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Galle
Claude Galle (1759-1815)

Rare pendule de cheminée en bronze très finement ciselé, patiné et doré à l’or mat ou à l’or bruni

« Le Jugement de Pâris »

Pendule320-03_BD_MAIL

Paris, époque Empire, vers 1810

Hauteur45.5 Largeur26.5 Profondeur14.5

Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Galle/Rue Vivienne à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; il s’inscrit dans une caisse architecturée entièrement réalisée en bronze finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Le mouvement est renfermé dans une façade de temple à fronton triangulaire agrémenté d’une couronne enrubannée centrée d’une étoile et de deux paniers feuillagés reposant sur des entablements ; les montants en pilastres, simulant des briques fissurées suggérant le chaos entraîné par la Guerre de Troyes et la chute de la cité, encadrent une niche portant un titulus découpé inscrit « A la Plus Belle », faisant référence à la pomme d’or offert par Pâris à Aphrodite. Le prince troyen, légèrement drapé, chaussé de sandales, coiffé d’un bonnet phrygien et tendant la pomme, est assis sur la margelle d’un puits, son bâton et sa trompe de chasse posés à ses pieds ou à ses côtés. L’ensemble de l’horloge repose sur une base quadrangulaire supportée par des pieds en boules aplaties.

La composition particulièrement élaborée de cette pendule, ainsi que la qualité exceptionnelle de sa dorure et de sa ciselure, nous permettent de l’inscrire parmi les réalisations horlogères parisiennes à thématique mythologique les plus abouties de l’époque Empire. Le sujet puise directement son inspiration dans la mythologie classique grecque ; en effet, le récit du prince troyen Pâris, fils du roi Priam, est l’un des thèmes les plus empruntés par la littérature et les arts décoratifs français et plus largement européens. Lors du mariage de Pélée et Thétis sur le Mont Olympe, Eris, déesse de la discorde, n’est pas invitée ; pour se venger, elle leur jette une pomme d’or symbolisant la beauté parfaite. Aussitôt, les déesses Héra, Athéna et Aphrodite se disputent le fruit. Pour les départager, Zeus ordonne à Hermès d’emmener les trois déesses sur le Mont Ida afin que Pâris juge et tranche ; le jeune prince attribue la pomme à Aphrodite qui lui avait promis l’amour d’Hélène, alors épouse de Ménélas. S’en suivra une guerre entre Grecs et Troyens qui aboutira à la chute de la cité d’Asie Mineure due à l’habileté d’Ulysse qui confectionna le célèbre Cheval de Troyes. A notre connaissance, seule une autre pendule identique à celle que nous proposons est connue ; elle est illustrée dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.448.

Claude Galle (1759 - 1815)

L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.