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Thomire

Rare pendule de cheminée célébrant très certainement la Victoire de la Bataille Wagram en bronze très finement ciselé, moleté, patiné et doré à l’or mat ou à l’or bruni

« La Tour de Markgrafneusiedl »

Pendule398-04

Attribuée à Pierre-Philippe Thomire

Paris, époque Empire, vers 1810

Hauteur40 cm Diamètre19,5 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc indique les heures en chiffres romains et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; le mouvement s’inscrit dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé, moleté, patiné et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Elle se présente sous la forme d’une tour médiévale reposant sur une terrasse à enrochement traité « au naturel ». La porte, flanquée de deux bornes, est à montants à canaux soutenant un fronton cintré en arcature ; le corps de la tour, entièrement recouvert de blocs de pierre simulés, est rythmé d’ouvertures repercées en meurtrières et agrémenté de tores moletés, dont un fait office de lunette au cadran ; la partie supérieure, à entablement à corbeaux, est ceinturé de créneaux dans lesquels sont logés deux canons sur leurs affûts ; les boulets de ces derniers sont posés sur une terrasse en dallage centrée d’un mât porte-étendard.

La composition particulièrement originale de l’horloge que nous proposons semble pouvoir être rattachée à l’un des épisodes de l’une des plus célèbres batailles napoléoniennes : la Bataille de Wagram, opposant la France et l’Autriche impériale. En effet, après un premier jour plus qu’équilibré entre les forces militaires françaises et autrichiennes, le 6 juillet 1809 est marqué par la prise héroïque par le Maréchal Davout de la Tour de Markgrafneusiedl, position dominante de laquelle les Autrichiens infligeaient alors un intense bombardement d’artillerie aux forces de la Grande Armée. Ce fait d’arme permettant ainsi aux troupes françaises de prendre l’avantage et de surtout de prendre pied sur le plateau de Wagram. Nul doute que cet épisode, exaltant l’héroïsme militaire si cher à l’Empereur, fut célébré à Paris et qu’un bronzier réputé s’attacha à appliquer à son art cette tour fortifiée prise à l’ennemi qui marqua le tournant de la bataille. Comme souvent dans les arts décoratifs parisiens de l’époque, cela engendra une rare émulation ; particulièrement ici par la création de ce modèle d’horlogerie rarissime, puisqu’à notre connaissance il est à ce jour le seul et unique exemplaire connu. Sa qualité exceptionnelle de ciselure et de dorure nous permet de le rattacher à l’œuvre de Pierre-Philippe Thomire, peut-être également l’auteur d’un modèle réalisé dans le même esprit, sous la forme d’une tour cylindrique surmontée d’un planétaire, décliné par l’horloger François Ducommun vers 1820 et dont deux exemplaires sont répertoriés : le premier est paru dans P. Heuer et K. Maurice, European Pendulum Clocks, Decorative Instruments of Measuring Time, Munich, 1998, p.327, fig.727 ; tandis que le second est conservé au Musée d’horlogerie à La-Chaux-de-Fonds (voir M. Favre, Musée d’Horlogerie de La-Chaux-de-Fonds, sans date, p.75).

Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.