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Galle
Claude Galle (1759-1815)

Importante pendule de cheminée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et marbre vert « Le serment des Horaces »

Pendule373-09_HD_WEB

Le cadran signé « Galle/Rue Vivienne n°9 » par l’atelier de Claude Galle

La composition inspirée du tableau de Jacques-Louis David (1748-1825)

Paris, époque Empire, vers 1805

Hauteur66,5 cm Largeur59,5 cm Profondeur20,5 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc rehaussé d’or, signé « Galle/Rue Vivienne n°9 », indique les heures en chiffres romains, les graduations des minutes et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles en acier poli-bleui, dont deux œil-de-perdrix dites « Breguet ». Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une borne « à l’antique » à écoinçons en mufles de lion sur laquelle sont posées trois couronnes de laurier ; de part et d’autre sont quatre figures, sur la droite, un groupe de trois guerriers romains vêtus de tuniques courtes, chaussés de spartiates, portant des casques à cimier empanaché, l’un tient une lance, ils représentent les trois Horaces ; ces-derniers jurent tous trois à leur père Tatius, représenté face à eux, de défendre Rome contre les Curiaces. Le patriarche tient dans sa main gauche leurs trois épées et se tient debout devant un fauteuil néoclassique à pieds arrières sabres et dossier enveloppant renversé. L’ensemble repose sur une haute base en marbre vert richement agrémentée de motifs en bronze finement ciselé et doré relatifs au thème de l’horloge : en façade, Tatius reçoit son seul fils sorti vainqueur du combat, tandis que sa fille, Camille, angoissée, fuit vers sa gauche en se retournant ; leur répondant, les deux figures masculines représentent les deux fils morts au cours des combats ; sur les côtés, sont des guirlandes feuillagées retenues par des pastilles centrées d’un profil masculin. Enfin, six pieds en pattes léonines émergeant de feuilles d’eau nervurées stylisées supportent l’horloge.

Pouvant être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre des arts décoratifs parisiens de l’époque Empire, cette pendule est l’illustration de l’aboutissement de la grande horlogerie néoclassique encouragée par l’Empereur Napoléon et patronnée par les grands amateurs parisiens du début du XIXe siècle. Ses proportions, l’équilibre parfait de sa composition, la qualité exceptionnelle de la ciselure et de la dorure de ses bronzes, ainsi que son iconographie puisant directement dans la mythologie classique romaine, en font l’un des modèles horlogers se rapprochant au plus près de l’idéal impérial appliqué aux arts décoratifs de l’époque. Sa composition originale s’inspire plus ou moins directement d’un célèbre tableau du peintre Jacques-Louis David présenté au Salon de 1785 et exposé de nos jours au Musée du Louvre, qui illustre « Le Serment des Horaces », épisode majeur de l’histoire légendaire de la fondation de la Rome antique. La scène relate la promesse faite par les frères Horaces à leur père de défendre en combats singuliers la cité romaine contre les trois Curiaces, vaillants guerriers de la cité rivale et voisine d’Albe, mais également époux de leurs propres sœurs. A la fin des combats, seul l’aîné des trois frères Horaces revint vainqueur, alors maudit par sa propre sœur Camille pour la mort de son mari. Reprenant en ronde-bosse la peinture de David, la composition est magnifiée par la figure statuaire du père levant les épées de ses fils vers les cieux pour invoquer les dieux et la victoire.

L’importante pendule que nous proposons illustre cet épisode fondateur de la cité romaine. De nos jours, parmi les rares modèles similaires connus, avec certaines variantes dans la composition générale, citons notamment : un premier exemplaire, légèrement plus tardif puisque signé « Le Roy horloger du Roi », qui est illustré dans le catalogue de l’exposition French Clocks from the Age of Napoleon, Phoenix Art Museum, 1998-1999, p.7-8) ; ainsi qu’un second qui est reproduit dans L. Montanés, Catalogo ilustrado del Museo de relojes, Fundacion Andrés de Ribera, Jerez de la Frontera, 1982, p.93, catalogue 150. Enfin, mentionnons particulièrement quatre pendules identiques à celle que nous proposons qui appartiennent toutes à d’importantes collections publiques ou privées internationales : la première, le cadran signé « Sirost à Paris », est exposée dans l’antichambre du prince Frédéric Adolphe au Palais royal de Stockholm (parue dans H. Groth, Châteaux en Suède, Intérieur et mobilier néo-classiques 1770-1850, Thames & Hudson, Londres, 1990, p.23, fig.7) ; la seconde, acquise en 1809 par le Prince Régent, fait partie des collections royales britanniques (voir C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy and its Timekeepers 1300-1900, Londres, 1983, p.143, fig.195) ; la troisième, le cadran signé de Porchez et provenant des collections du prince Murat au Palais de l’Elysée, est conservée au Mobilier national à Paris (reproduite dans M-F. Dupuy-Baylet, Pendules du Mobilier national 1800-1870, Editions Faton, Dijon, 2006, p.108-109, catalogue n°46) ; enfin, la dernière pendule de ce modèle, localisée vers 1810 dans le Grand Salon de la Reine à la Résidenz de Munich, est illustrée dans L. de Gröer, Les arts décoratifs de 1790 à 1850, Office du Livre, Fribourg, 1985, p.286, fig.545 (voir également H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Munich, 1986, p.367, fig.5.13.5).

Pour terminer, relevons que deux horloges de Galle, représentant ce même thème et pouvant correspondre en tous points à la pendule que nous proposons, sont mentionnées dès les premières années du XIXe siècle chez d’importants collectionneurs parisiens. Ainsi, une première est inventoriée en 1810 dans l’inventaire après décès de la première épouse de Nicolas-Charles-Marie Oudinot duc de Reggio, maréchal d’Empire : « Une grande pendule à sonnerie du nom de Galle dans sa boite de forme carrée posée sur un socle de marbre couleur vert antique et ornée de quatre figures représentant le serment de Horaces, ledit socle orné de figures analogues au même sujet le tout en bronze et cuivre doré en or mat 2100 francs » ; tandis qu’une seconde apparaît en 1813 dans la prisée des collections du général Jean Andoche Junot duc d’Abrantès : « Une pendule sujet du serment des Horaces, mouvement portant le nom de Galle à Paris, à figures et ornements en cuivre doré au mat, sur socle de marbre vert antique et à griffes en cuivre doré en dessous 1200 francs ».

Claude Galle (1759 - 1815)

L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.