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Deverberie

Rare pendule de cheminée en bronze ciselé et doré

« Le temple de l’Amour »

APF_Pendulerie044_07

Caisse Attribuée à Jean-Simon Deverberie (1764 – 1824)

Paris, époque Directoire, vers 1795

Hauteur51 Largeur23 Profondeur23

Le cadran circulaire émaillé indique les heures en chiffres romains et les graduations des minutes par tranches de quinze grâce à deux aiguilles en métal doré ; il est inscrit dans une caisse architecturée en forme de temple « à l’antique » entièrement réalisée en bronze finement ciselé et doré. La lunette est soulignée d’une frise de pastilles bleutées montées en cabochons ; le mouvement est intégré dans une caisse circulaire décorée de deux motifs lobés simulant un cœur rehaussés de papillons travaillés en léger relief et surmontée d’un motif enflammé semblant émerger d’un rang de fleurettes. La caisse repose sur un temple circulaire dit « en rotonde », dont le fronton est surmonté d’une frise d’amours figurés dans diverses attitudes et est bordé d’un rang de pastilles bleutées parfois rehaussées de motifs étoilés et dorés. L’ensemble est posé sur six colonnes, en forme de carquois cannelés et fuselés à empennages de flèches et bases finement ouvragées, centrées d’une figure de l’Amour ailé, tenant un torche enflammée et un arc, assis sur un tronçon de colonne ceinturé d’une frise d’enfilage de perles. Le tout est supporté par une terrasse circulaire soulignée d’une frise de feuilles stylisées, elle-même reposant sur des pieds en pattes d’aigle dont les plumages et les serres sont finement ciselés. Enfin, une base circulaire en marbre bleu turquin bordée d’une légère doucine termine la composition.

Cette pendule originale peut être considérée comme l’un des modèles les plus aboutis créés au cours de la dernière décennie du XVIIIe siècle. Son dessin s’inspire plus ou moins directement des modèles de pendules temples, souvent à quatre colonnes et mouvements tournants, réalisés dans le dernier tiers du XVIIIe siècle par certains grands horlogers parisiens du temps, citons notamment : plusieurs exemplaires de ce type illustrés dans E. Niehüser, Die Französische Bronzeuhr, Eine Typologie der figürlichen Darstellungen, Munich, 1997, p. 254 ; ainsi qu’un modèle, à six colonnes en marbre blanc statuaire, qui appartient aux collections royales espagnoles (paru dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de Relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987, p. 90, catalogue n° 73) ; enfin, mentionnons une dernière pendule temple, à motifs réalisés dans le goût de l’Orient, qui est conservée dans les collections royales anglaises (Inv. RCIN 39660). L’ensemble de ces créations horlogères, célébrant souvent l’Amour et la fragilité des sentiments amoureux, avaient trouvé leur source d’inspiration dans l’un des édifices les plus célèbres de l’époque : « le temple de l’Amour », monument érigé dans les jardins du Petit Trianon en 1778 par Richard Mique pour la reine Marie-Antoinette dans le parc du château de Versailles et qui connaîtra un immense succès auprès des amateurs et des artistes du temps.

L’exemplaire que nous proposons, s’il reprend la composition classique en rotonde, se distingue des autres pendules de ce type, tout d’abord par son décor particulièrement élaboré, ensuite par l’inscription du cadran émaillé dans une caisse réalisée à l’imitation d’un cœur. Il est en cela parfaitement typique des créations horlogères Directoire qui se caractérisent par l’aboutissement esthétique des schémas ornementaux de l’Ancien Régime, tout en annonçant par son originalité ce que seront certains exemplaires luxueux de la période Empire. Enfin, soulignons que le modèle est excessivement rare ; en effet, à notre connaissance une seule autre pendule de modèle identique est répertoriée ; son cadran est signé Leroy à Paris et elle est conservée dans une collection privée (reproduite dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p. 332).

Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.