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Locré  -  Kinable  -  Dubuisson
Dieudonné Kinable (actif vers 1790-1810)
Dubuisson (1731-1815)
Manufacture de Locré (1772-1824)

Exceptionnelle pendule « lyre » fond vert « céladon » et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

Pendule309-04_BD_MAIL

Le mouvement attribué à Dieudonné Kinable

Le cadran signé et daté « Dubuisson 1818 »

Paris, premier quart du XIXe siècle, vers 1815-1820

Hauteur60 cm Largeur26,5 cm Profondeur15 cm

Le cadran circulaire émaillé blanc, souligné de frises de fleurons or et cabochons « à la Coteau », indique les heures en chiffres romains, les graduations des minutes et les quantièmes du mois par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré ; il est signé « Dubuisson » et daté « 1818 », marque de l’atelier Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815), dont l’activité fut très certainement continuée par la veuve de l’émailleur après son décès. Le mouvement s’inscrit dans une superbe caisse en forme de lyre en porcelaine de la manufacture de Locré à fond vert « céladon » et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. La lunette, ornée d’une frise de feuilles et graines, est entourée d’un anneau en couronne d’éléments de strass taillés-facettés en brillants ; les montants de la lyre sont soulignés de baguettes torsadées à rubans et perles et sont agrémentés de branches de laurier émergeant de soleils. La partie haute, sur laquelle est rattaché le balancier bimétallique, est décorée de rosaces turbinées, guirlandes fleuries et feuillagées et d’un masque rayonnant, symbolisant le dieu solaire Apollon. L’ensemble repose sur une base ovalisée ceinturée de baguettes torsadées et frise de raies de cœur et agrémentée de guirlandes fleuries en chute. Enfin, quatre pieds en boules aplaties supportent l’horloge.

Le modèle des pendules « lyre » en porcelaine fut créé à la Manufacture royale de porcelaine de Sèvres à partir du milieu des années 1780. Il fut essentiellement décliné en quatre couleurs : bleu turquoise, vert, rose et bleu nouveau, et ces pendules exceptionnelles étaient destinées aux plus grands amateurs de l’époque ; le roi Louis XVI possédait notamment dans son Salon des jeux à Versailles une pendule lyre en porcelaine bleue dont le cadran était signé par l’horloger Courieult (certainement l’exemplaire illustré dans P. Verlet, Les bronzes dorés français du XVIIIe siècle, Paris, 1999, p.41). Mais, c’est surtout l’horloger Kinable, le plus important acheteur de caisses d’horloges de ce type à la manufacture, qui développa le modèle à la fin du règne de Louis XVI ; c’est notamment lui qui signa le cadran d’une rare pendule en porcelaine bleue turquoise qui est illustrée dans P. Kjellberg, Encyclopédie de la pendule française du Moyen Age au XXe siècle, Paris, 1997, p.230, fig. A. Enfin, soulignons qu’à notre connaissance, une seule autre horloge lyre en porcelaine à fond vert est connue ; réalisée à la Manufacture de Sèvres, elle appartient aux collections du Musée François Duesberg à Mons (illustrée dans Musée François Duesberg, Arts décoratifs 1775-1825, Bruxelles, 2004, p.25).

Toutefois, relevons particulièrement que la pendule que nous proposons est unique. En effet, elle fut réalisée dans le premier quart du XIXe siècle, non pas par la Manufacture de porcelaine de Sèvres, mais par la Manufacture de Locré, à cette époque nommée Maison « Pouyat et Russinger », qui fut l’une des plus importantes manufactures parisiennes des premières décennies du XIXe siècle. Installée rue Fontaine-au-Roi, la manufacture est fondée au début des années 1770 par Jean-Baptiste Locré ; quelques années plus tard, Locré s’associe avec Laurent Russinger qui prend la direction de la manufacture jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Vers 1800, le négociant limousin François Pouyat devient l’associé de Russinger et prend en charge la direction de l’entreprise. Jusqu’en 1810, Pouyat développe fortement l’activité, puis, il vend la manufacture à ses trois fils, qui continuent brillamment la production jusqu’à la Restauration. La Manufacture Pouyat et Russinger s’était fait une spécialité dans une production courante de belle qualité, essentiellement composée de pièces de vaisselle et d’ornements ; parallèlement, elle réalisait, très certainement sur commande, quelques pièces luxueuses de très grande qualité, notamment quelques vases à décor en camaïeu ou en grisaille telle une paire de vases ovoïdes, anciennement dans la collection de Michel Bloit, qui est exposée de nos jours au Musée Adrien Dubouché à Limoges (reproduite dans R. de Plinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Paris XVIIIe-XIXe siècles, Editions Faton, Dijon, 1995, p.403, fig.395) et la pendule lyre que nous proposons, qui semble être le seul exemplaire connu réalisé par cette Manufacture sur le modèle des pendules de la Manufacture de porcelaine de Sèvres.

Dieudonné Kinable (actif vers 1790 - 1810)

Dieudonné Kinable figure parmi les plus importants horlogers parisiens de la fin du XVIIIe siècle. Installé au n°131 du Palais Royal, il fut notamment l’un des plus importants acheteurs de caisses de pendules en porcelaine de type lyre auprès de la manufacture de Sèvres en faisant l’acquisition de vingt-et-un boîtiers de ce modèle dans différentes couleurs. Il sut également s’entourer des meilleurs collaborateurs, en faisant particulièrement travailler pour les cadrans de ses pendules les célèbres émailleurs Joseph Coteau (1740-1801) et Etienne Gobin, dit Dubuisson (1731-1815). Sous l’Empire, certaines de ses réalisations sont mentionnées chez les plus grands collectionneurs, notamment chez la duchesse de Fitz-James et chez André Masséna prince d’Essling duc de Rivoli, ancien maréchal de Napoléon.



Dubuisson (1731 - 1815)

Étienne Gobin, dit Dubuisson, est l’un des meilleurs émailleurs parisiens de la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème. Vers le milieu des années 1750 il travaille à la manufacture de Sèvres, établissant par la suite son propre atelier. Il est mentionné dans les années 1790 dans la rue de la Huchette et vers 1812, dans la rue de la Calandre. Spécialisé dans les boîtes de montres et cadrans émaillées, il est réputé pour son habileté exceptionnelle et la représentation de détails.



Manufacture de Locré (1772 - 1824)

La Manufacture de Locré, en activité de 1772 à 1824, est l’une des plus importantes manufactures parisiennes du dernier tiers du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. Installée rue Fontaine-au-Roi à Paris, la manufacture est fondée au début des années 1770 par Jean-Baptiste Locré ; ce dernier s’associe quelques années plus tard avec Laurent Russinger, porcelainier et sculpteur, qui prend la direction de l’entreprise jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Rapidement, la manufacture se distingue par la qualité exceptionnelle et l’originalité de ses créations et devient l’une des principales concurrentes de la Manufacture royale de Sèvres.



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