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Époques : Directoire

  • Deverberie
    Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

    Rare pendule de cheminée dite « à la chasseresse africaine » en bronze finement ciselé, patiné ou doré

    Pendule427-03_HD_WEB

    Attribuée à Jean-Simon Deverberie

    Hauteur45.5 cm Largeur35.5 cm Profondeur14 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles de type Breguet en acier bleui ; il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze finement ciselé, doré ou patiné. La lunette est agrémentée de fines frises stylisées ou perlées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure féminine représentant une jeune chasseresse noire assise vêtue d’une tunique et d’un pagne de plumes, portant un carquois à empennages de flèches en bandoulière, les cheveux crêpelés ceints d’un bandeau argenté et les yeux en verre traités « au naturel » ; elle porte des bijoux tels que colliers, anneaux ou bracelets de chevilles et tient une flèche dans sa main droite et un arc dans l’autre main ; elle pose son pied gauche sur une tortue à la carapace finement ouvragée, tandis que, du côté opposé, est une lionne assise sur son postérieur tournant la tête vers le personnage. L’ensemble repose sur une haute base architecturée à doucine soulignée de guirlandes fleuries et feuillagées retenues par des rubans, d’une frise d’enfilage de perles et d’une scène en applique représentant de jeunes enfants nus s’adonnant notamment à la chasse et à la pêche. Enfin, six pieds finement ouvragés de frises moletées supportent l’horloge.

    Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Elles font écho à un courant philosophique développé dans quelques grands ouvrages littéraires et historiques, notamment Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1787 qui dépeint l’innocence de l’Homme, Atala de Chateaubriand qui restaure l’idéal chrétien et surtout le chef-d’œuvre de Daniel Defoe publié en 1719 : Robinson Crusoé. Le dessin original de la pendule proposée, titré « l’Afrique », fut déposé par le fondeur-ciseleur parisien Jean-Simon Deverberie en An VII (illustré dans Dominique et Pascal Flechon, « La pendule au nègre », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.32, photo n°2).

    Parmi les exemplaires de pendules connues de composition identique, mentionnons notamment : un premier modèle,  le cadran signé « Gaulin à Paris », qui est reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.381, fig.5.15.25 ; ainsi qu’un deuxième modèle avec variante, puisque la figure repose sur une arche, qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.350 ; enfin, citons particulièrement un dernier exemplaire, le cadran signé « Ridel », qui appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (reproduit dans le catalogue de l’exposition « De noir et d’or, Pendules « au bon sauvage », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993).

    Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

    Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.



    Mignolet  -  Deverberie
    Joseph Mignolet ou Mignonet
    Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

    Rare pendule de cheminée dite « à la chasseresse africaine » en bronze finement ciselé, patiné ou doré

    Pendule367-04_HD_WEB

    Mouvement signé par Joseph Mignolet

    Dans une caisse attribuée à Jean-Simon Deverberie (1764-1824)

    Paris, époque Directoire-Consulat, vers 1800

    Hauteur48 cm Largeur38,5 cm Profondeur15 cm

    Bibliographie :

    Dominique et Chantal Fléchon, « La pendule au nègre », in Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.27-49.

     

    Le cadran circulaire émaillé blanc, signé « Mignolet à Paris », indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en bronze gravé ou repercé ; il s’inscrit dans une caisse entièrement réalisée en bronze finement ciselé, doré ou patiné. La lunette est agrémentée de fines frises stylisées ou perlées ; l’amortissement est formé d’une superbe figure féminine représentant une jeune chasseresse noire assise vêtue d’un pagne de plumes, portant un carquois à empennages de flèches en bandoulière, les cheveux crêpelés ceints d’un bandeau et les yeux en verre traités « au naturel » ; elle porte des bijoux tels que colliers, anneaux, pendentifs d’oreille rouges et bracelets de chevilles et tient une flèche dans sa main droite et un arc dans l’autre main ; elle pose son pied gauche sur une tortue à la carapace finement ouvragée, tandis que, du côté opposé, est une lionne assise sur son postérieur tournant la tête vers le personnage. L’ensemble repose sur une haute base architecturée à doucine soulignée de guirlandes fleuries et feuillagées retenues par des rubans, d’une frise d’enfilage de perles et d’une scène en applique représentant de jeunes enfants nus s’adonnant notamment à la chasse et à la pêche. Enfin, six pieds finement ouvragés de frises moletées supportent l’horloge.

    Avant la fin du XVIIIe siècle, le noir constitue rarement un thème décoratif pour les créations horlogères françaises et plus largement européennes. C’est véritablement à la fin de l’Ancien Régime, plus précisément dans la dernière décennie du XVIIIe siècle et dans les premières années du siècle suivant, qu’apparaissent les premiers modèles de pendules dites « au nègre » ou « au sauvage ». Elles font écho à un courant philosophique développé dans quelques grands ouvrages littéraires et historiques, notamment Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre publié en 1787 qui dépeint l’innocence de l’Homme, Atala de Chateaubriand qui restaure l’idéal chrétien et surtout le chef-d’œuvre de Daniel Defoe publié en 1719 : Robinson Crusoé. Le dessin original de la pendule proposée, titré « l’Afrique », fut déposé par le fondeur-ciseleur parisien Jean-Simon Deverberie en An VII (illustré dans Dominique et Pascal Flechon, « La pendule au nègre », dans Bulletin de l’association nationale des collectionneurs et amateurs d’horlogerie ancienne, printemps 1992, n°63, p.32, photo n°2).

    Parmi les exemplaires de pendules connues de composition identique, mentionnons notamment : un premier modèle,  le cadran signé « Gaulin à Paris », qui est reproduit dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.381, fig.5.15.25 ; ainsi qu’un deuxième modèle avec variante, puisque la figure repose sur une arche, qui est illustré dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age à nos jours, Paris, 1997, p.350 ; enfin, citons particulièrement un dernier exemplaire, le cadran signé « Ridel », qui appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (reproduit dans le catalogue de l’exposition « De noir et d’or, Pendules « au bon sauvage », Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles, 1993).

    Joseph Mignolet ou Mignonet

    Joseph Mignolet ou Mignonet fut reçu Maître Horloger en 1786 rue Saint Honoré.

     



    Jean-Simon Deverberie (1764 - 1824)

    Jean-Simon Deverberie figure parmi les plus importants bronziers parisiens de la fin du XVIIIe siècle et des deux premières décennies du siècle suivant. Marié avec Marie-Louise Veron, il semble que cet artisan se soit quasi exclusivement spécialisé dans un premier temps dans la création de pendules, de flambeaux et de candélabres, ornés de figures exotiques, particulièrement de personnages africains ; en effet, il déposa vers 1800 de nombreux dessins préparatoires de pendules dites « au nègre », notamment les modèles dits « l’Afrique », « l’Amérique » et « Indien et Indienne enlacés » (les dessins sont conservés de nos jours au Cabinet des Estampes à la Bibliothèque nationale à Paris). Il installa son atelier successivement rue Barbette à partir de 1800, rue du Temple vers 1804, enfin, rue des Fossés du Temple entre 1812 et 1820.



    Thomire
    Pierre-Philippe Thomire (1757-1843)

    Rare et importante garniture de cheminée dite « aux putti assis à califourchon » en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

    Garniture001-06_BD_MAIL

    Attribuée à Pierre-Philippe Thomire

    Paris, époque Directoire-Consulat, vers 1800

    Pendule :
    Hauteur54,5 cm LargeurBase 22,6 x 22,6 cm Diamètre27,5 cm
    Vases :
    Hauteur45 cm LargeurBase 19,4 x 19,4 cm Diamètre22 cm

    Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou l’or bruni, cette garniture est composée d’un vase central formant pendule et de deux vases latéraux. La pendule présente un cadran émaillé blanc, indiquant les heures, les minutes par tranches de quinze et les quantièmes du mois en chiffres arabes par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, est renfermé dans une caisse sous la forme d’un vase « Médicis » simulé entièrement réalisé en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni. La lèvre est formée d’une frise alternée de palmettes stylisées et feuilles de chêne à jeux de crosses ; le cadran est souligné, dans sa partie haute, de guirlandes fleuries et feuillagées enrubannées, dans sa partie basse, d’une tête flanquée d’ailes déployées ; les prises en crosses à enroulements servent de supports à deux enfants assis à califourchon qui retiennent des guirlandes de feuillages s’épanouissant sur la panse et nouées par des pastilles ; le culot à larges acanthes et palmettes ; le piédouche, à bague à motifs stylisés et tore de feuilles et graines de lauriers enrubanné, repose sur un entablement à degrés, lui-même supporté par une base quadrangulaire à motifs de doubles losanges renfermant des rosaces, palmettes et griffons contrariés ; enfin, l’ensemble est posé sur un contre-socle à doucine à frise de lambrequins à feuilles d’eau alternés de feuillages. Les deux vases latéraux réalisés « au modèle » de la pendule se caractérisent principalement par leurs panses à bandeau néoclassique représentant sur leurs pourtours des nymphes ou bacchantes dansant en se donnant la main.

    L’originalité de sa composition, particulièrement les putti assis à califourchon sur les prises, ainsi que la qualité exceptionnelle de sa ciselure et de sa dorure sont caractéristiques des créations parisiennes les plus abouties des toutes dernières années du XVIIIe siècle ou des toutes premières du siècle suivant. Présentant quelques réminiscences des modèles Louis XVI, notamment ces superbes tores ceinturant les piédouches ou ces guirlandes tombantes fleuries et feuillagées, elle possède déjà dans certains aspects du traitement de sa ciselure et dans les motifs des bases l’esprit des grandes créations de l’époque Empire ; ce mélange harmonieux et équilibré de deux styles est typique d’une époque de transition artistique et décorative dans la décennie charnière du passage du XVIIIe au XIXe siècle qui définit l’époque Directoire-Consulat. Au cours de cette période, un bronzier s’illustre tout particulièrement par son talent et son génie créateur : Pierre-Philippe Thomire, artisan de tout premier plan à qui nous attribuons la garniture proposée. En effet, la signature de Thomire apparaît sur un rare vase « Médicis » en bronze doré et patiné dont la lèvre est traitée dans le même esprit et dont la panse présente une frise « à l’antique » réalisée dans le même goût ; appartenant au Musée des Arts décoratifs de Budapest, ce vase est illustré dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Die Bronzearbeiten des Spätbarock und Klassizismus, Band I, Munich, 1986, p.362, fig.5.12.3.

    Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

    Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



    Sauvage
    Piat-Joseph Sauvage (1744-1818)

    Exceptionnelle grande plaque rectangulaire dite « l’Offrande à Minerve » en porcelaine dure à décor peint en trompe-l’œil à l’imitation du bronze

    Plaque001-01_HD_PRESSE copie (1)

    Manufacture Dihl et Guérhard dite Manufacture du duc d’Angoulême

    Paris, fin du XVIIIe siècle, 1797-1798

    Signée et datée : Sauvage in.f. (invenit fecit) Manufre Guerhard & Dihl an 6

    Dimensions hors cadre :
    Hauteur34 cm Largeur84 cm

    Provenance :

    -collection Patureau (vente à Paris, le 7 avril 1834, lot 37) : « Sauvage (signés), manufacture Guerard et Dhill. Deux tableaux forme frise, représentant un sacrifice à Minerve, et des jeux d’enfants. Ces deux articles, uniques dans leur genre, méritent de fixer l’attention des amateurs ».

    -vente à Paris, Maître Delestre, Hôtel Drouot, le 15 novembre 1886, lot 31 : « Deux grandes plaques rectangulaires en porcelaine de Guerhard et Dihl, décorées de sujets simulant des bas-reliefs en bronze peints par Sauvage, et représentant une offrande à Minerve et des jeux d’enfants ».

    -Collection Hector Le Fuel, par descendance.

     

    Exposition :

    Probablement le bas-relief imitant le bronze peint sur porcelaine pour la Manufacture Dihl et Guérhard, dite « du duc d’Angoulême », présenté sous le numéro 362 au Salon du 1er thermidor an VI (19 juillet 1798) au Museum central des Arts (actuel Musée du Louvre).

     

    Cette plaque en porcelaine dure, de dimensions exceptionnelles, présente une composition rectangulaire proposant un superbe décor en trompe-l’œil réalisé à l’imitation d’un bas-relief en bronze aux tonalités brun-or se détachant sur un fond blanc destiné à accentuer l’impression de perspective et de volume des figures. La scène se présente sous la forme d’un bandeau en frise « à l’antique » figurant au centre la statue de Minerve assise sur un autel ceinturé d’un tore enrubanné et rythmé d’une ronde de putti ; la déesse, représentée de profil, vêtue « à la romaine » et portant son casque sommé d’un sphinx, tient une lance de sa main droite et une couronne de lauriers dans l’autre main, elle est l’Allégorie de la Sagesse, de la Paix et des Arts. Sur un sol simulé, dans la longueur de l’œuvre, sont posés une corbeille de vannerie remplie de fleurs, quelques tiges de roses, une aiguière à panse à cannelures torses et un brasero à piétement en arabesques et enfants. De part et d’autre de la figure, sont des personnages de nymphes, enfants ou putti dans diverses attitudes célébrant la déesse ; de gauche à droite, un premier putto joue du cor de chasse, une nymphe tend un bouquet fleuri vers la statue, une deuxième, agenouillée, dépose un vase à anses détachés au pied du monument, tandis qu’un enfant élève un plateau rempli de fruits ; à l’opposé, un putto, regardant vers le spectateur, tient une gerbe, une nymphe tient de la main droite une branche de roses, tandis que de la gauche elle tient la main d’un enfant tenant une colombe, une dernière nymphe joue de la lyre et, dernière elle, un putto se courbe sous la poids de la lourde urne qu’il porte sur sa tête. L’ensemble est présenté dans un cadre en bois sculpté et doré à frises de feuilles stylisées et perles en enfilage, la vue soulignée de feuilles d’eau.

    De dimensions hors-du-commun et d’une exceptionnelle qualité de réalisation, cette plaque peut être considérée comme l’un des chefs-d’œuvre des arts décoratifs parisiens du temps et comme le parfait aboutissement des recherches techniques, esthétiques et décoratives entreprises par les manufactures françaises dès la première moitié du XVIIIe siècle afin de concurrencer les manufactures germaniques, particulièrement celle de Meissen. Elle est surtout représentative de la collaboration du peintre Piat-Joseph Sauvage, l’un des meilleurs artistes de son temps, et de la Manufacture Dihl et Guérhard, l’une des manufactures parisiennes de porcelaine les plus renommées et les plus innovantes de son époque. Cette association est à l’origine de quelques-unes des plus belles plaques de porcelaine peinte réalisées à Paris dans les dernières années du XVIIIe siècle ou dans les toutes premières années du siècle suivant ; ainsi, nous connaissons notamment deux plaques, sorties de chez Dihl et Guérhard et signées Sauvage, qui représentent en pendant une figure de Minerve donnant une leçon de folie et une Vénus donnant une leçon de sagesse ; elles furent exposées au Salon de 1800 et appartiennent de nos jours aux collections du Musée des Beaux-Arts de Tournai ; ainsi qu’une troisième plaque de grandes dimensions, toutefois légèrement inférieures à celles de la plaque que nous proposons, à décor de jeux d’amours qui correspond à celle présentée à l’Exposition des Produits de l’Industrie de 1797 et qui fait partie aujourd’hui des collections des Musées royaux d’Art et d’Histoire à Bruxelles (voir C. Froissart et J. Whitehead, « Le peintre Piat-Joseph Sauvage et la porcelaine », dans Les Cahiers de Mairemont, 32-33, 2005, p.35-39).

    Concernant plus particulièrement la plaque proposée, elle semble correspondre à celle qui fut présentée par la Manufacture Dihl et Guérhard au Salon du 1er thermidor de l’an VI (juillet 1798) au Muséum central des Arts. Ainsi, parmi plusieurs tableaux de belle qualité peints sur porcelaine, se trouvait une plaque figurant un bas-relief imitant le bronze par Sauvage (n°362, fig.3). Cette mention, quoique brève et imprécise, peut très certainement correspondre à la plaque que nous proposons qui figura par la suite dans la collection Patureau en avril 1834, puis dans une vente anonyme à l’Hôtel Drouot en novembre 1886, enfin, elle fit partie de la collection Hector Lefuel et fut conservée par sa descendance. Enfin, relevons, qu’à l’époque des deux ventes parisiennes de 1834 et 1886, la plaque avec laquelle elle était présentée en pendant figurait « des jeux d’enfants » ; nous pouvons alors supposer que la plaque conservée à Bruxelles et de dimensions proches ait pu être associée à la plaque proposée dans les premières décennies du XIXe siècle ; cette hypothèse semble être corroborée par le fait que les deux catalogues de vente ne les mentionnaient pas en tant que paire mais en tant que « deux tableaux » et « deux grandes plaques ».

    Piat-Joseph Sauvage (1744 - 1818)

    Piat-Joseph Sauvage, peintre belge, membre de l’Académie Royale en 1781 et célèbre pour ses œuvres dans la technique du trompe-l’œil imitant la sculpture. Dans les années 1780, il travaille sur la décoration d’intérieurs pour les châteaux royaux de Rambouillet et de Versailles et réalise ses peintures décoratives sur différents supports, utilisant en particulier des matériaux tels que le marbre, l’ivoire ou la porcelaine et puisant plus ou moins directement dans le répertoire néoclassique lié à l’Antiquité grecque et romaine. A partir de 1797, il commence à collaborer avec la Manufacture parisienne de porcelaine Dihl et Guérhard dite « du duc d’Angoulême » car patronnée dès 1781 par ce grand aristocrate qui confia par la suite la direction à deux groupes d’associés : Christophe Erasimus Dihl et les époux Guérhard, qui firent de cette entreprise la principale rivale de la Manufacture de Sèvres. Les œuvres issues de cette collaboration entre cette manufacture et Sauvage sont alors présentées dans des expositions prestigieuses et, de nos jours, les plaques conservées nées de cette association sont excessivement rares et appartiennent le plus souvent à de grands musées français et internationaux.



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    Rare paire de vases Médicis dits « aux têtes de bélier » en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et tôle laquée à l’imitation du bronze patiné « à l’antique »

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    Paris, fin du XVIIIe siècle, vers 1790-1800

    Hauteur45 cm Diamètre32 cm

    Entièrement réalisé en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et tôle laquée à l’imitation du bronze patiné « à l’antique », chaque vase présente un dessin général particulièrement élaboré librement inspiré du célèbre modèle Médicis conservé de nos jours au Musée des Offices à Florence. Les lèvres sont soulignées de frises de lambrequins à réserves à canaux rythmés d’acanthes ; les cols sont agrémentés de bandeaux à jeux d’enfants dans des nuées encadrés d’anneaux unis ; les anses détachées en demi-lyre se terminent en enroulements centrés d’anneaux mobiles en joncs et se rattachent à des têtes de bélier au niveau des épaulements, ces derniers ceinturés d’enfilages de perles ; les culots s’inscrivent dans des bouquets en larges feuilles ajourées renfermant des acanthes et alternant avec des guirlandes de lauriers à graines ; les piédouches, animés de bagues à épis de blé à perles, sont ceinturés de tores enrubannés de lauriers et reposent sur des bases quadrangulaires à doucine à frises stylisées ponctuées d’acanthes.

    La rare paire de vases que nous proposons est plus ou moins directement inspirée de certaines œuvres de grands bronziers parisiens de la seconde moitié du XVIIIe siècle, notamment de certains modèles de vases « à têtes de bélier » créés par Pierre Gouthière (1732-1813) à la demande du duc d’Aumont, célèbre collectionneur parisien de l’époque (voir C. Vignon et C. Baulez, Pierre Gouthière : ciseleur-doreur du roi, Mare/Martin, 2016). Les sources anciennes, particulièrement certaines ventes aux enchères du début du XIXe siècle, mentionnent quelques paires de vases similaires à celle proposée, citons notamment une première paire décrite lors de la vente après cessation de commerce de Monsieur Rolland, Ancien marchand d’Estampes et Dessins du Cabinet du Roi, le 22 mars 1830 : « 76. Vases, forme de Médicis, orné d’un bandeau à frise de jeux d’enfants, anses à enroulement, anneaux et têtes de bélier, culot base, torsade en bronze ciselé et doré » et mentionnons particulièrement une seconde paire, pouvant correspondre à celle que nous proposons, qui était proposée aux enchères dans une vente anonyme à la fin de l’année 1803 : « 31. Deux vases, forme de Médicis, en tôle vernie, entourés de bas-reliefs sujets de jeux d’enfants, garnis d’anses à têtes de béliers et anneaux, culots et feuilles, piédouches et socles richement ouvragés en bronze doré. Hauteur totale 17 pouces ». Enfin, de nos jours, parmi les rares modèles de vases identiques répertoriés, relevons qu’une paire se trouvait anciennement dans les célèbres collections de Monsieur António de Sommer Champalimaud (1918-2004), banquier et industriel portugais ; collection dispersée à Londres au milieu des années 2000.

    Galle
    Claude Galle (1759-1815)

    Importante pendule de cheminée en bronze finement ciselé, patiné ou doré à l’or mat et marbre vert antique

    « La rencontre de Robinson Crusoé et de Vendredi »

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    Dans une caisse attribuée à Claude Galle

    Paris, époque Directoire, vers 1800

    Hauteur53.5 cm Largeur35.5 cm Profondeur14 cm

    Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes par deux aiguilles en acier bleui dites « Breguet » ; la lunette est soulignée de frises feuillagées ou perlées. Le mouvement est renfermé dans une caisse quadrangulaire à pans coupés entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à décor en relief, sur les côtés, de chèvres se hissant sur leurs pattes arrières pour manger des pampres, en façade, de scènes à personnages représentant Robinson Crusoé désespéré sous une tente de fortune faisant face à un orage et le même personnage se fabriquant une barque près d’un limonier ; les angles de la caisse sont agrémentés de tonneaux d’où s’échappent des cactus stylisés ; la terrasse, simulant un parterre « au naturel », supporte une superbe composition représentant la rencontre du jeune sauvage Vendredi, figuré un genou à terre, et de Robinson Crusoé, vêtu et coiffé de peaux de chèvres, tenant de la main droite un parasol et un fusil dans l’autre main ; à l’arrière de Vendredi se trouve un limonier à fruits dorés sur lequel est juché un perroquet. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à pans coupés en marbre vert antique soulignée d’une frise de feuilles d’eau alternées de tigettes ; enfin, quatre pieds moulurés en boules aplaties supportent l’ensemble de l’horloge.

    Directement inspiré du célèbre roman de Daniel Defoe publié en 1719, cette pendule figure parmi les créations horlogères les plus abouties des dernières années du XVIIIe siècle. De nos jours, parmi les rares modèles identiques répertoriés, citons particulièrement : un premier exemplaire qui est illustré dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1988, p.92, fig.159 ; ainsi qu’un deuxième, proposant une base en marbre rouge griotte d’Italie, qui est reproduit dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Les éditions de l’Amateur, Paris, 1997, p.359 ; un troisième, reposant sur une base en marbre de mer, est paru dans G. et A. Wannenes, Les plus belles pendules françaises, De Louis XIV à l’Empire, Editions Polistampa, Florence, 2013, p.307 ; un quatrième, proposant un socle entièrement doré, est exposé au Palais Pitti à Florence ; enfin, mentionnons particulièrement que deux pendules de ce modèle, l’une de composition originale et unique et toutes deux ayant des cadrans signés « Leclerc à Bruxelles », appartiennent aux collections du Musée François Duesberg à Mons (voir Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.64-65).

    Claude Galle (1759 - 1815)

    L’un des plus éminents bronziers et fondeurs-ciseleurs de la fin de l’époque Louis XVI et l’Empire, Claude Galle est né à Villepreux près de Versailles. Il fait son apprentissage sous le fondeur Pierre Foy, épousant en 1784 la fille de Foy. En 1786 il devient maître fondeur. A la mort de son beau-père en 1788, Galle prend la direction de l’atelier, qui devient l’un des plus importants de Paris, employant, au plus haut de son activité, près de 400 artisans. Galle déplace l’atelier d’abord Quai de la Monnaie (plus tard Quai de l’Unité), puis, en 1805, 60 Rue Vivienne.

    Le garde-meuble de la couronne, sous la direction de sculpteur Jean Hauré de 1786-88, lui fait l’honneur de plusieurs commandes. Galle travailla avec beaucoup d’artisans remarquables, tels Pierre-Philippe Thomire ; il fournit la majorité des bronzes d’ameublement au Château de Fontainebleau pendant l’Empire. Il reçut de nombreuses commandes impériales, pour des lumières, boîtes de pendule, et vases pour les palais de Saint-Cloud, les Trianons, les Tuileries, Compiègne, et Rambouillet. Il fournit les palais italiens de Monte Cavallo à Rome et Stupinigi près de Turin.



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    Rémond
    François Rémond (vers 1747-1812)

    Rare paire d’aiguières « aux putti » en bronze très finement ciselé, moleté, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni

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    Attribuée à François Rémond

    Paris, époque Directoire, vers 1795

    Hauteur41 Largeur17

    Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, moleté, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni, chaque aiguière, en forme de buire néoclassique simulée, présente une panse en forme en œuf tronqué soulignée dans sa partie haute d’une frise de feuilles d’eau stylisées et surmontée d’un col largement évasé. La lèvre, à déversoir légèrement recourbé, tournesol et enroulements , est soulignée d’un large motif à feuilles d’acanthe et guirlandes de chêne enrubannées encadrant un mascaron masculin à thématique fluviale. L’anse est formée d’une superbe figure de putto debout légèrement drapé, dont les pieds sont posés sur un motif de double acanthe qui suit les courbes de la composition. Le culot, à bouquet de larges feuilles nervurées, repose sur une bague à fins godrons et sur un piédouche uni agrémenté d’un bandeau à croisillons centrés de cabochons et ceinturé d’un tore à motifs torsadés de fines cordelettes alternées de perles en enfilages. Enfin, l’ensemble est supporté par une base quadrangulaire à cavet foncé d’une frise de feuilles lancéolées et de tigettes à graines.

    La composition particulièrement originale de cette rare paire d’aiguières simulées, ainsi que la grande qualité de sa ciselure et de sa dorure, nous permettent de l’attribuer à l’œuvre de François Rémond, l’un des plus importants artisans parisiens des dernières décennies du XVIIIe siècle. Leur dessin, à anses formées de figures dénudées en pied, n’est pas sans rappeler un modèle d’aiguières en porcelaine de Sèvres et bronze finement ciselé et doré dont une paire est exposée à la Wallace Collection à Londres (voir H. Jacobsen, Gilded Interiors, Parisian Luxury & the Antique, publié à l’occasion de l’exposition « Gilded Interiors : French Masterpieces of Gild Bronze », The Wallace Collection, Londres, 2017, p.64-67) ; ainsi qu’une seconde paire à anses formées de satyre ou de sirène, portant la signature de Pierre Gouthière et la date 1767, qui appartient aux collections du Frick Art and Historical Center de Pittsburgh (reproduite dans C. Vignon et C. Baulez, Pierre Gouthière ciseleur-doreur du roi, The Frick Collection, New York, 2017, p.164-165, catalogue n°4). De nos jours, parmi les rares paires d’aiguières connues de modèle identique à celle proposée, citons particulièrement : une première paire qui a été proposée aux enchères à Paris au début des années 1970 (vente Palais Galliera, Maîtres Couturier-Nicolay, le 10 juin 1971, lot 145) ; ainsi qu’une seconde, acquise en mars 1934 et portant la marque d’inventaire « B 248 » au bonnet phrygien, qui appartient aux collections du Mobilier national à Paris (Inventaire GML-4510-001/002).

    François Rémond (vers 1747 - 1812)

    À l’instar de Pierre Gouthière, François Rémond est l’un des plus importants artisans ciseleurs-doreurs parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Il débute son apprentissage en 1763 et obtient ses lettres de maîtrise en 1774. Immédiatement son talent lui permet de se composer une riche clientèle parmi laquelle figuraient notamment certaines personnalités de la Cour. Mais surtout François Rémond, par l’intermédiaire du marchand-mercier Dominique Daguerre, participe à l’ameublement de la plupart des grands collectionneurs de la fin du XVIIIe siècle en fournissant des caisses de pendules, des chenets, des candélabres…toujours d’une très grande qualité d’exécution et aux compositions particulièrement raffinées et novatrices qui firent sa notoriété.



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    Important lustre à neuf lumières en bronze ciselé, doré et patiné et cristal ou verre taillé et facetté

    APF_Lustre003_04

    Paris, époque Directoire, vers 1795-1800

    Hauteur114 Diamètre72

    La couronne supérieure est décorée d’éléments curvilignes terminés par des motifs étoilés ; le fût, souligné de motifs en arabesques terminés en enroulements, supporte un superbe vase « à l’antique » en bronze patiné et doré décoré d’un bandeau médian sur lequel viennent se fixer trois masques coiffés d’un panache stylisé desquels d’échappent, trois par trois, les neuf bras de lumière formés de tiges recourbées qui supportent les bassins. La partie inférieure du vase est ornée d’un motif godronné et le cul-de-lampe est formé d’une grappe stylisée émergeant d’un bouquet de feuillages. L’ensemble du lustre est richement agrémenté d’éléments en cristal ou verre taillé et facetté formés de guirlandes et de pendeloques.

    Le dessin particulièrement original du lustre proposé est révélateur de son époque de création : le Directoire ; période de quelques années au cours de laquelle les arts décoratifs parisiens étaient encore fortement marqués par l’esprit néoclassique du règne de Louis XVI, mais qui étaient déjà empreints par certains motifs décoratifs qui connaîtront un écho exceptionnel sous l’Empire. Sa composition le distingue de la plupart des autres modèles connus de la même époque. En effet, le traitement de son élément central doré et patiné, mais également son rare décor en cristal ou verre taillé, renouent avec les créations les plus luxueuses de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

    De nos jours, parmi les rares autres exemplaires répertoriés réalisés dans le même esprit, citons notamment une paire de lustres livrée en 1804 pour le Salon de l’Impératrice au château de Fontainebleau (voir J-P. Samoyault, Musée national du château de Fontainebleau, Catalogue des collections de mobilier,1.Pendules et bronze d’ameublement entrés sous le Premier Empire, Paris, RMN, p.100, catalogue n°64) ; deux modèles de même inspiration, le premier se trouvait anciennement dans la collection Bickert (vente à Paris, Me Baudoin, les 3-4 décembre 1934, lot 134), le second est apparu sur le marché de l’art lors de la vente des collections de la comtesse de Castellane et à divers amateurs (vente Sotheby’s, Monaco, le 9 décembre 1995, lot 244) ; enfin, mentionnons un dernier lustre de ce type, de grandes proportions, qui figure dans la salle à manger du château de Maisons, ancienne propriété du comte d’Artois, frère de Louis XVI (illustré dans le catalogue de l’exposition La folie d’Artois à Bagatelle, 1988, p.83).