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Deverberie
Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

Rare pendule en bronze patiné et doré dite « au matelot »

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Attribuée à Jean-Simon Deverberie

Paris, époque Empire, vers 1805-1810

Hauteur37 cm Largeur30,5 cm Profondeur11 cm

Bibliographie :

Dominique et Chantal Fléchon, « La pendule au nègre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.43.

 

Le cadran circulaire émaillé indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes, par tranches de quinze, par deux aiguilles en acier bleui ; il est inscrit dans une balle de coton en bronze doré sur lequel s’appuie un jeune noir tenant une cordelette, les cheveux crépus, torse et pieds nus et la tête tournée vers sa gauche, il tient une pipe dans sa main droite ; son visage particulièrement expressif, notamment ses yeux en verre ou émaillés, participe au réalisme de la composition. De l’autre côté, se trouvent une ancre et un tonneau, accessoires allégoriques du commerce. Le tout repose sur une base oblongue et octogonale en bronze ciselé et doré rehaussée de motifs en bas-reliefs à décor en façade d’une frise de jeunes putti occupés à décharger, livrer et facturer des marchandises et, dans les angles, de trophées allégoriques. Enfin, quatre pieds dits « tonnelets» supportent l’ensemble.

Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir dit « le bon sauvage » constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Elles font écho à un courant philosophique développé dans quelques grands ouvrages littéraires et historiques, notamment Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1787 qui dépeint l’innocence de l’Homme, Atala de Chateaubriand qui restaure l’idéal chrétien et surtout le chef-d’œuvre de Daniel Defoe publié en 1719 : Robinson Crusoé.

L’exemplaire que nous proposons représente le repos d’un jeune matelot noir après son labeur ; si le projet a été déposé par un certain Michel le 20 août 1808, le dessin préparatoire par Jean-Simon Deverberie, inscrit « le matelot », figure dans le « Cahier de Dessin de Pendules » du Cabinet des Estampes de la Bibliothèque Nationale à Paris.

De nos jours, rares sont les pendules similaires répertoriées, mentionnons particulièrement : un premier exemplaire conservé à la Fondation Andrès de Ribera à Jerez de la Frontera (illustré dans Catalogo ilustrado del Museo de Relojes, 1982, p.37) ; ainsi qu’un second qui appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (reproduit dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.66).

Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.