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Galle
Claude Galle (1759-1815)

Rare paire de candélabres à trois lumières en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou bruni

« Vestales Assises » ou « Orientales Assises en Tailleur »

Candelabres027-07

Attribuée à Claude Galle

Paris, époque Empire, vers 1810

Hauteur57,5 cm Largeur27,5 cm Profondeur13,2 cm

Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque candélabre se présente sous la forme d’une superbe figure féminine assise, les jambes croisées, vêtue d’une tunique « à la grecque » et levant une draperie à franges au-dessus de sa tête ; elle supporte une lampe à huile simulée à double bec richement ciselée de mascarons, rinceaux, fleurettes, acanthes, rosaces…formant trois lumières, dont une centrale flanquée d’anses « en arabesques » à têtes de cygne. Les figures reposent sur des coussins, gravés de tiges et courses feuillagées, et agrémentés aux angles de passementerie. L’ensemble est supporté par de hautes bases carrées à motifs en appliques de rosaces, couronnes enrubannées et figures féminines à rinceaux tenant des torches, elles-mêmes reposant sur des plinthes quadrangulaires à doucine rythmées de frises alternées à lambrequins à pastilles et tigettes.

Les candélabres que nous proposons présentent une composition élaborée, particulièrement dans le traitement de l’attitude des figures féminines représentées assises, leurs jambes croisées « à l’orientale » ; cette pose originale semble plus ou moins s’inspirer directement de certaines sculptures antiques égyptiennes représentant des figures assises, dont un modèle étonna le comte de Caylus qui l’illustra dans son célèbre Recueil d’Antiquités égyptiennes. Les modèles proposés, parfois attribués à un bronzier russe, se distinguent également par la qualité exceptionnelle de leur dorure et de leur ciselure qui nous permet de les rattacher à l’œuvre de Claude Galle, l’un des plus importants bronziers parisiens de l’époque Empire.

En effet, même si des rapprochements stylistiques peuvent être effectués avec certaines créations russes de l’époque, particulièrement avec celles de Friedrich Bergenfeldt, célèbre bronzier de la Cour de Russie (voir I. Sychev, Russian Bronze, Moscou, 2003, p.96-97), il apparaît que les similitudes les plus marquées sont à relever avec un modèle de pendule créé par Galle vers 1805 représentant une jeune femme soutenant de ses deux bras levés le mouvement et dont un exemplaire est conservé au Mobilier national à Paris (illustré dans M-F. Dupuy-Baylet, Pendules du Mobilier national 1800-1870, Editions Faton, Dijon, 2006, p.114, n°49). Enfin, parmi les rares paires connues de candélabres identiques, citons particulièrement : une première paire qui est parue dans G. et R. Wannenes, Les bronzes ornementaux et les objets montés, De Louis XIV à Napoléon III, Milan, 2004, p.375 ; ainsi qu’une seconde, anciennement à la Galerie Ariane Dandois à Paris, reproduite dans le catalogue de l’exposition L’Empire à travers l’Europe 1800-1830, Paris, 2000, catalogue n°12.

Claude Galle (1759 - 1815)

L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.

Malgré son succès, Galle s’est souvent trouvé en difficulté financière, causée en partie par son style de vie généreux et somptueux et également par l’incapacité de certains de ses clients (comme le prince Joseph Bonaparte) à payer ce qu’ils devaient. Après la mort de Galle, son fils, Gérard-Jean Galle (1788-1846), poursuivit l’activité de l’atelier. Aujourd’hui, son œuvre se trouve dans les plus importants musées et collections du monde, ceux mentionnés ci-dessus, ainsi que le musée national du château de Malmaison, le musée Marmottan à Paris, le Museo de Reloges à Jerez de la Frontera, la Residenz à Munich et le musée Victoria and Albert à Londres.