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Moinet  -  Thomire

Exceptionnelle garniture de cheminée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre noir

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Le mouvement signé « Moinet l’aîné » par l’horloger Louis Moinet

Les bronzes attribués à Pierre-Philippe Thomire

Paris, époque Empire, vers 1810

Pendule :
Hauteur71 cm Largeur29 cm DiamètreBase 25,3 x 25,3 cm
Vases :
Hauteur54 cm Largeur23,5 cm DiamètreBase 18 x 18 cm

Provenance :

Vente à Paris, Palais Galliera, Maîtres Laurin-Guilloux-Buffetaud, le 21 juin 1974, lot 59.

 

Entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, patiné « à l’antique » et doré à l’or mat ou l’or bruni et marbre noir, cette garniture est composée d’un vase central formant pendule et de deux vases latéraux à panses ovoïdes. La pendule présente un guichet en médaillon dans une couronne fleurie indiquant sur deux cadrans tournants en métal argenté les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de cinq en chiffres arabes ; le mouvement est signé « Moinet l’aîné ». La lèvre est ceinturée d’une frise de feuilles nervurées ; le col est à motifs en applique de fleurons et rinceaux encadrés d’oiseaux affrontés becquetant des graines ; la panse, à bagues unie ou en joncs, est agrémentée de médaillons à rosaces flanqués de fleurons et rinceaux et d’une superbe frise « à l’antique » représentant des bacchantes dansant ; le culot à larges feuilles alternées de tigettes à fleurettes ; le piédouche évasé à rang de feuilles d’eau stylisées. Les anses détachées, à réserves à guirlandes fleuries et feuillagées, sont rattachées à la panse par des têtes féminines émergeant de palmettes et au col par des médaillons centrés de profils néoclassiques. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire à motifs de thyrses autour desquels s’enroulent des pampres de vigne et des serpents encadrant des corbeilles de vannerie chargées de fruits ; la partie basse en doucine est ornée de feuilles d’eau ; enfin, un contre-socle carré supporte l’horloge. Les deux vases latéraux au modèle de la pendule sont richement agrémentés de motifs en applique de palmettes, crosses, fleurons et torchères en arabesques flanquées de figures féminines agenouillées nouant des rubans ; les anses détachées légèrement sinueuses, soulignées de légers feuillages et à réserves à fond amati, se rattachent aux cols par des médaillons centrés de têtes féminines dans des couronnes. Les vases reposent sur des piédouches à larges feuilles d’eau nervurées, eux-mêmes supportés par des bases carrées en marbre noir posées sur des socles quadrangulaires ceinturés de doucines à frises de feuilles alternées de tigettes.

Relativement proche de certaines réalisations du bronzier parisien Claude Galle, notamment d’un modèle de pendule-vase décliné par cet artisan vers 1810 et dont un exemplaire est conservé au Grand Trianon (voir H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I ; Munich, 1986, p.365, fig.5.12.12), tandis qu’un second est exposé au Musée de Capodimonte à Naples (illustré dans A. Gonzales-Palacios, Il Gusto dei Principi, Arte di corte del XVIIe e del XVIIIe secolo, Milan, 1993, p.74, fig.127), l’exceptionnelle garniture que nous proposons peut être rattachée sans équivoque à l’œuvre de Pierre-Philippe Thomire, le plus talentueux bronzier parisien des dernières années du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant.

En effet, la composition originale de la pendule se retrouve à l’identique, avec toutefois une variante dans le traitement des anses, sur un type de pendule-vase dit « aux commères » créé par Thomire vers 1805-1810 et dont quelques rares modèles sont connus, citons notamment un premier exemplaire entièrement en bronze doré qui fait partie des collections royales espagnoles (reproduit dans J. Ramon Colon de Carvajal, Catalogo de relojes del Patrimonio nacional, Madrid, 1987,  p.164, catalogue 142) ; ainsi qu’un second, associant bronze doré et patiné et signé « Louis Moinet », qui est exposé à la Fondation David Roche à Melbourne et fut commandé vers 1810 par Ernst-Auguste prince de Hanovre (paru dans J. Russel et R. Cohn, French Empire Mantel Clock, Editions Bookvika, 2012, p.8).

Enfin, relevons qu’un modèle de vase identique à ceux qui encadrent la pendule proposée, avec toutefois également de légères variantes dans les bases, est illustré dans un catalogue entièrement dédié à l’œuvre de Pierre-Philippe Thomire conservée en Russie (voir A.N. Voronikhina, Dekorativnaia bronza Pera-Filippa Tomira (1751-1843), Leningrad, Musée de l’Hermitage, 1984).

Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



Louis Moinet ou Moynet (1768 - 1853)

Est l’un des plus importants horlogers parisiens des premières décennies du XIXe siècle. Né à Bourges, Moinet se distingue très jeune par sa passion pour l’horlogerie et remporte de nombreux premiers prix lors de concours. Passionné également par la peinture et le dessin, il part en Italie pendant plusieurs années pour étudier l’Antiquité classique ; à son retour en France, il s’installe à Paris et est nommé professeur à l’Académie des Beaux-Arts au Louvre. Membre de plusieurs sociétés savantes et artistiques, il se lie d’amitié ou collabore avec quelques-uns des meilleurs artistes, artisans et scientifiques de l’époque. Sa passion pour l’horlogerie prend rapidement le dessus sur la peinture et Moinet se concentre exclusivement sur l’étude pratique et théorique de l’horlogerie, inventant notamment le premier chronographe en 1816, alors que dix ans plus tôt il concevait une horloge-automate pour l’Empereur sur laquelle Napoléon et Joséphine sont couronnés lorsque la boîte à musique est actionnée. Il réalise également des œuvres pour le Prince Murat et le Maréchal Ney, puis sa notoriété dépasse les frontières de la France et Moinet conçoit des pendules pour les présidents américains Thomas Jefferson et James Monroe, ainsi que pour le roi d’Angleterre George IV. A l’heure actuelle, les pendules sorties de son atelier sont toutes considérées comme réalisées en collaboration avec Pierre-Philippe Thomire avec lequel l’horloger dû avoir une relation commerciale et amicale privilégiée.



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