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Angevin  -  Thomire

Importante pendule monumentale de cheminée en marbre blanc statuaire dit « de Carrare » et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni

« L’Amour caressant Vénus »

Pendule439-03_HD_WEB

Cadran signé « Angevin à Paris » par l’horloger Angevin

Les bronzes attribués à Pierre-Philippe Thomire

Paris, époque Consulat, vers 1800

Hauteur74 cm Largeur75,5 cm Profondeur20 cm

Le cadran annulaire émaillé blanc de type squelette, signé « Angevin à Paris », indique les heures, les minutes par tranches de quinze et le quantième révolutionnaire par trois aiguilles, dont deux en cuivre repercé et doré. Le mouvement, à sonnerie des heures et des demi-heures, s’inscrit dans une superbe caisse monumentale à figures allégoriques entièrement réalisée en marbre blanc statuaire dit « de Carrare » et bronze très finement ciselé et doré à l’or mat ou à l’or bruni. Le recouvrement est formé d’un superbe groupe représentant Cupidon assis, son carquois à empennages de flèches posé à ses pieds, regardant avec tendresse une jeune femme, les cheveux coiffés en chignon retenu par un bandeau, levant un drapé au-dessus de sa tête et tenant dans sa main droite un bouquet de fleurs symbolisant la promesse des fruits à venir, à ses pieds est posée une ancre ; elle représente la déesse Vénus. Le groupe repose sur des enrochements traités « au naturel » animés de pampres de vigne, touffe d’herbes et chute d’eau, sculptés dans un seul et même bloc de marbre. L’ensemble est supporté par une base rectangulaire à angles arrondis à réserves de panneaux à relief à jeux de fleurons, crosses et palmettes sur les côtés, et, en façade, d’une frise « à l’antique » représentant le char de l’Amour tiré par des nymphes et conduit par l’Espérance tenant une ancre. Le contre-socle, ceinturé d’une frise de feuilles stylisées, est porté par six pieds toupies à décor moleté de frises de perles.

De proportions monumentales, la pendule que nous proposons s’inscrit parmi les créations parisiennes les plus abouties des dernières années du XVIIIe siècle ou des toutes premières années du siècle suivant. La thématique s’inspire directement d’un vers d’Ovide tiré des Métamorphoses relatant les amours de Vénus et d’Adonis : « Un jour l’enfant ailé jouait sur le sein de la déesse » (Ovide, 1806, X, 525). La déesse est figurée ici en tant que Vénus anadyomène, sortie de l’eau, élément symbolisé par l’ancre posée à ses pieds et la chute d’eau sculptée dans le bloc de marbre. L’attribution à Pierre-Philippe Thomire repose sur la qualité exceptionnelle de la ciselure et de la dorure des bronzes ainsi que sur le rapprochement à une pendule très probablement sortie du même atelier achetée pour le service du Tsar Paul Ier qui est conservée de nos jours au Palais de Pavlovsk et qui peut être rattachée à l’œuvre de ce bronzier (illustrée dans A. Kuchumov, Pavlovsk, Palace & Park, Aurora Art Publishers, Leningrad, 1973, p.53).

Enfin, relevons que parmi les rares exemplaires connus de pendules identiques, citons particulièrement un premier modèle prisé 240 francs dans un inventaire après décès à la fin du Consulat : « Une pendule du nom de Hoguet à Paris dans sa boite de marbre blanc ornée de deux figures l’amour qui caresse sa mère dorée en or mat » ; ainsi qu’un second qui appartient à la collection Parnassia (reproduite dans J-D. Augarde, Une odyssée en pendules, Chefs-d’œuvre de la Collection Parnassia, Editions Faton, Dijon, 2022, p.64-65, catalogue n°7) ; l’auteur illustre une gravure anonyme datée de 1803 tirée de la Collection des meubles et objets de goût de Pierre de la Mésangère qui figure une pendule de même composition mais moins grande et entièrement en bronze, gravure conservée au Musée Carnavalet à Paris.

Pierre-Philippe Thomire (1757 - 1843)

Pierre-Philippe Thomire est le plus important bronzier parisien du dernier quart du XVIIIe siècle et des premières décennies du siècle suivant. À ses débuts, il travaille pour Pierre Gouthière, ciseleur-fondeur du roi, puis collabore dès le milieu des années 1770 avec Louis Prieur. Il devient ensuite l’un des bronziers attitrés de la manufacture royale de Sèvres, travaillant au décor de bronze de la plupart des grandes créations du temps. Après la Révolution, il rachète le fonds de commerce de Martin-Eloi Lignereux et devient le plus grand pourvoyeur de bronzes d’ameublement pour les châteaux et palais impériaux. Parallèlement, il travaille pour une riche clientèle privée française et étrangère parmi laquelle figure notamment quelques maréchaux de Napoléon. Enfin, il se retire des affaires en 1823.



Angevin

Mentionné rue Saint-Martin en 1806, rue de Bondy en 1812, rue Melay en 1820, puis, rue de Saintonge en 1820, l’horloger parisien Angevin connut une grande notoriété sous l’Empire et au début de la Restauration (voir Tardy, Dictionnaire des horlogers français, Paris, 1971, p.9). Dans les premières décennies du XIXe siècle certaines de ses pendules sont décrites dans les inventaires après décès d’importants collectionneurs de l’époque, notamment au moment des décès de la femme de Pierre-François Jean du Cluzel marquis de Montpipeau, de Pierre-Antoine Forié, puissant Administrateur des Postes, de la femme d’Auguste-Louis-Gabriel Sophie comte de Montaigu, d’Emilie de Beauharnais femme d’Antoine-Armand comte de Lavalette, de Louis-Marie-Auguste-Xavier comte de Léautaud-Donine et au moment du décès de Louise-Félicité-Victoire d’Aumont duchesse de Mazarin veuve du Prince de Monaco.