Exceptionnelle paire de candélabres monumentaux à neuf lumières, dits « à chapiteau ionique », en bronze très finement ciselé et doré à l’or ou à l’or bruni
Attribuée à « Denière et Matelin », association des bronziers Jean-François Denière et François-Thomas Matelin
Paris, fin de l’époque Empire, vers 1815
Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque candélabre s’organise autour d’un fût en colonne moulurée autour de laquelle s’enroule un branchage feuillagé rythmé de quadruples joncs ; les colonnes reposent sur des bases à tores à écailles posées sur des entablements carrés et se terminent en chapiteaux ioniques à oves et enroulements à réserves amaties centrés de rosaces ; les bouquets de lumières sont formés de sphères agrémentées de bandeaux sur lesquels se rattachent les bras torsadés à bassins godronnés et binets enflammés recevant les bobèches ; l’amortissement en étoile rayonnante. L’ensemble repose sur de hautes bases quadrangulaires à motifs en applique de couronnes « impériales » enrubannées, elles-mêmes supportées par des plinthes carrées ceinturées d’une doucine à frises alternées de feuillages stylisés et tigettes.
La composition originale de cette importante paire de candélabres monumentaux se distingue par la simplicité de son dessin général qui s’organise autour d’une colonne terminée d’une sphère.
Ce même parti pris se retrouve sur quelques modèles de candélabres de la même époque avec des variantes, notamment sur une première paire, la sphère surmontée d’une renommée, qui est illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Munich, 1986, Band I, p.391, fig.5.17.7 ; ainsi que sur une seconde paire réalisée dans le même esprit et de fabrication légèrement postérieure qui fut livrée par Jean-François Denière au Garde-Meuble de la Couronne en 1821 ; elle est déposée de nos jours par le Mobilier national à l’ambassade de France à Washington et présente de fortes similitudes stylistiques avec les candélabres que nous proposons nous permettant de les rattacher à l’atelier de ce bronzier, associé sous l’Empire à François-Thomas Matelin (voir M-F. Dupuy-Baylet, De bronze et de cristal, objets d’ameublement XVIIIe-XIXe siècles du Mobilier national, Dijon, 2020, p.348). Enfin, relevons particulièrement qu’une paire de candélabres identiques fut acquise en juillet 1814 par le roi George IV et appartient de nos jours aux collections royales anglaises au château de Windsor (Inv. RC35166).
Denière et Matelin (1797 - 1820)
L’association Denière et Matelin est une société commerciale créée dans les dernières années du XVIIIe siècle par les bronziers François-Thomas Matelin et Jean-François Denière et qui rencontra un immense succès auprès des grands collectionneurs et amateurs du temps. En effet, en l’espace de quelques années, elle devient l’une des plus importantes pourvoyeuses de bronzes d’ameublement en Europe, devenant notamment l’un des fournisseurs attitrés du Garde-meuble royal de Milan. Parallèlement, Denière et Matelin se composent une riche clientèle privée et surtout participent à la décoration de la plupart des palais et châteaux impériaux en livrant des bronzes d’ameublement et des pendules par l’intermédiaire de certains de leurs confrères bronziers. Les deux hommes rompent leur association en avril 1820 et continuent leurs carrières séparément.
