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Époques : Empire

  • Thomire
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)

    Important lustre à huit lumières en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat agrémenté d’éléments en cristal moulé-taillé

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    Attribué à Pierre-Philippe Thomire

    Paris, époque Empire, vers 1805-1810

    Hauteur150 Diamètre70

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat, cet important lustre s’organise, dans sa partie supérieure, autour d’un lampadaire circulaire, souligné de larges feuilles de refend nervurées auxquelles se rattachent de petites baïonnettes en cristal moulé-taillé et orné d’un motif feuillagé centré d’une pomme de pin, supportant quatre chaînettes, à anneaux et plaquettes ciselées d’écailles stylisées à cabochons, qui retiennent la partie inférieure en forme de lampe « à l’antique ». Cette dernière, décorée de motifs stylisés, reçoit un vase cornet renversé sur lequel sont trois cygnes, à cous recourbés et pattes léonines, dont les ailes supportent une corbeille repercée réalisée à l’imitation de la vannerie. Le corps de la lampe, à bandeau à frise de canaux, reçoit les huit bras de lumière curvilignes, à enroulements soulignés de rosaces et fleurettes, se terminant en bassins, bobèches et binets ; une frise de feuilles lancéolées et nervurées souligne le dessin circulaire. Enfin, le culot à larges feuilles d’eau se termine en pomme de pin stylisée.

    La composition originale de ce rare lustre, notamment le traitement de sa corbeille supportée par des cygnes aux cous recourbés, s’inspire plus ou moins directement de certains projets d’ornemanistes parisiens des premières années du XIXe siècle, particulièrement de ceux de Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, les deux architectes de l’Empereur. Ainsi, ces motifs de cygne reviennent régulièrement dans les projets des deux architectes et seront concrétisés dans l’ébénisterie, l’horlogerie, la menuiserie, ainsi que dans les bronzes d’ameublement de l’époque (voir O. Nouvel-Kammerer, « Le cygne ambigu », dans le catalogue de l’exposition L’Aigle et le Papillon, Symboles des pouvoirs sous Napoléon 1800-1815, Musée des Arts décoratifs, Paris, 2008 p.228-245). L’attribution du lustre que nous proposons au bronzier Pierre-Philippe Thomire repose sur sa qualité de ciselure et de dorure, mais également sur l’emploi par le bronzier de ce motif dans certaines de ses créations ; notamment sur quelques éléments de surtout de table, dont un modèle appartient aux collections de la résidence de l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris (illustré dans J. Nérée Ronfort et J-D. Augarde, A l’ombre de Pauline, Paris, 2001, p.64, fig.45). Enfin, relevons particulièrement qu’un lustre quasiment identique à celui proposé se trouve illustré planche 226 d’un ouvrage en cyrillique daté de 1950 et consacré aux grandes collections russes de luminaires.

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Deverberie
    Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

    Rare pendule de cheminée dite « à l’Indienne d’Amérique » en bronze finement ciselé, patiné ou doré

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    Paris, époque Empire, vers 1812-1815

    Hauteur59 Largeur41.5 Profondeur10

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Inv. Fec. de Verberie & Cgnie/rue des fossés du Temple n°47/A Paris », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze repercé et doré ; il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, doré ou patiné. La lunette est soulignée de frises stylisées ou perlées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure féminine représentant une chasseresse noire assise, vêtue d’un pagne de plumes, portant un carquois à empennages de flèches en bandoulière, les cheveux retenus par une coiffe à panache de plumes et les yeux en verre traités « au naturel » ; elle porte des bijoux tels que colliers, bracelets de chevilles ou de biceps et pendentifs d’oreilles en corail ; elle tient un arc dans sa main droite, une lance dans l’autre main et pose son pied gauche sur la tête d’un serpent dont la queue vient s’entortiller autour d’un palmier disposé de l’autre côté de la composition. L’ensemble repose sur une arche, à motifs feuillagés dans des réserves, agrémentée en applique de pastilles en émail bleu avec paillons d’or étoilés reposant sur quatre pattes léonines ; cette arche est elle-même supportée par une base quadrangulaire en marbre blanc statuaire posée sur quatre pieds en galets.

    Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Elles font écho à un courant philosophique développé dans quelques grands ouvrages littéraires et historiques, notamment Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1787 qui dépeint l’innocence de l’Homme, Atala de Chateaubriand qui restaure l’idéal chrétien et surtout le chef-d’œuvre de Daniel Defoe publié en 1719 : Robinson Crusoé. Le dessin original de la pendule proposée, titré « l’Amérique », fut déposé en l’An VII par le fondeur-ciseleur parisien Jean-Simon Deverberie (1764-1824), l’un des plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant dont l’atelier était installé successivement rue Barbette en 1800, rue du Temple en 1804, enfin rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820 ; le dessin est illustré dans D. et P. Fléchon, « La pendule au nègre », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.32, photo n°3.

     

    Parmi les exemplaires de pendules connues de composition similaire, mentionnons notamment deux modèles sur haute base à doucine : le premier est conservé à la Fondation Andrès de Ribera à Jerez de la Frontera (illustré dans Catalogo ilustrado del Museo de Relojes, 1982, p.39) ; tandis que le deuxième appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (reproduit dans le catalogue de l’exposition « De noir et d’or, Pendules « au bon sauvage » », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993). Enfin, citons particulièrement deux autres pendules sur lesquelles les figures reposent également sur des arches, variante rarissime du modèle classique précédent : le premier est paru dans E. Niehüser, Die französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.237, fig.809 ; tandis que le second présente une arche également agrémentée de pastilles émaillées bleu avec paillons dorés (voir P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.352, fig. A).

    Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

    Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.



    Galle
    Claude Galle (1759-1815)

    Rare paire de vases fuseaux dits « aux naïades » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat et marbre vert de mer

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    Attribuée à Claude Galle (1759-1815)

    Paris, époque Empire, vers 1810

    Hauteur50.5 Largeur13.5

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat, chaque vase présente une panse soulignée de motifs en applique figurant des figures féminines drapées « à l’antique » tenant des couronnes dans leur mains et se détachant dans des cadres octogonaux biseautés. Les anses sont formées de figures de naïades ailées soufflant dans des trompettes et dont les queues s’entrelacent en s’épanouissant sur les panses ; les hauts cols en cornet se terminent en évasement et sont décorés de frises moletées. Le culot est souligné d’un bouquet à palmettes et fleurons stylisés alternés ; le piédouche évasé est rythmé d’une bague godronnée et d’un tore simulant des écailles de serpent. Enfin, l’ensemble repose sur des bases quadrangulaires en marbre vert de mer ceinturées d’une doucine moulurée.

    La composition originale de cette rare paire de vases fuseaux, particulièrement le traitement des anses sous la forme de sirènes musiciennes, peut être rattachée à l’œuvre de Claude Galle, l’un des plus importants bronziers parisiens de l’époque Empire. En effet, de nos jours, quelques exemplaires identiques sont connus, avec parfois certaines variantes notamment dans le traitement des bases et des motifs en applique sur les panses, la plupart est attribué à l’œuvre de ce bronzier parisien ; citons notamment une première paire, attribuée à Claude Galle, qui est illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.365, fig.5.12.8 ; ainsi qu’une seconde, proposant des bouquets de trois lumières, faisant partie de l’ameublement réuni pour le Premier Consul au palais de Saint-Cloud en 1802-1803 et qui appartient aujourd’hui aux collections du Grand Trianon, dans les jardins du Château de Versailles (reproduite dans D. Ledoux-Lebard, Inventaire général du Musée national de Versailles et des Trianons, Tome 1, Le Grand Trianon, Meubles et objets d’art, Paris, 1975, p.62). Enfin, mentionnons également une dernière paire de vases de ce modèle, également montés en candélabres, qui est exposée à la Villa Masséna à Nice (L. Mézin, La Villa Masséna du Premier Empire à la Belle Epoque, Editions d’art Somogy, 2010, p. 54-55, catalogue n°10).

    Claude Galle (1759 - 1815)

    L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

    Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.



    Rare pendule squelette en bronze très finement ciselé ou moleté, doré au mat et marbre incarnat turquin

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    France, fin de l’époque Empire, vers 1810-1815

    Hauteur39.5

    Le cadran annulaire émaillé blanc indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en acier poli-bleui œil-de-perdrix dites « Breguet ». Le mouvement s’inscrit dans une caisse violonée entièrement réalisée en bronze très finement ciselé ou moleté et doré au mat. Le cadran est ceinturé d’un bandeau extérieur à frise de palmettes stylisées ; le mouvement, à roues latérales supportant les deux poids-moteur et le balancier terminé par sa lentille, est supporté par deux montants en joncs se terminant en pattes de lion émergeant de larges feuilles de refend réunis par un motif ajouré à acanthes, crosses, fleurettes et fleurons. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à côtés arrondis en marbre incarnat turquin, elle-même supportée par quatre pieds moulurés soulignés de frises perlées.

    C’est véritablement dans la dernière décennie du XVIIIe siècle qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « squelettes », dont la particularité est de présenter une composition épurée avec un cadran principal annulaire laissant entrevoir aussi bien la beauté des mouvements et des rouages, que la complexité des mécanismes élaborés par les meilleurs horlogers européens, principalement parisiens. Cette nouvelle esthétique découlait d’une part, de l’admiration des amateurs d’horlogerie pour les exceptionnels progrès techniques effectués depuis le milieu du XVIIIe siècle, d’autre part, d’une certaine désaffection des collectionneurs pour les pendules à sujets représentant toute sorte de personnages allégoriques ou inspirés de la mythologie classique grecque et romaine. La pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte particulier ; sa composition particulièrement aboutie est caractéristique des meilleures réalisations françaises des premières années du XIXe siècle.

    Parmi les rares horloges connues réalisées dans le même esprit, citons notamment : une première réalisée vers 1800, le cadran signé « Lépine Horloger du Roy Place des Victoires », qui présente un cadran circulaire émaillé et qui repose sur une base en marbre blanc (illustrée dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Edition Schiffer Publishing Ltd., Munich, 1988, p.63, fig.103) ; ainsi qu’une seconde, d’époque Directoire et de type squelette, qui est conservée à l’Ecole d’Horlogerie de Dreux (reproduite dans Tardy, La pendule française dans le Monde, Paris, 1994, p.239). Enfin, mentionnons particulièrement qu’une pendule de modèle similaire à celle que nous proposons, réalisée en 1817 et offerte en 1885 par J. Andeoud au Conservatoire national des Arts et Métiers de Paris, est parue dans F.B. Royer-Collard, Skeleton Clocks, Edition N.A.G. Press Ltd, London, 1977, p. 80-81, fig. 5-17 (voir également Le XIXe siècle français, Collection Connaissance des Arts, Hachette, 1957, p.139).

    Jolly  -  Galle
    François-Pierre Jolly (?-après 1820)
    Claude Galle (1759-1815)

    Importante pendule de cheminée dite « le repos de Diane chasseresse » en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Gaston Jolly

    Dans une caisse attribuée à Claude Galle

    Paris, époque Empire, vers 1805-1810

    Hauteur63 Largeur55 Profondeur15

    Le cadran annulaire émaillé blanc, signé « Gaston Jolly à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, ainsi que les quantièmes du mois par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré ; il renferme en son centre un médaillon peint marquant les phases de la lune, ainsi que son âge indiqué sur la bordure supérieure, l’ensemble se détachant au-dessus d’un paysage provençal en perspective centré d’une promeneuse sur un chemin, à l’arrière-plan une mer animée de voiliers. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni à figure mythologique représentant le repos de Diane chasseresse après la chasse. La lunette est soulignée de frises moletées à perles, entrelacs, canaux et voûtes simulées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure sculpturale se présentant sous la forme de Diane, coiffée d’un diadème, vêtue « à l’antique », portant son carquois en bandoulière, tenant son arc dans sa main gauche et retenant le trophée de sa chasse sous la forme d’un cygne reniflé par un chien dressé sur ses pattes arrières ; la déesse est assise sur un enrochement traité « au naturel » présentant en son centre, sous le cadran, un groupe représentant un cerf couché et son faon. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à angles arrondis en décrochement richement agrémentée de motifs en applique ou réserve à décor, sur les côtés, de meutes de chiens chassant ou faisant curée et d’un panneau à sujet mythologique encadré de deux nymphes chevauchant des animaux marins, dont un hippocampe. Enfin, l’horloge est supportée par six pieds à bandeau moleté de croisillons centrés de perles.

    La qualité exceptionnelle de la dorure et de la ciselure de cette importante pendule de cheminée, ainsi que sa composition particulièrement élaborée, nous permettent de la situer parmi les modèles les plus aboutis des premières années du XIXe siècle et de rattacher la création du modèle à l’un des meilleurs bronziers parisiens du temps : Claude Galle. En effet, une pendule de dessin proche, reprenant une composition pyramidale et figurant Omphale au repos retenant la massue d’Hercule, porte la signature de ce bronzier alors installé rue Vivienne à Paris (illustrée dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.371, fig.5.13.19) ; L’horloge est également reproduite dans E. Niehüser, Die Französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p.65, fig.92.

    François-Pierre Jolly (? - après 1820)

    François-Pierre Jolly, dit Gaston-Jolly, figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, le 6 mai 1784, il ouvre son propre atelier rue de Arcis et rencontre immédiatement une grande notoriété auprès des amateurs parisiens d’horlogerie. Sous le Directoire et l’Empire, il créé de nombreux modèles de pendules recherchés aussi bien pour la qualité des mouvements, que pour l’originalité des compositions, et était mentionné, successivement rue Pavée Saint-Sauveur de 1810 à 1820, puis boulevard Poissonnière en 1820. Certaines de ses réalisations étaient décrites sous l’Empire chez certains grands collectionneurs du temps, notamment chez l’épouse de Charles-Philibert-Marie-Gaston de Lévis comte de Mirepoix et dans les collections de Bernard-Charles-Louis-Victor marquis de Lostanges, Chambellan de Napoléon.



    Claude Galle (1759 - 1815)

    L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

    Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.



    Manière
    Charles-Guillaume Hautemanière (?-1834)

    Rare régulateur de bureau en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat

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    Charles-Guillaume Hautemanière, dit Manière

    Paris, époque Empire, vers 1805-1810

    Hauteur43.5 Largeur24.5 Profondeur15.5

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Manière à Paris », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, ainsi que les quantièmes, les jours de la semaine associés à leurs signes astrologiques respectifs et les mois de l’année par cinq aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré et trois aiguilles en acier poli-bleui. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, supporte son balancier compensé bimétallique terminé par une lourde lentille circulaire destinée à obtenir une grande précision dans le fonctionnement du mécanisme ; il s’inscrit dans une caisse néoclassique en forme d’architecture en borne à côtés ajourés. La corniche à léger décrochement est ceinturée d’une frise de feuilles d’eau stylisées et supporte un entablement à cavet ; elle repose sur quatre montants en pilastres cannelés, à chapiteaux et bases moulurés, supportant des panneaux découpés à motifs, en façade, de deux chevaux ailés contrariés dont les queues à écailles s’enroulent autour de branchages rejoignant un motif central à fleuron flanqué de volutes et, sur les côtés, d’arcatures encadrés de putti musiciens. Le cadran surmonte un léger drapé d’où s’échappe un motif en arabesque à jeux de palmettes et enroulements encadré de renommées trompetant ; la terrasse rectangulaire est centrée d’un motif ovalisé à décor rayonnant. Enfin, l’ensemble repose sur une base quadrangulaire à angles à décrochements à décor en applique de losanges, griffons affrontés à queues s’épanouissant en acanthes et mascarons circulaires à bordures en pétales et contre-socle à cavet.

    La composition originale de ce rare régulateur de bureau s’inspire plus ou moins directement de certaines pendules réalisées à Paris dans les deux dernières décennies du XVIIIe siècle. Toutefois, son dessin, déclinant un modèle d’architecture en arc de triomphe, s’inscrit parfaitement dans la volonté impériale appliquée aux arts décoratifs de l’époque d’honorer les victoires de la Grande Armée. De nos jours, parmi les modèles connus réalisés dans le même esprit, citons notamment : un premier exemplaire, par « Lepaute à Paris 1807 », qui appartient aux collections du Mobilier national à Paris (parue dans M-F. Dupuy-Baylet, Pendule du Mobilier national 1800-1870, Editions Faton, Dijon, 2006, p.91, catalogue n°35) ; ainsi qu’une seconde qui est exposée au Château de Fontainebleau (voir J-P. Samoyault, Musée national du Château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier, 1. Pendules et bronzes d’ameublement entrés sous le Premier Empire, RMN, Paris, 1989, p.69, catalogue n°32). Enfin, mentionnons particulièrement deux pendules identiques à celle que nous proposons : la première, le cadran de « Thiéry à Paris », est illustrée dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.373 ; la seconde, le cadran de « Laguesse à Paris » et surmontée d’une figure allégorique, se trouvait anciennement dans la collection « Au Balancier de Cristal » (reproduite dans Tardy, La pendule française, 2ème Partie : Du Louis XVI à nos jours, Paris, 1974, p.397).

    Charles-Guillaume Hautemanière (? - 1834)

    Charles-Guillaume Hautemanière, dit Manière (mort à Paris en 1834) est l’un des plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Après son accession à la maîtrise, le 1er mai 1778, il installe son atelier rue du Four-Saint-Honoré et rencontre immédiatement un immense succès auprès des amateurs de belle horlogerie. Tout au long de sa carrière, Manière collabore avec les meilleurs bronziers et ciseleurs-doreurs parisiens pour la réalisation des caisses de ses pendules, particulièrement avec Pierre-Philippe Thomire, François Rémond, Edmé Roy et Claude Galle. Par l’intermédiaire, des marchands-merciers Dominique Daguerre et Martin-Eloi Lignereux, il réalise des pendules destinées aux plus grands collectionneurs de l’époque, notamment au prince de Salm, au banquier Perregaux et au financier Micault de Courbeton, tous trois grands amateurs de pièces d’horlogerie rares. De nos jours, certaines de ses pendules appartiennent aux plus importantes collections privées et publiques internationales, citons notamment celles qui sont exposées au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, au Musée national du château de Fontainebleau, au Palais du Quirinale à Rome, au Musée Nissim de Camondo à Paris et au Musée national du château de Versailles et des Trianons.



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    Hervieu
    Louis-Auguste Hervieu (1765-1811)

    Rare paire de candélabres égyptisants à quatre lumières, dits « aux chimères », en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Attribuée à Louis-Auguste Hervie

    Paris, époque Empire, vers 1805-1810

    Hauteur62.5 Largeur29.5

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque candélabre s’organise autour d’un fût balustre, gravé d’hiéroglyphes et supporté par trois chimères, se terminant en chapiteau à bagues moulurées encadrant un bandeau de cannelures torses sur lequel repose trois chouettes aux ailes déployées. Le bouquet de lumières en entablement, souligné de frises de godrons et de consoles à enroulements, présente trois promontoires sur lesquels viennent se rattacher trois bras de lumières sinueux, rythmés de rosaces et soulignés de feuilles de refend, se terminant en têtes de dragons sommés de binets enflammés ; ces trois bras encadrent une quatrième lumière sous la forme d’un balustre, agrémenté de motifs en applique de figures féminines tenant des couronnes, se terminant en larges nuées de fumée. L’ensemble repose sur des plinthes triangulaires, à côtés légèrement évidés et angles abattus, soulignées d’un cavet, ceinturées de frises alternées de fleurons et motifs lancéolés à palmettes et supportées par des bases gravées d’hiéroglyphes.

    La composition particulièrement originale de cette rare paire de candélabres est marquée par deux principales inspirations stylistiques. Tout d’abord, l’influence égyptienne qui fait suite à la Campagne d’Egypte menée en 1798 et 1801 par le général Bonaparte, futur Napoléon, et doublée d’une véritable mission de recherche composée de scientifiques, d’historiens et d’artistes ; de retour en France, les répercussions furent exceptionnelles, particulièrement dans le domaine des arts décoratifs qui déclinèrent les modèles et motifs de l’Egypte ancienne. Dans le domaine particulier du luminaire, de nombreux candélabres s’ornent alors de figures féminines hiératiques ou de hiéroglyphes plus ou moins directement inspirés de la sculpture monumentale de l’Egypte des pharaons. Enfin, l’influence plus ou moins directe d’un modèle de flambeaux, créé par le collectionneur et décorateur anglais Thomas Hope (1769-1831), dont une paire est reproduite dans Thomas Hope : Regency Designer, Londres, 2008, fig.73.

    Réalisés en faisant une synthèse parfaite de ces deux influences, les candélabres que nous proposons peuvent être rattachés à l’œuvre de l’un des plus importants bronziers de la période Empire : Louis-Auguste Hervieu (1765-1811). Ce dernier connut une grande notoriété et collabora notamment avec les horlogers Lepaute, les bronziers Galle et Blerzy, et le peintre Sauvage. Il se distingua notamment par sa capacité à décliner différents types de luminaires en partant de quelques modèles de base auxquels il empruntait certains motifs les uns aux autres ; plusieurs modèles de candélabres de ce bronzier sont étudiés par Jean-Dominique Augarde, dans « Une nouvelle vision du bronze et des bronziers sous le Directoire et l’Empire », in L’Estampille/L’Objet d’art, n°398, janvier 2005, p.80-84. L’article d’Augarde révèle particulièrement qu’Hervieu agrémentait régulièrement ses créations de motifs de chouettes telles celles qui apparaissent sur les exemplaires proposés. Enfin, relevons que parmi les rares candélabres identiques connus, nous pouvons citer une première paire qui a été proposée aux enchères à Paris, Mes Couturier-Nicolay, le 14 décembre 1990, lot 35 ; ainsi qu’une seconde qui fut vendue à Paris, Palais Galliera, Me Ader, le 16 mars 1967, lot 65.

    Louis-Auguste Hervieu (1765 - 1811)

    Cet artisan connut une certaine notoriété en son temps et collaborait notamment avec les horlogers Lepaute, les bronziers Galle et Blerzy, et le peintre Sauvage. Il se distingua notamment de ses confrères de l’époque par sa capacité à décliner différents types de luminaires en partant de quelques modèles de base auxquels il empruntait certains motifs les uns aux autres. Plusieurs modèles de candélabres de ce bronzier ont été étudiés par Jean-Dominique Augarde, dans « Une nouvelle vision du bronze et des bronziers sous le Directoire et l’Empire », in L’Estampille/L’Objet d’art, n°398, janvier 2005, p.80-84.



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    Jacob-Desmalter
    Jacob-Desmalter (1770-1841)

    Important guéridon néoclassique en acajou massif mouluré, sculpté ou tourné et placage d’acajou

    Gueridon007-02_HD_WEB

    Paris, époque Empire, vers 1805

    Hauteur74 Diamètre110

    Le plateau circulaire en marbre vert de mer mouluré repose sur un entablement à ceinture encadrée de filets. L’ensemble est supporté par un superbe piétement « à l’antique » formé de trois montants moulurés terminés en enroulements centrés de rosaces ou pattes léonines et agrémentés de larges feuilles nervurées, doubles volutes et demies-palmettes ; au centre de l’entrejambe est un fût tourné en spirales posé sur un petit plateau en cavet et tores unis. Les montants et le fût sont réunis par une entretoise triangulaire à côtés évidés dont les recouvrements sont soulignés de larges feuilles de refend à feuilles d’eau stylisées et dont les terminaisons arrondies reposent sur trois pieds aplatis moulurés à filets.

    La composition originale de cet important guéridon, particulièrement le traitement architecturé de son piétement, ainsi que l’absence volontaire d’un décor de bronze afin de mettre en valeur la ligne puissante du meuble et la qualité des feuilles d’acajou employées, nous permettent de le faire figurer parmi les créations les plus représentatives de l’esprit impérial désiré et encouragé par Napoléon et par les grands amateurs parisiens des premières années du XIXe siècle ; dessein artistique concrétisait en ébénisterie par un atelier d’exception, celui de Jacob Desmalter, qui réalisa le rare guéridon que nous proposons. Les lignes sinueuses de ses montants ne sont pas sans rappeler certains projets des architectes Percier et Fontaine, mais surtout l’atelier des Jacob déclinera ce type de guéridons sous la Restauration lors de commandes émanant du Garde-Meuble royal, citons particulièrement : un premier modèle livré en 1837 pour la chambre à coucher de la reine Marie-Amélie à Trianon (illustré dans P. Arizzoli-Clémentel et J-P. Samoyault, Le mobilier de Versailles, Chefs-d’œuvre du XIXe siècle, Editions Faton, Dijon, 2009, p.346) ; ainsi qu’un second, provenant du mobilier du roi Louis-Philippe au château de Neuilly, qui est paru dans D. Ledoux-Lebard, Le mobilier français du XIXe siècle, dictionnaire des ébénistes et ménuisiers, Les éditions de l’Amateur, Paris, 2000, p.361.

    Jacob-Desmalter (1770 - 1841)

    François-Honoré-Georges Jacob, dit Jacob-Desmalter peut être considéré comme le plus important artisan en sièges parisien du premier quart du XIXe siècle. Fils cadet du célèbre menuisier Georges Jacob (1739-1814), il se maria en 1798 avec Adélaïde-Anne Lignereux, la fille du célèbre marchand Martin-Eloi Lignereux. Dans un premier temps, il se distingua par ses qualités de dessinateur, puis en 1796, il s’associa avec son frère aîné Georges II Jacob (1768-1803) et tous deux reprirent l’atelier paternel de la rue Meslée sous la raison sociale Jacob Frères. Après le décès de son frère, Jacob Desmalter devint partenaire de son père, revenu aux affaires, et changea son estampille. Pendant près d’une décennie, ils vont être les fournisseurs privilégiés du Garde-Meuble impérial et des grands amateurs du temps. Toutefois, en 1813, les nombreux retards de paiements de l’administration impériale entraîneront la faillite de la maison Jacob. En 1825, après de multiples péripéties, il vendit son fonds de commerce à son fils contre une confortable rente viagère de 6000 francs par an. Libéré de la charge de l’entreprise, il entreprit quelques voyages, notamment en Angleterre où George IV lui demanda de participer au décor du château de Windsor. Il mourut à Paris, rue Cadet, le 15 août 1841.