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Kinable  -  Dubuisson
Dieudonné Kinable (actif vers 1790-1810)
Dubuisson (1731-après 1820)

Exceptionnelle pendule de cheminée en forme de lyre en porcelaine de la Manufacture royale de Sèvres

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Le cadran et le mouvement signé par l’horloger Dieudonné Kinable

Les émaux signés par l’émailleur Dubuisson

Paris, fin de l’époque Louis XVI, vers 1785-1790

Hauteur62 cm Largeur26 cm Profondeur16 cm

Provenance :

Ancienne collection Valentina Cortese (1923-2019).

 

Le cadran circulaire émaillé, signé « Kinable », indique les heures en chiffres romains, les minutes par tranches de quinze en chiffres arabes, le calendrier annuel et les signes du zodiaque par quatre aiguilles, deux en bronze doré ajouré, deux en acier bleui. Le bas du cadran porte également la signature « Dubuisson », sous la 6ème heure, pour Etienne Gobin, dit Dubuisson, l’un des plus célèbres émailleurs parisiens de l’époque, confrère et principal concurrent de Joseph Coteau. Le cadran s’inscrit dans une superbe caisse en forme de lyre en porcelaine rose de Sèvres dite et bronze très finement ciselé et doré. La lunette est ornée d’une frise torsadée entourée d’un anneau-balancier en couronne de perles en bronze doré ; les montants de la lyre sont soulignés de rangs de perles et agrémentés de feuilles et graines de laurier se terminant par deux rosaces d’où s’échappe une guirlande fleurie et feuillagée ; l’amortissement est formé d’un masque rayonnant. L’ensemble repose un piédouche, à rangs de perles ou frise torsadée, rythmé d’une guirlande feuillagée ; enfin, le tout est supporté par une base ovale, à ornements similaires, portée par quatre pieds en boules aplaties.

Le modèle des pendules lyres en porcelaine fut créé à la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres à partir de 1785. Il fut essentiellement décliné en quatre couleurs : bleu turquoise, vert, bleu nouveau et rose et ces pendules exceptionnelles étaient destinées aux plus grands amateurs de l’époque ; Louis XVI possédait notamment dans son Salon des jeux à Versailles une pendule identique en couleur bleu nouveau dont le cadran était signé par l’horloger Courieult (certainement l’exemplaire illustré dans P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p.41).

Mais, c’est surtout l’horloger Kinable, le plus important acheteur de caisses d’horloges de ce type à la manufacture, qui développa le modèle à la fin du règne de Louis XVI. Parmi les pendules « lyres » en porcelaine signées par ce brillant horloger, citons particulièrement : un premier exemplaire conservé au Victoria & Albert Museum à Londres (paru dans H. Ottomeyer et P. Pröschel, Vergoldete Bronzen, Band I, Munich, 1986, p.252, fig.4.6.26) ; ainsi qu’un second qui appartient aux collections royales anglaises (reproduit dans C. Jagger, Royal Clocks, The British Monarchy & its Timekeepers 1300-1900, 1983, p.130, fig.176).

Dieudonné Kinable (actif vers 1790 - 1810)

Dieudonné Kinable figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Installé au n°131 du Palais Royal, il fut notamment l’un des plus importants acheteurs de caisses de pendules en porcelaine de type lyre auprès de la manufacture de Sèvres en faisant l’acquisition de vingt-et-un boîtiers de ce modèle dans différentes couleurs. Il sut également s’entourer des meilleurs collaborateurs, en faisant particulièrement travailler pour les cadrans de ses pendules les célèbres émailleurs Joseph Coteau (1740-1801) et Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815). Sous l’Empire, certaines de ses réalisations sont mentionnées chez les plus grands collectionneurs, notamment chez la duchesse de Fitz-James et chez André Masséna prince d’Essling duc de Rivoli, ancien maréchal de Napoléon.



Dubuisson (1731 - après 1820)

Etienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des plus talentueux émailleurs parisiens du règne de Louis XVI et de l’Empire. Né à Luneville en 1731, il débute sa carrière en tant que peintre en porcelaine à Strasbourg et Chantilly. Puis, il vient s’installer à Paris et travaille à la manufacture royale de porcelaine de Sèvres de 1756 à 1759 en se spécialisant dans le décor des boîtiers de montres et des cadrans de pendules. Dans les années 1790, son atelier est mentionné rue de la Huchette, puis rue de la Calandre vers 1812. Il semble se retirer des affaires au début des années 1820. Il signe généralement ses œuvres « Dubuisson », « Dub » ou parfois « Dubui ». Travaillant avec les meilleurs horlogers de son temps, tels Robert Robin, Kinable et les Lepaute, Dubuisson est le principal confrère et concurrent de Joseph Coteau. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails. Sa production, qui est toujours de très grande qualité, est considérable ; ainsi pour ne citer que quelques rares exemplaires, mentionnons notamment certaines pendules portant sa signature qui sont conservées au Palais de Pavlovsk, près de Saint-Pétersbourg, au musée du Louvre à Paris et dans les collections royales anglaises.



Manufacture Royale de Sèvres

Patronnée par Louis XV et la marquise de Pompadour, la Manufacture de Vincennes voit le jour en 1740 pour concurrencer les créations de la Manufacture de Meissen, se positionnant ainsi comme sa principale rivale européenne, et sera transférée à Sèvres en 1756, devenant la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres. De nos jours toujours en activité, elle connaîtra tout au long de son histoire d’exceptionnelles périodes de création en faisant appel aux meilleurs artistes et artisans français et européens. Rattachée aux souverains et aux empereurs, elle sera la vitrine du savoir-faire français et la plupart des créations sorties de ses ateliers seront destinées à être offertes en cadeaux diplomatiques ou à participer au décor et au faste des nombreux châteaux et palais royaux et impériaux des XVIIIe et XIXe siècles.