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Thomire

Importante pendule de cheminée en bronze finement ciselé et doré

« La leçon de musique » ou « Hommage à Joséphine »

Pendule263-06_BD_MAIL

« Collas à Paris »

Attribuée à Pierre-Philippe Thomire

Paris, début de l’époque Empire, vers 1805

Hauteur53 Largeur54 Profondeur16

Le cadran circulaire émaillé signé « Collas à Paris » indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes par tranches de quinze et s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré. Le mouvement est renfermé dans une caisse circulaire richement ouvragée sur laquelle est assise une superbe figure féminine drapée « à l’antique » jouant de harpe, sa partition posée devant elle sur un guéridon quadripode ; elle se retourne pour regarder un jeune amour ai lé qui porte son carquois à empennages de flèches en bandoulière et tient un parchemin sur lequel est inscrit : « Bouton de rose » ; devant lui, sont posés sur un tabouret à pattes de lion un arc et une torche enflammée.  L’ensemble repose sur une terrasse, à réserves richement ciselées, supportée par une base quadrangulaire en marbre vert antique à décor en applique de doubles guirlandes enrubannées, motifs « en lyre » flanqués de griffons et mascarons dans des médaillons repercés agrémentés de palmettes stylisées ; enfin, six pieds toupies, soulignés de feuillages, supportent la pendule et reposent sur un contre-socle supporté par six pieds galettes également ouvragés.

La composition originale de cette pendule s’inspire plus ou moins directement d’un poème de Constance-Marie de Théis princesse de Salm-Dyck (1767-1845) intitulé « Bouton de rose » et publié en 1785 dans l’Almanach des Grâces. A partir des dernières années du XVIIIe siècle, cette romance connaîtra un succès considérable lorsque le compositeur Louis-Barthélémy Pradher (1782-1843) le mettra en musique et que le chanteur Pierre-Jean Garat (1762-1823) l’interprétera dans les Salons à la mode en l’honneur de la beauté de Joséphine, femme du futur Empereur Napoléon. La qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure nous permet de la rattacher à l’œuvre du plus talentueux bronzier parisien de l’époque : Pierre-Philippe Thomire.

Parmi les rares pendules répertoriées de modèle identique, mentionnons particulièrement : un premier exemplaire,  le cadran signé « Dubuc le jeune », qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen-Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.388 ; ainsi qu’un deuxième qui est paru dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1975, p.401 ; enfin, citons une dernière pendule de ce modèle, également attribuée à Pierre-Philippe Thomire, qui appartient aux célèbres collections d’horlogerie du Musée François Duesberg à Mons (reproduite dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.40).

Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.