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Gouthière
Pierre Gouthière (1732-1813)

Importante pendule de cheminée à cercles tournants renfermée dans un vase en marbre blanc statuaire

L’ornementation en bronze doré attribuée à Pierre Gouthière

Paris, époque Louis XVI, vers 1775-1785

Hauteur39.5 Largeur21

Deux cadrans superposés, ou cercles tournants, composés de cartouches émaillés, indiquent pour le premier, les heures en chiffres romains, pour le second, les minutes en chiffres arabes. Le mouvement est inscrit dans un superbe vase « à l’antique » en marbre blanc statuaire sculpté de larges feuilles et de frises godronnées travaillées en spirales ; les anses carrées et ajourées sont soulignées de motifs de canaux et reposent sur des mufles de lion ;  la panse est ornée de guirlandes de feuilles et graines de laurier dans lesquelles s’entrelace un serpent dont le dard indique l’heure ; enfin, l’amortissement est décoré d’une graine émergeant d’un bouquet feuillagé. Le vase repose sur son piédouche mouluré, ceinturé d’une frise enrubannée de feuilles et graines de laurier, supporté par une base carrée, elle-même posée sur un contre-socle quadrangulaire en bronze doré à réserves unies dans des encadrements amatis.

Au début de la seconde moitié du XVIIIe siècle, nous assistons à un renouvellement des schémas ornementaux qui prévalaient jusqu’alors dans les arts décoratifs parisiens. En effet, suite aux découvertes archéologiques de Pompéi et d’Herculanum, grands amateurs, artistes et artisans, vont progressivement adopter les nouvelles règles du Néoclassicisme. Dans le domaine particulier de l’horlogerie, ce bouleversement va entraîner la création de nouveaux modèles de pendules dits « à cercles tournants », adaptés plus élégamment que les cadrans circulaires à leur nouvel écrin en forme de vases « à l’antique ». Cette nouvelle vogue qui répondait aux attentes des grands collectionneurs atteindra son apogée sous le règne de Louis XVI.

La pendule que nous proposons fut réalisée dans ce contexte et se distingue de la quasi-totalité des autres exemplaires connus, réalisés en bronze doré, par l’association d’un vase en marbre blanc et d’un décor de bronze ciselé et doré dont la finesse d’exécution permet une attribution au ciseleur Pierre Gouthière. Enfin, parmi les rares autres exemplaires répertoriés, réalisés dans le même esprit et employant ces deux mêmes matériaux, citons particulièrement : un premier modèle qui a été vendu aux enchères chez Christie’s, à Londres, le 6 avril 1978, lot 14 ; ainsi qu’un second, les côtés à têtes de bélier et le couvercle du vase orné d’un putto sculpté dans la masse, qui se trouvait anciennement dans la célèbre collection du comte Greffulhe dispersée à Londres en 1937 (vente Sotheby’s, le 23 juillet 1937, lot 38).

Pierre Gouthière (1732 - 1813)

Pierre Gouthière est certainement le plus talentueux ciseleur parisien de son temps. Patronné par le duc d’Aumont, l’un des plus grands collectionneurs de la seconde moitié du XVIIIe siècle, Gouthière obtient en 1767 son brevet de « doreur ordinaire des Menus Plaisirs du Roi », administration royale qui gérait notamment les commandes privées passées par le souverain aux artistes et aux artisans. Cette nomination lui permet d’acquérir une extraordinaire notoriété et de se composer la plus belle clientèle de l’époque uniquement composée d’amateurs d’objets rares et précieux, parmi laquelle figuraient, outre la famille royale et le duc d’Aumont, de grands aristocrates tels que le marquis de Marigny, frère de la marquise de Pompadour, la princesse Kinsky, la comtesse Du Barry, maîtresse du Roi, la duchesse de Mazarin, le duc de Duras, la duchesse de Villeroy…ainsi que de grands financiers, particulièrement Baudard de Saint-James, richissime trésorier général de la marine, et le puissant banquier Thélusson.



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