de fleurettes, retiennent les cinq bras de lumière en cors de chasse soulignés de feuilles de chêne et bagues terminés par des binets ceinturés de frises feuillagées supportant les bobèches. Les faisceaux reposent sur des terrasses quadrangulaires sur lesquelles sont figurées en regards deux personnages martiaux en pied, l’un représente Minerve casquée, tenant une lance et une branche de lauriers, l’autre Mars, dieu la Guerre, tenant son bouclier et son épée. Le tout repose sur des bases à motifs en applique en façade, de trophées d’armes à bouclier, épée, hache ou lances, sur les côtés, de couronnes de lauriers enrubannées centrées d’aigles impériaux aux ailes déployées reposant sur des foudres stylisées ; enfin, des contre-socles carrés, ceinturés de frises de larges raies de cœur, supportent l’ensemble.
Rattachée à l’œuvre de Gérard-Jean Galle, cette importante paire de candélabres illustre parfaitement la volonté de Napoléon d’inscrire les arts décoratifs parisiens dans la continuité de l’Art romain antique et à sa thématique martiale. De nos jours, nous connaissons quelques rares modèles de candélabres ornés de figures guerrières et réalisés dans le même esprit, mentionnons notamment : un premier qui est illustré dans G. et R. Wannenes, Les bronzes ornementaux et les objets montes de Louis XIV à Napoléon III, Edition Vausor, Milan, 2004, p.386 ; ainsi qu’un deuxième qui est conservé au Musée des Arts décoratifs à Paris (reproduit dans L’aigle et le papillon, Symboles des pouvoirs sous Napoléon, sous la direction d’Odile Nouvel-Kammerer, Les Arts Décoratifs, American Federation of arts, Paris, 2007 p.177) ; et un troisième qui fait partie des collections du Palais de Pavlovsk (voir Palais de Pavlovsk, Catalogue complet des collections, Volume X, Métal Bronze, Édition 2, Candélabres, girandoles, miracles, chandeliers, seconde moitié du XVIIIe – fin du XIXe siècle, Saint-Pétersbourg, GMZ « Pavlovsk », 2016, p.121-122).
Enfin, relevons particulièrement qu’une paire de candélabres identiques attribuée à Gérard-Jean Galle mais reposant sur des socles entièrement en bronze est exposée au Palais royal de Stockholm (reproduite dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.396, fig.5.18.8.)
Gérard-Jean Galle (1788 - 1846)
Gérard-Jean Galle est le fils de Claude Galle (1759-1815), l’un des plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et de l’époque Empire. Après avoir fait une brillante carrière militaire dans l’armée de Napoléon, Gérard-Jean reprend l’activité de l’atelier paternel en 1815. Il crée des œuvres exceptionnelles en bronze, s’appuyant souvent sur des originaux réalisés par son père. En 1819, lors de l’Exposition des produits de l’Industrie organisée au Musée du Louvre, il remporte brillamment une médaille d’argent pour ses horloges et luminaires en bronze. Il devient par la suite le fournisseur de la couronne et de la haute aristocratie, notamment le duc de Richelieu, le marquis de Martel et le vicomte de la Rochefoucauld. Toutefois, la Révolution de Juillet 1830 et l’avènement des Orléans au pouvoir dégradent ses affaires, l’artisan fait faillite et meurt en 1846. Dans nos jours, certaines réalisations du bronzier appartiennent à de grandes collections privées et publiques, citons particulièrement celles qui figurent au Château de la Malmaison, ancienne résidence de Joséphine de Beauharnais, et au Musée Marmottan à Paris.