search icon
Martinet  -  Coteau

Exceptionnelle pendule astronomique de cheminée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare »

Pendule355-05_HD_WEB

Attribuée à l’horloger Hubert Martinet

Commercialisée par Jean-Baptiste Petit dont la signature « J. Bte Petit » apparaît sur le cadran principal

Les émaux attribués à  Joseph Coteau

Paris, époque Louis XVI, vers 1775-1780

Hauteur51 cm Largeur48,5 cm Profondeur13,2 cm

Le cadran principal émaillé blanc, signé « J. Bte Petit », indique les heures et les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes par deux aiguilles en cuivre repercé et doré ; une troisième aiguille en acier poli-bleui précise les mois de l’année associés à leurs signes zodiacaux respectifs figurés dans une guirlande entrelacée fleurie et feuillagée courant sur la bordure extérieure ; deux cadrans circulaires auxiliaires, excentrés sur les côtés, indiquent pour l’un, les quantièmes du mois, pour l’autre, les jours de la semaine associés à leurs signes astrologiques respectifs, par deux aiguilles « dard » en acier poli-bleui ; un quatrième cadran, situé au-dessus du principal, marque les quatre saisons de l’année représentées sous l’apparence de quatre figures féminines polychromes allégoriques et est surmonté d’un dernier cadran émaillé bleu azur parsemé d’étoiles or indiquant l’âge et les phases de la lune. Le mouvement est renfermé dans une superbe caisse entièrement réalisée en bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni et marbre blanc statuaire dit « de Carrare ». L’amortissement est formé d’un masque d’Apollon rayonnant ; les quatre cadrans principaux, ceinturés d’enfilages de perles, sont fixés sur une platine polylobée, soulignée de branchages de roses, sur laquelle se rattache une guirlande fleurie et feuillagée retenue par trois pastilles ;  les platines avant et arrière sont reliées par des pattes ornées d’urnes enflammées et enserrent la mécanique qui repose sur deux colonnes à cannelures foncées d’asperges à bases moulurées et chapiteaux à piédouches à tores godronnés. De part et d’autre, sont deux autres petites colonnes tronquées, également à cannelures à asperges et bases moulurées, supportant deux statuettes debout représentant pour l’une, une fillette légèrement drapée tenant des épis des blé, pour l’autre, un garçonnet portant une bandoulière. L’ensemble repose sur une base quadrangulaire, à terrasse à jeux de losanges brunis ou amatis, ceinturée de perles en enfilages et supportée par quatre pieds à frises de godrons.

Bien que portant la signature de l’horloger Jean-Baptiste Petit, agissant ici en tant que marchand commercialisant la pendule sur le marché parisien, cette exceptionnelle horloge astronomique peut être sans aucun doute possible rattachée à la production de l’horloger Hubert Martinet, l’un des plus talentueux et énigmatiques artisans français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En effet, il semble que Martinet était propriétaire de ses propres modèles de pendules qu’il commercialisait aussi bien à Paris, qu’à Londres, ce qui permet d’identifier relativement facilement ses réalisations qui semblent s’être limitées à quelques modèles déclinés par l’horloger avec certaines variantes. Le modèle qui nous intéresse semble avoir été l’un de ceux qui rencontra le plus grand engouement auprès des grands amateurs d’horlogerie de luxe à cette époque et que Martinet conçut à quelques rares exemplaires, parmi lesquels nous pouvons citer particulièrement : une première pendule de ce type, conçue pour le marché anglais et portant deux thermomètres, l’un au mercure, l’autre à alcool, qui se trouvait anciennement sur le Marché de l’Art helvétique (illustrée dans D. Roberts, Continental and American Skeleton Clocks, Editions Schiffer, 1989, p.20-21, fig.9) ; un deuxième exemplaire, présentant des cadrans identiques mais de composition générale moins élaborée, est exposée dans le Salon des porcelaines du Musée des Arts décoratifs de Bordeaux (legs de Daniel Astruc en 1953 ; Inv. 53.9.14) ; enfin, une dernière pendule de ce type, également flanquée de deux figures allégoriques, mais en marbre blanc de Carrare, appartient aux collections du Musée des Arts et Métiers à Paris (numéro d’inventaire 01406-0000) ; de hauteur nettement mois importante (31 centimètres), elle présente un dessin général moins abouti, un décor de bronze nettement moins élaboré et porte la signature « Martinet London » sur deux médaillons émaillés sur la platine de façade.

Concernant la signature de l’horloger Petit, elle se justifie par la connaissance de la mention par Geoffroy de Bellaigue d’un acte conservé aux Archives de la Seine près de Paris faisant état de la banqueroute de Martinet le 7 juin 1777 (voir The James A. de Rothschild at Waddesdon Manor, 1974, Volume I, p.141) . Nul doute que ce revers financier temporaire qui affecta Martinet à la fin des années 1770 entraîna la vente ou la cession d’une partie de son stock à certains de ses créanciers auprès de qui Martinet était endetté. Jean-Baptiste Petit eut donc très certainement l’opportunité d’acquérir la pendule que nous proposons à ce moment-là. Sa réalisation était de toute évidence terminée et l’horloger n’eut qu’à confier à un émailleur le soin d’apposer sa signature sur le cadran principal.

Joseph Coteau (1740 - 1801)

Joseph Coteau est le plus célèbre émailleur de son temps et collabora avec la plupart des grands horlogers parisiens de l’époque. Il était né à Genève, ville dans laquelle il devint maître peintre-émailleur de l’Académie de Saint Luc en 1766 ; puis il vint s’installer à Paris quelques années plus tard. A partir de 1772, jusqu’à la fin de sa vie, il est installé rue Poupée. Coteau laissa notamment son nom à une technique précieuse d’émaux en relief qu’il mit au point avec Parpette destinée au décor de certaines pièces de porcelaine de Sèvres et qu’il utilisa par la suite pour le décor des cadrans des pendules les plus précieuses ; décorés de ce décor si caractéristique, mentionnons notamment : une écuelle couverte et son plateau qui appartiennent aux collections du Musée national de la Céramique à Sèvres (Inv. SCC2011-4-2) ; ainsi qu’une paire de vases dits « cannelés à guirlandes » conservée au Musée du Louvre à Paris (parue dans le catalogue de l’exposition Un défi au goût, 50 ans de création à la manufacture royale de Sèvres (1740-1793), Musée du Louvre, Paris, 1997, p.108, catalogue n°61) ; et une aiguière et sa cuvette dites « de la toilette de la comtesse du Nord » exposées au Palais de Pavlovsk à Saint-Pétersbourg (reproduites dans M. Brunet et T. Préaud, Sèvres, Des origines à nos jours, Office du Livre, Fribourg, 1978, p.207, fig.250). Enfin, soulignons, qu’une pendule lyre de l’horloger Courieult en porcelaine bleue de Sèvres, le cadran signé « Coteau » et daté « 1785 », est conservée au Musée national du château de Versailles ; elle semble correspondre à l’exemplaire inventorié en 1787 dans les appartements de Louis XVI au château de Versailles (illustrée dans Y. Gay et A. Lemaire, « Les pendules lyre », in Bulletin de l’Association nationale des collectionneurs et amateurs d’Horlogerie ancienne, automne 1993, n°68, p.32C).



Hubert Martinet

Hubert Martinet est l’un des plus importants artisans parisiens du dernier tiers du XVIIIe siècle. Actif à Paris et à Londres à partir de 1768, il se distingue rapidement par son talent exceptionnel en créant quelques modèles de pendules parmi les plus élaborés de l’époque, notamment plusieurs modèles d’horloges-automates à figures de pachydermes dont un exemplaire spectaculaire, véritable chef-d’œuvre, appartient aux anciennes collections Rothschild à Waddesdon Manor, près de Londres (voir G. de Bellaigue, The James A. de Rothschild at Waddesdon Manor, Londres, 1974). Le fait que l’horloger commerçait ses pendules dans les deux plus importantes capitales européennes du temps suggère de sa part un sens aigu des affaires et une parfaite adaptation de son entreprise au désir des grands amateurs de l’époque. Toutefois, malgré une activité florissante, Martinet semble rencontrer quelques problèmes financiers à la fin des années 1770 et un inventaire de son fonds de commerce est dressé après banqueroute à Paris ; mais l’horloger continuera son activité jusque bien après la Révolution, puisque lors de son divorce au milieu des années 1790, il est toujours considéré comme horloger. Enfin, relevons que, bien plus qu’un simple artisan, Martinet est souvent cité en tant que « marchand-mercier » ou horloger, mais également en tant qu’inventeur et « artiste mécanicien », preuve que la personnalité de ce personnage et son véritable rôle dans le développement des arts décoratifs européens du dernier tiers du XVIIIe siècle reste encore à découvrir véritablement.



Jean-Baptiste Petit

Jean-Baptiste Petit est reçu maître horloger parisien en 1781.



Dans la même catégorie